Images de page
PDF
ePub

puisaient dans les Evangiles et les Epitres des argumens contre le Christianisme; mais ils ne se sont jamais avisés de prétendre que ces livres ne fussent pas l'ouvrage des Evangélistes et des Apôtres. Cependant il suffisait de prouver un tel fait pour por ter un coup mortel à la nouvelle religion. Aussi le silence de ces docteurs de l'incrédulité est-il une des plus fortes preuves qu'on puisse alléguer en faveur de l'authenticité du NouveauTestament. Les diverses parties de ce code sacré ont entre elles une liaison intime. Les Actes des Apôtres contiennent une partie de ce qu'il y a d'essentiel dans les Evangiles; et les Epîtres sont en général inintelligibles, si on n'admet pas les principaux faits contenus dans les Evangiles et dans les Actes. Or, qui oserait nier l'authenticité des Epîtres? Par quel moyen espérerait-on prouver qu'elles sont apocryphes? Dira-t-on qu'elles n'ont jamais été envoyées à ceux à qui elles sont adressées ? mais alors comment expliquer l'étrange illusion des habitans de Rome, de Corinthe, d'Ephèse, de Thessalonique? Veut-on qu'elles soient l'ouvrage d'un faussaire ? mais elles renferment souvent la réponse à des questions qui avaient été proposées aux Apôtres eux-mêmes sur des points de morale et de discipline. D'ailleurs qu'on lişe attentivement, non-seulement les Epîtres, mais encore les Actes et les quatre Evangiles, «on n'y trouvera riem qui >> ne soit parfaitement conforme aux circonstances personnelles » ou locales, ou à celles de l'époque. On voit au contraire l'his>>toire du Nouveau-Testament liée, en beaucoup d'endroits, à » l'histoire civile, et partout, cadrant exactement avec elle; on » y voit un grand nombre de faits particularisés, et tous les détails » se rapportant aux lois, au gouvernement, à la religion, soit › des Juifs, soit des autres peuples : nulle part on ue rencontre » la plus légère dissonnance.... Si le Nouveau-Testament n'était >pas authentiquc...., le faussaire aurait réussi en employant le » meilleur moyen d'échouer; tant de particularités, tant d'indi»cations de personnes, de lieux, de circonstances, tant de dis» cours pleins d'allusions diverses, en un mot, tant de détails de » toute espèce, évidemment incompatibles avec le succès de la » fraude. »

[ocr errors]

Si la force des preuves doit être proportionnée à l'importance des questions, il y a peu de faits qui méritent d'être plus soli

[ocr errors]

D

dement établis que les faits contenus dans les livres du NouveauTestament. On ne trouvera certainement pas que M. Delauro se soit montré trop facile. Voici les conditions de certitude qu'il exige: 1° que ces faits soient attestés par plusieurs historiens, ⚫témoins oculaires, ou contemporains; 2° que ces historiens » soient tous ingénus, justement présumés vrais, qu'on ait la plus solide assurance morale qu'ils n'ont été ni trompés ni trompeurs; que leur langage soit simple, mais férme; que les récits de l'un soient, dans la rigueur du sens, l'expression fidèle de la pensée des autres; 3° que ces faits soient publics Det très-intéressans publics, parce qu'un fait livré au grand » jour est soumis à l'examen de témoins nombreux; très-inté»ressans, parce qu'on approfondit mieux ce qui produit une ⚫ impression vive et forte, que ce qui paraît indifférent; 4° que » ces mêmes faits soient étroitement liés avec d'autres faits in» contestables, qui ne peuvent devoir leur naissance qu'aux » premiers; 5. enfin, que la vérité de ces mêmes faits ait été » avouée, dès le commencement, par les hommes les plus in» téressés à la nier. Telles sont les circonstances qui garantissent la réalité des faits rapportés dans le Nouveau-Testament. Y a-t-il, dans l'histoire ancienne, un seul événement, même de la plus haute portée, qui réunisse en sa faveur tous ces élémens de certitude? Les premiers adversaires du Christianisme l'avaient bien senti. Si les faits qui lui servent de fondement eussent été controuvés, ils n'auraient pas manqué de crier à l'im→ posture, et leur témoignage aurait un grand poids aujourd'hui, puisqu'ils étaient à-peu-près contemporains des apôtres. Mais loin de là ! ils ont reconnu la vérité des faits, et dans l'impossibilité de les nier, ils ont refusé d'en voir la véritable cause. Les incrédules modernes suivent une méthode contraire : tout en avouant que les actes de Jésus-Christ et de ses disciples auraient été miraculeux s'ils avaient été conformes au récit des livres saints, ils veulent faire considérer ces livres comme un tissu de mensonges. Cette absurde impiété, si souvent refutée et tonjours reproduite, ne saurait tenir contre la lumineuse et métho dique discussion de M. Delauro. Tout lecteur de bonne foi sera forcé de convenir que les faits évangéliques sont démontrés, et que parmi toutes les histoires, même les mieux établies et

