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gouvernaient le corps. Par la même raison, ils disaient qu'il fallait regarder comme canoniques tous les livres qui portaient les noms des patriarches; car ces noms désignaient les douze puissances qui opéraient la transformation de l'homme intérieur. Sans en avoir la connaissance, aucune âme ne pouvait se transformer de nouveau en la substance d'où elle était sortie. Par sa nature terrestre, le corps est au pouvoir des signes célestes et des astres, et c'est pour cela que, dans l'Écriture-Sainte, on trouve beaucoup de choses qui se rapportent à l'homme extérieur, et par là aussi on remarque le contraste entre les deux natures divines et humaines. Ils se servaient de manuscrits falsifiés des livres saints, d'écrits interpolés qu'ils regardaient comme canoniques et d'ouvrages apocryphes attribués aux apô– tres. Ils avaient une grande vénération pour les ouvrages d'un certain Dictinnius, dont saint Augustin parle dans un de ses traités. Enfin ils se livraient en secret, comme les manichéens, à des actes de débauche et à des mystères impurs.

il

Saint Léon ne se borna pas à opposer dans sa lettre à Turibius la doctrine catholique à toutes ces erreurs ; lui fit connaître comment il devait agir pour empêcher l'extension de cette secte. Il lui recommanda d'assembler sur-le-champ un concile, d'y réunir le clergé des provinces voisines et d'examiner, d'après les indications que le Pape lui fournissait à ce sujet, si cette hérésie n'avait pas déjà gagné des partisans et des amis jusque dans le clergé lui-même. Les évêques des provinces de Tarragone, de Carthage-la-Neuve, de Lusitanie et de Bétique étaient déjà avertis; mais si les troubles et les événements de la guerre ne leur permettaient pas de se réunir, il fallait au moins assembler le clergé de la Ga

lice, province où le priscillianisme avait le plus de sectateurs, afin d'exécuter les mesures qu'il ordonnait. Un concile s'assembla effectivement à Tolède, mais les évêques de la Galice ne purent point y assister; en conséquence, saint Léon prescrivit que la profession de foi, rédigée par ce concile, serait envoyée à l'évêque de Brague, en qualité de métropolitain de la Galice; et quand plus tard un concile provincial de cette province s'assembla pour le même objet, le Pape lui adressa une lettre particulière, mais qui a été perdue (1). Ces mesures mirent, à la vérité, un obstacle à la propagation de cette hérésie, mais elles ne la détruisirent pas complétement. Nous apprenons de Montamus, évêque de Tolède (2), qu'au commencement du sixième siècle, il y avait encore beaucoup de priscillianistes dans les environs de Valence; et ce n'est qu'après le concile tenu contre eux à Brague, en 561, qu'ils disparaissent de l'histoire, du moins comme secte; car plusieurs de leurs dogmes, ainsi que de ceux des manichéens, se sont maintenus fort avant jusque dans le moyen âge.

(1) Voyez App. Léon, ed. Ballerini, t. I, p. 1441, de epistol, deperdit. (2) Aguirre, Concil. Hispan., t. II, p. 269.

CHAPITRE V.

Le dogme de l'Incarnation défendu par le Saint-Siége.

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Léon.

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Réponse du Pape.

cile de Constantinople contre Eutychès. Lettre d'Eutychès à saint Convocation du concile par l'Empe

reur. Lettre fameuse de saint Léon à Flavien.

-

Légende. Autres lettres de saint Léon. Intrigues et complot de la cour et de l'hérésie. Dioscore, évêque d'Alexandrie. Attila.

(447-449.)

En l'année 447, l'empereur Théodose-le-Jeune demanda l'avis de saint Léon dans une affaire qui, par elle-même, ne présentait pas une grande importance, mais qui a été souvent racontée d'une manière inexacte, dans le but d'y trouver un argument contre la véritable

position de l'évêque de Rome à l'égard des conciles œcuméniques. Un récit impartial de cette affaire, tiré des sources authentiques, prouvera combien cet argument a peu de valeur.

Bassien, prêtre de l'église d'Ephèse, ne s'entendit pas avec son évêque, Memnon. Pour l'éloigner, Memnon le sacra évêque d'Euazus; mais Bassien refusa d'accepter cet évêché. Au milieu de ce conflit, Memnon mourut, et Basile, son successeur, plus favorablement disposé à l'égard de Bassien, lui laissa la dignité et les honneurs d'évêque, en le dispensant d'aller occuper le siége d'Éphèse sur lequel il plaça un autre titulaire. Peu de temps après, Basile étant mort à son tour, Bassien fut nommé évêque d'Ephèse et installé dans les formes les plus contraires aux règles canoniques. L'évêque Olympius de Théodosiopolis fut contraint par la force à accomplir seul la cérémonie de cette installation. Bassien, malgré ces irrégularités, étant parvenu à se faire reconnaître par le patriarche de Constantinople, resta pendant quatre ans en tranquille possession de son siége. Mais après ce laps de temps, la portion du clergé qui lui était contraire souleva le peuple contre lui, et il fut violemment arraché de l'église, puis traîné en prison.

Aussitôt que l'empereur Théodose eut appris cet événement, il envoya sur-le-champ Eustache, son chambellan, à Éphèse, pour examiner l'affaire et lui en rendre compte. On ne put opposer à Bassien que son institution anti-canonique. C'est dans cette circonstance que Théodose, ne voulant pas prendre de mesures arbitraires, demanda conseil au Pape et au patriarche de Constantinople; ils furent tous les deux d'avis que Bassien devait être déposé. En conséquence, une assemblée de qua

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