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ribles malgré leur petitesse. Les observateurs les plus modernes ont reconnu que le Gasterophilus equi, l'Estrus ovis, l'Estrus tarandi, le Gasterophilus hemorroïdalis, ne percent point la peau des animaux qu'ils attaquent, mais que seulement ils fixent leurs œufs sur une partie du corps de ces animaux. Le Gasterophilus hemorroidalis choisit pour cette opération les lèvres du cheval, ce qui cause une souffrance insupportable à ce dernier. Il n'y échappe qu'en se jetant dans l'eau où jamais le Gasterophilus ne le poursuit.

Soit que la mouche éclose dans l'intérieur de la cavité qui se forme entre cuir et chair, ou qu'elle se fraie un passage après être éclose et se cache dans cet asile pratiqué par elle, on la trouve chaudement et confortablement logée dans une cellule protubérante sur le dos de l'animal; j'ai vu jusqu'à trente ou quarante de ces protubérances sur une seule vache; chacune d'elles occupée par un œuf et lui servant de retraite, de berceau, de grenier d'abondance.

Ce n'est encore là qu'une faible partie des merveilles offertes par le monde des insectes, monde microscopique et infini, monde dont les détails les plus vulgaires ou les traits les plus imperceptibles portent un cachet d'ordre systématique, de précision admirable, de sagacité prévoyante, que le doigt de Dieu peut seul imprimer.

Library of entertaining Knowledge.

Histoire.

HISTOIRE DE L'EUROPE AU XVI• SIÈCLE,

Par M. Filon, professeur à l'école Normale.

Etat des colonies sous les Espagnols. Mortalité des indigènes.

testation des missionnaires.

sas.

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Montésino. Barthélemy de Las Ca

Ses efforts contre le vice-roi, en faveur des Indiens. — Ori¬ gine des transports des nègres en Amérique. — Projet d'un établissement chrétien.

L'ouvrage que nous annonçons ici est un de ceux qui, sans être exempts de ces préjugés, qui trop long-tems ont égaré les savans et les philosophes, appartiennent cependant à cette nouvelle école, qui, dans ses recherches et ses études, met la vérité au-dessus de tout, peut bien se tromper quelquefois, mais ne trompe pas par esprit de système irréligieux arrêté d'avance et sciemment calculé. Nous n'en rendrons pas un comple détaillé, car à l'occasion des ouvrages de M. Michelet, et ailleurs, nous avons déjà traité fort au long plusieurs des questions qui y sont exposées. Nous nous contenterons d'en extraire un passage très-remarquable, où l'auteur parle des efforts tentés par le christianisme, pour soustraire les Indiens au joug despotique et à la dure cupidité des premiers conquérans espagnols. Grâce à Dieu, voilà encore un point sur lequel les historiens philosophes du dernier siècle, et en particulier le fameux abbé Raynal, sont convaincus d'avoir écrit des mensonges. Voici ce curieux passage':

« A la mort de Christophe Colomb, Saint-Domingue était toujours le centre de la puissance espagnole dans le NouveauMonde, et Ovando continuait d'en être le gouverneur. Il fonda plusieurs villes dans Espagnola, capitale de l'île, et y attira des habitans par la concession de divers priviléges. Il forma de vas

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tes plantations de cannes à sucre, et donna une impulsion nouvelle à l'exploitation des mines. Pendant plusieurs années, l'or quisortait des fonderies royales d'Espagnola valait 460,000 pesos, c'est-à-dire environ 2,400,000 livres tournois. Ovando traitait les Espagnols avec justice, les Indiens avec inhumanité. La reine Isabelle étant morte, on oublia les ordonnances qu'elle avait rendues en faveur de ses pauvres Indiens, comme elle les appelait. Le gouverneur les réduisit de nouveau en esclavage, et rétablit les repartimientos (partage des esclaves entre les Espagnols).

Il est vrai que, pendant le peu de tems qu'ils avaient été libres, les habitans d'Espagnola étaient retournés à leur indolence naturelle; ils regardaient l'inaction comme la félicité suprême, et aucune promesse n'avait pu vaincre leur apathie. Quand le travail, et un travail excessif, leur fut imposé par la force, leur faible constitution n'y résista point : les uns se tuaient de désespoir, les autres mouraient d'épuisement. Les détails que donne Las Casas, dans son ouvrage de la destruction des Indiens, soulèvent le cœur d'indignation. Il y en a sans doute plusieurs d'exagérés; car l'évêque de Chiapa prête à ses compatriotes de telles barbaries qu'il faudrait, pour y croire, supposer la colonie entière atteinte d'aliénation mentale. Mais, supposé que Las Casas en dise dix fois de trop, il reste encore de quoi être saisi d'horreur.

» La population indienne d'Haïti diminua bientôt avec une extrême rapidité. En 1492, à l'arrivée de Christophe Colomb, il y avait dans l'île au moins un million d'habitans. En 1507, il n'y ́en avait plus que 60 mille. La dépopulation s'étendit bientôt dans les îles Lucayes, dont les habitans étaient transportés à Espagnola, et dans l'île de Porto-Ricco, où Jean Ponce de Léon fonda une colonie, en 1508....