les plus accréditées, celle du Nouveau-Testament est encore la plus certaine et la plus évidemment incontestabie.

Après avoir prouvé l'authenticité des livres saints, après avoir démontré la vérité des faits qu'ils renferment, M. Delauro puise dans ces faits les preuves de la divine mission de Jésus-Christ. Il les partage en trois classes: faits qui ont prcédé la venue du Messie, faits qui ont accompagné sa mission, faits qui lui sont postérieurs. Nous ne suivrons pas l'auteur dans le développement de ces trois ordres de preuves. On sent qu'il a déjà rempli la partie la plus importante de sa tâche en mettant hors de doute l'authenticité des saints livres, et la vérité des faits qu'ils renferment. Il ne s'agit plus maintenant que de tirer les conséquences de ces faits, et c'est chose facile. L'accomplissement, dans la personne du Sauveur, de toutes les prophéties qui avaient annoncé le Fils de Dieu, le caractère de la divinité évidemment empreint dans toutes les œuvres de Jésus-Christ sur la terre, ce caractère constamment reproduit dans toutes les circonstances de la mission des Apôtres, sont autant de démonstrations péremptoires de la divinité du Catholicisme et de son auteur. Pour compléter son œuvre, M. Delauro avait à montrer que l'autorité dont se prévaut l'Eglise catholique n'était pas une vaine prétention, et que la religion, fondée par le Sauveur du monde, se maintient encore aujourd'hui à l'ombre d'un pouvoir auguste institué par Dieu même, et soutenu par sa main toute-puissante.

D

III. De l'Eglise.

« Allez, dit Jésus-Christ à ses Apôtres, enseignez toutes les nations, les baptisant au nom du Père, et du Fils, et du Saint-Esprit ; leur enseignant à garder tout ce » que je vous ai confié, et voilà que je suis avec vous tous les » jours jusqu'à la consommation des siècles. Ces paroles du divin fondateur de notre religion, étaient pour l'Eglise la garantie d'une permanence qui n'est jamais le partage d'une institution purement humaine. D'un autre côté, Jésus-Christ a prédit que son Eglise serait persécutée par les puissances du monde, déchirée par les schismes et les hérésies, troublée jusqu'à la fin par les vices et les scandales. Depuis dix-huit siècles, cette double prédiction s'accomplit aux yeux de l'univers; depuis dix-huit siècles, le Christianisme a résisté à tout, à la paix, à la guerre»

aux échafauds, aux triomphes, aux poignards, aux délices, à l'orgueil, à l'humiliation, à la pauvreté, à l'opulence, à la barbarie, à la diffusion des lumières. La prospérité incessante de l'Eglise, au milieu de tant de causes toujours renaissantes de dissolution et de ruine, est un miracle permanent, qui proclame hautement la divinité de cette institution sublime, une garantie non équivoque de l'éternelle durée que lui a prédite son divin fondateur.

