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mes brebis (1). Sans aucun doute le pieux pasteur s'acquitte maintenant encore de cette tâche ; il exécute le commandement du Seigneur, en nous affermissant par ses exhortations, en priant incessamment pour nous, afin que nous ne soyons vaincus par aucune tentation. Que si, comme on doit le croire, il fait ressentir partout et sur tout le peuple de Dieu la protection tutélaire de sa piété, à combien plus forte raison daignera-t-il nous accorder son aide, à nous qui sommes ses nourrissons, à nous auprès de qui il repose dormant de son bienheureux sommeil, dans son tombeau, avec la même chair dont il était revêtu quand il nous gouvernait? Consacrons donc ce jour anniversaire de notre servitude, dédions cette fête à celui dont le patronage nous a valu l'honneur d'être associés à son Siége, d'être sccourus en toutes choses, comme nous l'avons été, la grâce de notre Seigneur Jésus-Christ, qui vit et règne, avec Dieu le Père et le Saint-Esprit, dans les siècles des siècles. Ainsi soit-il. »>

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Dans le quatrième sermon conservé parmi ceux qu'il prononçait le jour anniversaire de sa consécration, il développe encore avec force les mêmes pensées; il montre que Jésus-Christ veille toujours sur son Église et saint Pierre sur le Siége de Rome. Par Jésus-Christ et saint Pierre, le Pape est le chef de toute l'Église. Saint Léon

dit:

Quoique chaque pasteur en particulier veille sur

(1) Joan., XXI, 17.

son troupeau avec une sollicitude spéciale et qu'il sache qu'il rendra compte pour les brebis qui lui sont confiées, nous avons cependant un soin qui nous est commun avec tous les pasteurs : il n'en est pas un seul dont l'administration ne fasse partie de notre tâche. »

Nous venons d'entendre saint Léon nous exposer luimême ses idées et ses sentiments sur l'autorité départie au Saint-Siége; suivons-le maintenant dans les actes de son pontificat.

CHAPITRE IV.

La primauté du Saint-Siége maintient la pureté du dogme, la régularité de la discipline, l'unité et l'indépendance de l'Eglise.

O Jésus, voix éternelle du Père, quels admirables docteurs vous nous suscitez, en remontant dans les cieux!

Ce sont eux qui veillent constamment, de peur qu'un mélange adultère ne vienne corrompre la pureté virginale de la foi : la vérité confiée à leur garde ne peut souffrir la plus légère atteinte.

(Hymne de l'office de Paris pour la fête de saint Léon-le-Grand.)

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Saint Léon s'entoure d'hommes distingués. Il s'applique à la prédication. Il rétablit la discipline dans l'Église d'Afrique. - Saint Rustique. Importante décrétale adressée à cet évêque. Lettres aux évêques de Sicile et d'Italie.-Actes des conciles d'Orange et de Vaison. -Les manichéens. - Homélies de saint Léon contre ces sectaires. Mesures du Pape et de l'empereur contre eux.-Les pélagiens.- Mort de saint Cyrille. Saint Hilaire condamné par saint Léon. · Importantes décrétales et constitutions qui constatent l'existence universellement reconnue de la primauté du Saint-Siége. Vie et mort de saint Hilaire.Affaire de l'Église d'Illyrie. Les priscillianistes en Espagne. Lettres et actes de saint Léon contre ces sectaires.

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(440-447.)

Le premier soin de saint Léon, devenu chef de l'Eglise, fut de s'adjoindre des personnes recommandables par leur érudition et par leur doctrine, distinguées par leur intelligence des affaires ecclésias

compagnons

tiques et par l'intégrité de leurs mœurs, afin de se conduire par leurs conseils, et de les avoir sans cesse sous sa main, pour ne pas céder aux artifices de ceux qui sacrifient l'intérêt de l'Église à leur avantage particulier. Parmi ceux qu'il choisit pour les de ses travaux, saint Prosper d'Aquitaine tenait le premier rang. Scaliger l'appelle l'homme le plus savant de son siècle. Il était déjà connu dans le monde chrétien : car il combattit vivement, avec sa plume, les restes du pélagianisme, comme défenseur de la grâce de JésusChrist, et comme héritier de la doctrine et des sentiments de saint Augustin. Saint Léon avait pris saint. Prosper en affection depuis l'époque où ce dernier était venu à Rome, sous Célestin, pour solliciter le Pape contre les ennemis du saint évêque d'Hippone. Léon et Prosper ne manquaient d'aucune de ces affinités qui

servent à former les belles amitiés : un accord merveilleux d'esprit et de caractère, le même zèle pour faire avancer les intérêts de l'Église; chez l'un et l'autre une piété souveraine et un savoir singulier. Léon se trouvait dans les Gaules au moment de son élection, comme nous l'avons déjà dit précédemment; nous nous persuaderons volontiers qu'il emmena Prosper avec lui, afin de lui servir de conseiller et de secrétaire, comme autrefois saint Jérôme en avait servi à Damase. Il est certain que Prosper aida beaucoup Léon, principalement contre les hérétiques, dont le but constant était d'attaquer la foi catholique par des pratiques frauduleuses et par de sourdes menées.

Une autre preuve, non moins solide, que Léon donna de sa sollicitude pastorale, ce fut qu'aussitôt après avoir été placé sur la chaire apostolique, il entreprit nonseulement de moraliser par l'exemple de sa vie le peuple

qui lui était confié, mais encore de l'instruire de sa propre bouche, comme nous l'avons vu par les premières homélies que nous avons citées. Il aurait même été le premier de tous les papes qui eût pris cette tâche sur lui, si l'on s'en rapporte à Sozomène, lorsqu'il écrit: Dans la même ville (à Rome), ni l'évêque ni aucun autre clerc n'enseigna le peuple dans l'Église. Mais nous ne pouvons pas aisément nous en tenir à l'opinion de Sozomène sur ce fait.

Nous pensons que l'usage de la prédication était suivi avant Léon par les souverains pontifes; notre opinion se fonde sur la lecture du quatre-vingt-deuxième sermon de Léon, prononcé le jour de la fête des sept frères Machabées, où, faisant l'éloge de Sixte III, son prédécesseur, il s'exprime dans des termes qui donnent à entendre que les habitants de Rome avaient été publiquement instruits par Sixte, durant son pontificat : « Architecte magnifique, dit-il, dans la construction des bâtiments, mais architecte plus magnifique encore dans l'édification des âmes, étendant les œuvres de sa piété au delà des limites de son siècle: afin que la postérité pút jouir à la fois des fruits de ses établissements et de ses instructions, en bátisant les édifices qu'il a fondés, et en pratiquant les enseignements qu'il a donnés. » Ne faut-il appliquer à des sermons publics et solennels, prononcés devant le peuple, toutes ces expressions: Architecte plus magnifique encore dans l'édification des ámes : les fruits de ses instructions: les enseignements qu'il a donnés. En effet, Léon ne rappellerait pas publiquement les préceptes qui lui ont été tracés par son pasteur, si ces avis avaient été épanchés seulement en présence d'un petit nombre de personnes, et dans le secret d'une maison privée : Ainsi, mes très-chers Frères, ajoute-t-il, tout ce que vous voyez des yeux corporels, et tout ce que vous

pas

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