» Deux ans après la mort de Colomb, ses derniers vœux, consignés dans son testament, furent enfin exaucés : son fils Diégo réclama devant le conseil des Indes, et ce tribunal lui donna raison contre le roi. Ovando fut révoqué en 1508, et don Diego envoyé à sa place à Espagnola, mais seulement avec le titre de gouverneur, et non avec celui de vice-roi, auquel il avait droit de prétendre. La colonie acquit un nouvel éclat par le nombre des personnes distinguées qui accompagnèrent Diego; mais les repartimientos n'en continuèrent que mieux. Les Indiens

furent employés à aller chercher au fond de la mer les huîtres qui produisaient les perles sur les côtes de Cubagua. De là des fortunes considérables parmi les Espagnols; mais les artisans de ces grandes fortunes mouraient par milliers. Les Indiens, condamnés à ce travail, plongeaient dans la mer, depuis le matin jusqu'au soir; un Espagnol était là, dans un canot, chargé de les surveiller. Si l'un d'entr'eux restait trop long-tems à respirer au-dessus de l'eau, l'Espagnol l'y repoussait aussitôt à coups de fouet ou de bâton.

» La religion chrétienne protesta au nom de ces malheureux. Un missionnaire dominicain, Montesino, éleva le premier la voix, en 1511, dans la grande église de Saint-Domingue. Accusé par les officiers royaux, il repassa la mer, se justifia auprès de Ferdinand, et fit rendre en faveur des Indiens quelques ordonnances qui ne furent point exécutées. La tyrannie espagnole fut encore plus cruelle après le départ de Diego Colomb, quand Rodrigue d'Albuquerque fut chargé du partage des Indiens. Des 60,000 naturels qui restaient encore à Espagnola en 1507, il n'y en avait plus que 14,000 en 1516.

» Alors parut dans le Nouveau-Monde un homme qui devait consacrer toute sa vie à la défense du faible contre le fort, Barthelemy de Las Casas. Il était né à Séville en 1474, d'une famille d'origine française. Son père, Antoine de Las Casas, avait suivi Christophe Colomb dans son second voyage, en 1493, et il était revenu très-riche à Séville, en 1498.

Barthelemy accompagna Ovando à Espagnola en 1502, et là, témoin de la misère des Indiens, il résolut de leur porter appui. En même tems qu'il travaillait à convertir ces malheureux, il s'efforçait de ramener leurs tyrans à la morale de l'Evangile. Il regardait les Indiens comme ses frères, et, confirmant sa doctrine par son exemple, il refusa sa part d'esclaves quand les repartimientos furent rétablis. Lorsque le mal fut parvenu à son comble, il seconda courageusement les Dominicains, et tenta de s'opposer à la tyrannie d'Albuquerque; mais ne pouvant rien obtenir, il retourna en Espagne et parvint jusqu'au roi. Il lui peignit, avec une énergique éloquence, la misère de ce qui restait d'Indiens; il lui reprocha comme une impiété la destruction d'nne race que la Providence lui avait donnée à instruire. Ferdinand, qui touchait au tombeau, écouta le prê

tre avec les marques d'un profond repentir. Il cherchait à réparer tout le mal qu'il avait laissé faire, lorsqu'il mourut.

Charles d'Autriche, qui n'était point encore l'empereur Charles-Quint, résidait dans les Pays-Bas. Las Casas, n'écoutant que son ardeur, se préparait à partir pour la Flandre, quand le cardinal Ximénès, régent de Castille depuis la mort de Ferdinand, prêta l'oreille au défenseur des Indiens. Ximénès aimait les plans nouveaux et inattendus: sans s'arrêter aux droits que don Diego Colomb prétendait tenir de sa naissance, ni aux règles établies par le feu roi, il envoya en Amérique trois surintendans des colonies pour décider en dernier ressort la question de l'esclavage. C'étaient trois moines de l'ordre de Saint-Jérôme, auxquels fut associé Zuaco, jurisconsulte distingué.

» La question était grave: il s'agissait de savoir si l'Europe reconnaîtrait quelque droit aux peuples nouveaux qu'elle commençait à conquérir, ou si elle allait fonder sur l'autre continent la servitude que le Christ était venu briser dans le nôtre quinze siècles auparavant. Les trois moines Hieronymites devaient être juges, et, devant ce tribunal, les deux parties étaient représentées, l'une par Zuaco, l'autre par Las Casas. Le jurisconsulte représentait le droit acquis, le droit qui résulte du fait, c'est-à-dire, les intérêts matériels et politiques. Le théologien représentait le droit antérieur et supérieur au fait, le droit qui proteste contre la force; et, dans un siècle où l'Eglise attaquée de toutes parts, allait subir des tentatives de réforme, Las Casas était du petit nombre des hommes qui étaient restés fidèles à l'esprit véritable de la loi chrétienne.

» La commission prit un terme moyen. Après un mûr examen, elle se convainquit que les Espagnols établis en Amérique étaient en trop petit nombre pour suffire à l'exploitation des mines, à la culture des terres. En conséquence, elle ne crut pas pouvoir abolir l'esclavage des Indiens, mais elle s'efforça d'en restreindre les effets; elle fit des réglemens doux et humains, et ajouta aux réglemens l'exemple et les exhortations. Zuaco, sans abandonner les intérêts de la métropole et des colons, fit d'utiles réformes dans la justice et dans la police.

>> Las Casas ne fut point satisfait, il ne pouvait pas l'être; esprit inflexible et exclusivement religieux, il prétendait que les

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