Mais cette nouvelle preuve de la mission de Jésus-Christ, n'est point la seule conséquence à tirer de l'organisation forte et inébranlable de l'Église. Dieu ayant révélé le Christianisme a dû nécessairement donner à l'homme un moyen sûr de connaître les dogmes qu'il devait croire, les préceptes qu'il devait accomplir. Ce but pouvait être atteint de trois manières: par la révélation particulière faite à chaque individu de ces dogmes et de ces préceptes, par l'établissement d'une loi écrite, accessible à toutes les intelligences, par l'institution d'une autorité vivante et infaillible chargée de propager et de conserver les doctrines émanées de la bouche même du Sauveur. Dieu n'a certainement pas employé les deux premiers moyens; les diverses manières dont les dogmes et les préceptes ont été entendus et expliqués, les interprétations diverses que les dissidens de toutes les époques ont fait subir au texte de l'Évangile en sont une preuve formelle. Nous sommes donc conduits logiquement à conclure que Dieu a confié le dépôt de la révélation à une autorité permanente. Nous en trouvons d'ailleurs une preuve sans réplique dans les paroles de Jésus-Christ que nous avons rapportées au commencement de ce paragraphe. Le Sauveur n'a pas dit à ses apôtres: Allez, écrivez, mais allez, enseignez les nations à garder tout ce que je vous ai confié. C'est aussi par la parole que le Christianisme s'est établi; si plus tard des épitres ont été adressées à quelques églises, ce n'était point pour donner, par l'écriture un fondement à la foi, mais pour mieux fixer au sein des églises naissantes les vérités établies déjà par la prédication. La religion, à son berceau, a été déchirée par des hérésies; la seule arme qu'on ait toujours employée pour les combattre, a été l'autorité, la force des traditions divines expliquées par le corps des pasteurs.

Et remarquons que l'infaillibilité de l'Église, si souvent contestée par les incrédules, est un fait tout-à-fait simple et que l'on peut expliquer presque naturellement. Les apôtres tenaient de Jésus-Christ même les grandes vérités du Christianisme. Dispersés, dès l'origine dans toutes les parties du monde connu, séparés par des espaces immenses, dans l'impossibilité complète dé sé concerter entre eux, ils ont néanmoins professé tous et partout la même doctrine; ils se sont créé des successeurs qui, sans s'être jamais vus, ont perpétué les traditions primitives dans toute leur intégrité. Ce seul fait rendait matériellement impossible l'altération des doctrines du Christianisme à une époque quelconque de sa longue existence, aussi bien que la perte ou l'interruption des traditions divines. Ainsi, toutes les fois qu'une hérésie nouvelle est venue détacher quelques membres de la communion des fidèles, les pasteurs assemblés n'ont eu qu'à examiner les doctrines qu'ils avaient reçues de leurs prédécesseurs, et que ceux-ci avaient aussi réçuès d'une génération antérieure. Il est du reste facile de s'assurer, en comparant les prescriptions actuelles de la religion avec les écrits des Pères des premiers siècles, que la doctrine des apôtres n'a subi jusqu'à nous aucun changement essentiel, et que par conséquent les portes de l'enfer n'ont pas encore prévalu contre l'Église de Jésus-Christ.

C'est ainsi que M. Delauro prenant l'homme au sein de l'athéisme, c'est-à-dire dans un état où l'esprit logique doit rejeter toute espèce de croyance, le force successivement à devenir théiste, chrétien et catholique. Ce livre, comme on voit, ne renferme rien de nouveau. Depuis dix-huit siècles, l'impiété a soulevé toutes les objections possibles contre la religion de Jésus-Christ, et les défenseurs de cette religion ont épuisé toute les preuves qui pouvaient en faire ressortir la divinité. Mais les fidèles ne doivent pas se lasser de défendre ce que les incrédules ne se lassent pas d'attaquer, et comme ces derniers, dans leur orgueilleuse impuissance, ont sans cesse recours à des argumens cent fois rebattus, on ne peut qué leur opposer des plaidoyers cent fois répétés. Ce qui appartient en entier à M. Delauro, c'est le choix judicieux des preuves, l'ordre plein de logique et de méthode avec lequel elles sont disposées, la force et

« PrécédentContinuer »