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Et ce n'est pas à vous que je pourrai songer,

Si, par un autre choix, je cherche à me venger.

1725

Ar. Hé! croyez-vous, monsieur, qu'on ait cette pensée,
Et que de vous avoir on soit tant empressée ?
Je vous trouve un esprit bien plein de vanité,
Si de cette créance il peut s'être flatté.
Le rebut de madame est une marchandise
Dont on aurait grand tort d'être si fort éprise.
Détrompez-vous, de grâce, et portez-le moins haut:
Ce ne sont pas des gens comme moi qu'il vous faut.
Vous ferez bien encor de sourire pour elle,
Et je brûle de voir une union si belle.

Sigh

long

1730

SCÈNE VII.-CÉLIMÈNE, ÉLIANTE, ALCESTE,

PHILINTE.

Al. à Cél. Hé bien! je me suis tu, malgré ce que je voi,

Et j'ai laissé parler tout le monde avant moi.
Ai-je pris sur moi-même un assez long empire?
Et puis-je maintenant.

C'él.

1735

Oui, vous pouvez tout dire ;

Vous en êtes en droit, lorsque vous vous plaindrez,

Et de me reprocher tout ce que vous voudrez.
J'ai tort, je le confesse; et mon âme confuse
Ne cherche à vous payer d'aucune vaine excuse.
J'ai des autres ici méprisé le courroux ;

Mais je tombe d'accord de mon crime envers vous.
Votre ressentiment sans doute est raisonnable:
Je sais combien je dois vous paraître coupable,
Que toute chose dit que j'ai pu vous trahir,
Et qu'enfin vous avez sujet de me haïr.

Faites-le, j'y consens.

Al.

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Hé! le puis-je, traîtresse ?

Puis-je ainsi triompher de toute ma tendresse ?

1740

bate

1745

Et, quoique avec ardeur je veuille vous haïr,
Trouvé-je un cœur en moi tout prêt à m'obéir?
(A Eliante et à Philinte.)

Vous voyez ce que peut une indigne tendresse,
Et je vous fais tous deux témoins de ma faiblesse.
Mais à vous dire vrai, ce n'est pas encor tout,
Et vous allez me voir la pousser jusqu'au bout,
Montrer que c'est à tort que sages on nous nomme,
Et que dans tous les cœurs il est toujours de l'homme.
(A Célimène.)

Oui, je veux bien, perfide, oublier vos forfaits.

J'en saurai, dans mon âme, excuser tous les traits,
Et me les couvrirai du nom d'une faiblesse
Où le vice du temps porte votre jeunesse,
Pourvu que votre cœur veuille donner les mains
Au dessein que j'ai fait de fuir tous les humains,
Et que dans mon désert, où j'ai fait vœu de vivre,
Vous soyez, sans tarder, résolue à me suivre.
C'est par là seulement que, dans tous les esprits,
Vous pouvez réparer le mal de vos écrits,
Et qu'après cet éclat qu'un noble cœur abhorre,
Il peut m'être permis de vous aimer encore.

Cél. Moi, renoncer au monde avant que de vieillir,
Et dans votre désert aller m'ensevelir! bu

1750

1755

1760

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1765

1770

Al. Et s'il faut qu'à mes feux votre flamme réponde,
Que vous doit importer tout le reste du monde ?
Vos désirs avec moi ne sont-ils pas contents?

Cél. La solitude effraye une âme de vingt ans.
Je ne sens pas la mienne assez grande, assez forte,
Pour me résoudre à prendre un dessein de la sorte.
Si le don de ma main peut contenter vos vœux,
Je pourrai me résoudre à serrer de tels nœuds;
Et l'hymen.

1775

Al. Non. Mon cœur à présent vous déteste, Et ce refus lui seul, fait plus que tout le reste. Puisque vous n'êtes point, en des liens si doux,

F

1780

Pour trouver tout en moi, comme moi tout en vous,
Allez, je vous refuse; et ce sensible outrage
De vos indignes fers pour jamais me dégage.
Insult

SCÈNE VIII.-ÉLIANTE, ALCESTE, PHILINTE.

1786

Al., à Él. Madame, cent vertus ornent votre beauté, Et je n'ai vu qu'en vous de la sincérité; De vous, depuis longtemps, je fais un cas extrême; Mais laissez-moi toujours vous estimer de même ; Et souffrez que mon cœur, dans ses troubles divers, Ne se présente point à l'honneur de vos fers lot Je m'en sens trop indigne, et commence à connaître Que le ciel pour ce nœud ne m'avait point fait naître ; hoppy Que ce serait pour vous un hommage trop bas,

Que le rebut d'un cœur qui ne vous valait pas;

Et qu'enfin.
El.

