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La scène est à Paris, dans le salon de Célimène.

1 On appelait alors Mademoiselle, les bourgeoises, même mariées, dont le mari n'exerçait pas une charge réputée noble.

2 On appelait ainsi un corps de gens à cheval, qui était établi pour la sureté publique, et qu'on a remplacé par la gendarmerie (mounted police).

ACTE I.

ARGUMENT.

IN the opening scene, Alceste is rating his friend Philinte for his profuse protestations of friendship towards a comparative stranger. The altercation which ensues strikes the keynote of the whole play, bringing out in bold relief the strong contrast of temper between two of the principal characters-the irritable, tetchy, but withal thoroughly honest Alceste, outspoken to a fault, and the easy-going, good-humoured, but unquestionably less candid Philinte.

Alceste has a lawsuit. His friend advises him not to rely too much on the justice of his cause, but to endeavour to win the goodwill of the judge-a method of procedure sanctioned by the customs of those times. Alceste will do nothing of the kind; the loss of his just cause will, no doubt, affect his pocket, but then it will also add fuel to his wrath against all mankind.

Alceste has another and greater subject for anxiety-he is in love. Twitted with having set his affections on a coquette, the very incarnation of those vices and follies which he so unsparingly denounces in others, he admits his inconsistency, but then "la raison n'est pas ce qui règle l'amour."

A third trouble is in store for Alceste. A gentleman of rank, Oronte, is ushered in, and at once overwhelms him with ostentatious demonstrations of undying friendship. Alceste, of course, is not to be so easily coaxed, nor does he feel at all disposed to give his opinion on a sonnet which Oronte has composed, and insists on reading to him. Seeing, however, that Oronte will take no denial, he tells him, at first in covert terms, but finally with the most unmistakable plainness, that his sonnet is good for the waste-paper basket. By way of showing what he considers to be genuine poetical inspiration, he recites an old-fashioned love-ditty, to the utter disgust of Oronte, who withdraws with ominous threats.

SCÈNE I-PHILINTE, ALCESTE.

Phil. Qu'est-ce donc ? Qu'avez-vous ?

Al., assis.

E

B

Laissez-moi, je vous prie.

Phil. Mais encor, dites-moi quelle bizarrerie.
Al. Laissez-moi là, vous dis-je, et courez vous cacher.
Phil. Mais on entend les gens au moins sans se fâcher.
Al. Moi, je veux me fâcher, et ne veux point entendre.
Phil. Dans vos brusques chagrins je ne puis vous
comprendre,

Et, quoique amis enfin, je suis tout des premiers.

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Al. se levant brusquement. Moi, votre ami? Rayez cela de vos papiers.

J'ai fait jusques ici profession de l'être ;

Mais, après ce qu'en vous je viens de voir paraître
Je vous déclare net que je ne le suis plus,

Et ne veux nulle place en des cœurs corrompus.

ΤΟ

Phil. Je suis donc bien coupable, Alceste, à votre compte?

Al. Allez, vous devriez mourir de pure honte; Une telle action ne saurait s'excuser,

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Et tout homme d'honneur s'en doit scandaliser.
Je vous vois accabler un homme de caresses,

Et témoigner pour lui les dernières tendresses;
De protestations, d'offres et de sermens,

Vous chargez la fureur de vos embrassemens;

Et, quand je vous demande après quel est cet homme,
A peine pouvez-vous dire comme il se nomme;
Votre chaleur pour lui tombe en vous séparant,
Et vous me le traitez, à moi, d'indifférent.
Morbleu! c'est une chose indigne, lâche, infâme,
De s'abaisser ainsi, jusqu'à trahir son âme ;
Et si, par un malheur, j'en avais fait autant,
Je m'irais, de regret, pendre tout à l'instant.

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Phil. Je ne vois pas, pour moi, que le cas soit pendable;

Et je vous supplierai d'avoir pour agréable
Que je me fasse un peu grâce sur votre arrêt,

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Et ne me pende pas pour cela, s'il vous plaît.
Al. Que la plaisanterie est de mauvaise grâce!

Phil. Mais sérieusement, que voulez-vous qu'on fasse ?

Al. Je veux qu'on soit sincère, et qu'en homme d'honneur,

On ne lâche aucun mot qui ne parte du cœur.

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Phil. Lorsqu'un homme vous vient embrasser avec joie, Il faut bien le payer de la même monnoie, Répondre, comme on peut, à ses empressements, Et rendre offre pour offre, et serments pour serments. Al. Non, je ne puis souffrir cette lâche méthode Qu'affectent la plupart de vos gens à la mode; Et je ne hais rien tant que les contorsions De tous ces grands faiseurs de protestations, Ces affables donneurs d'embrassades frivoles, Ces obligeants diseurs d'inutiles paroles, Qui de civilités avec tous font combat,

Et traitent du même air l'honnête homme et le fat.

Quel avantage a-t-on qu'un homme vous caresse,
Vous jure amitié, foi, zèle, estime, tendresse,
Et vous fasse de vous un éloge éclatant,

Lorsqu'au premier faquin il court en faire autant?
Non, non, il n'est point d'âme un peu bien située,
Qui veuille d'une estime ainsi prostituée,
Et la plus glorieuse a des régals peu chers,
Dès qu'on voit qu'on nous mêle avec tout l'univers ;
Sur quelque préférence une estime se fonde,
Et c'est n'estimer rien qu'estimer tout le monde.
Puisque vous y donnez, dans ces vices du temps,
Morbleu vous n'êtes pas pour être de mes gens ;
Je refuse d'un cœur la vaste complaisance
Qui ne fait de mérite aucune différence ;

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Je veux qu'on me distingue, et, pour le trancher net,
L'ami du genre humain n'est point du tout mon fait.
Phil. Mais, quand on est du monde, il faut bien que
l'on rende

Quelques dehors civils que l'usage demande.

Al. Non, vous dis-je, on devrait châtier sans pitié Ce commerce honteux de semblants d'amitié.

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