1790

Vous pouvez suivre cette pensée : 1795

Ma main de se donner n'est pas embarrassée,
Et voilà votre ami, sans trop m'inquiéter,

Qui, si je l'en priais, la pourrait accepter.

Phil. Ah! cet honneur, madame, est toute mon envie, Et j'y sacrifierais et mon sang et ma vie.

1800

escape

Al. Puissiez-vous, pour goûter de vrais contentements,
L'un pour l'autre à jamais garder ces sentiments!
Trahi de toutes parts, accablé d'injustices, ausbed
Je vais sortir d'un gouffre où triomphent les vices,
Et chercher, sur la terre, un endroit écarté
Où d'être homme d'honneur on ait la liberté.
Phil. Allons, madame, allons employer toute chose
Pour rompre le dessein que son cœur se propose.

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from

1805

agulf

desert plus

For a short Glossary of archaisms, and a systematic summary of the chief difficulties of construction, together with an Index of words, see p. 109.

A Grammar and Glossary of the French Language in the 17th Century, to accompany the whole series, and in which archaisins, peculiarities of idiom and construction, will be treated more at length, is in preparation.

The references are to

NOTES.

Macmillan's Progressive French Course, 3d Year (M. F. C.)
Eugène's Comparative French Grammar (Eug.)

Eve and Baudiss' French Grammar (Eve).

The figures refer to the sections.

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1. Qu'avez-vous? idiomatic turn for-what is the matter with you? what ails you?

2. encor, for the sake of metre, instead of 'encore,' which is of three syllables before a noun beginning with a consonant.

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Thus

4. on entend. au moins; notice this peculiar use of the indicat. for the imperative or an auxil. v. of mood: you might, at any rate, listen to. 'On ne badine pas avec l'amour' (A. de Musset), there is no trifling with love. 'On n'entre pas,' no admittance. For the use of on see Gloss. ; cp. also M. F. C., 52; Eug., 237; Eve, 105.

6. brusques chagrins, passionate outbursts, sudden fits of anger.

7. tout, here adv. ; 'tout des premiers,' one of the very first. 8. rayer; (1) lit. to streak (fr. Lat. radiare, fr. radius, ray, streak, of light); hence (2) to streak, to run a line (the pen) through; to cancel, as here. Rayez cela de vos papiers, discard that notion. Thus 'être mal dans les papiers de qqn.,' to be in a person's bad books.

10. voir paraître, to discover.

Line

11. déclarer net, adj. used adverbially; as we say-parler clair, tenir ferme, etc.; cp. the Engl. 'to talk big.' 14. de pure honte; 'pure' here in the sense of unmixed, i.e. mere, sheer.

15. ne saurait s'excuser; (1) 'savoir' is often used negat. in the conditional, for the pres. of pouvoir,' with the omission of 'pas.' (2) s'excuser, like so many other reflex. v., is best rendered by the passive in English; cp. s'appeler to be called; se vendre = to be sold, etc.; cp. also 1. 16.

16. s'en doit scandaliser, instead of 'doit s'en scandaliser'; see Gloss., 4 (b), and note to 1. 15.

18. dernières, here, as often, in the superlative sense of utmost, extreme, used either in a good or bad sense; thus, 'être du dernier bien avec qqn.,' to be on the best terms with some one; an expression due to the 'Précieuses'; see Femmes Savantes, 1. 937; so also -'c'est du dernier bien,' 1. 603; 'du dernier galant.'

20. charger, here to overwhelm, to aggravate.

la fureur de vos embrassements, i.e. 'vos furieux embrassements;' abstract noun used adjectively. 22. pouvez-vous; this inversion of verb and subj. after à peine, encore, aussi, au moins, peut-être, may be traced back to the influence of the German-speaking invaders on Old French at the period of its formation. See M. F. C., 122 (a).

comme, for comment, which in M.'s time were synonymous terms; see Gloss.

23. chaleur, here fig., fervid friendship.

tomber, here fig., to cool.

24. traiter de, not to treat as-which is: traiter en-but to speak of, to call (names).

à moi, disj. pers. pr., here used to emphasise the conj. pers. pron. 'me.

indifférent, here subst., a stranger.

This ostentatious way of showing one's friendship was quite in accordance with the court etiquette of those times, and of course, aped by all fashionable people. Cp. La Bruyère, Caractères- "Théognis embrasse un homme qu'il trouve sous sa main; il lui presse la tête contre sa poitrine, il demande ensuite qui est celui qu'il a embrassé."

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