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péra, en se couvrant du caractère sacré de prêtre chrétien, conserver la vie. Mais son châtiment ne fut encore que différé ; à la fin de l'année 411, il le subit à Ravenne, où il avait été envoyé, sans qu'on lui laissât même le temps de demander sa grâce à l'empereur qu'il avait offensé.

A peine l'autorité impériale fut-elle rétablie dans la Gaule et en Espagne, qu'elle éprouva une secousse violente dans les provinces du Nord et en Germanie. Les Barbares qui étaient restés dans ces contrées, après l'invasion des Bourguignons, des Suèves et des Vandales, jugèrent le moment favorable pour renverser le pouvoir romain. En 411, ils proclamèrent empereur Jovin, qui avait été préfet du prétoire sous Attale, et marchèrent avec une armée considérable contre le général Constance qui fut obligé de battre en retraite. Ataulf hésita un moment s'il ne se joindrait pas aux Barbares pour renverser Honorius; il se décida cependant à secourir Constance, qui, grâce au roi des Goths, surmonta ce danger, repoussa les Barbares, en 413, et conserva momentanément à l'Empire ces importantes provinces.

Les Barbares, qui, en 409, avaient occupé l'Espagne, voulurent, après la mort de l'usurpateur Constantin, garder pour eux ce beau pays et refusèrent de reconnaître Honorius. Celui-ci chargea Ataulf, devenu son ami le plus fidèle et son plus ferme appui, de la punition des Barbares. Il avait commencé contre eux une campagne glorieuse, lorsqu'en 415, il périt de la main d'un traître. Son successeur dans le gouvernement des Goths, Wallia, acheva de soumettre l'Espagne et la rendit à Honorius qui, pour récompenser de si éminents services, accorda aux Goths une demeure fixe dans la Gaule, leur cédant, en toute propriété, la riche et belle

province d'Aquitaine. A la même époque, pour calmer l'agitation que la révolte de Jovin avait causée parmi d'autres peuples Barbares, il donna aux Bourguignons toute la partie de la Gaule comprise entre la Séquanaise et la Germanie supérieure. Par ces concessions, il acheta pour quelque temps la paix et la sécurité, mais il prépara la complète séparation de la Gaule avec l'Empire romain. En effet, aussitôt que les diverses tribus des Barbares eurent fondé dans cette province des États indépendants, ils se réunirent, brisèrent les liens qui les tenaient encore attachés à l'Empire d'Occident, et commencèrent à développer une nationalité et un état social qui prennent dans l'histoire leur physionomie originale. Nous avons vu que des événements semblables avaient eu lieu déjà en Bretagne, et son exemple fut suivi par l'Armorique. L'éloignement des légions romaines favorisait les efforts des indigènes de ces contrées pour conquérir leur indépendance, et Honorius, dans l'impuissance de les ramener sous son autorité, préféra reconnaître cette indépendance plutôt que de compromettre les armées affaiblies de l'Empire, dans une lutte que rendaient doublement difficile la distance et la valeur de ces peuples. Le résultat justifia ce calcul, car la Bretagne, devenue libre et alliée de l'Empire romain, lui rendit de plus grands services qu'elle n'aupu le faire en restant province dépendante.

rait

Après la mort d'Ataulf, son épouse Placidie, sœur d'Honorius, était retournée, à la suite de nombreuses vicissitudes, à la cour de son frère. Celui-ci la donna en mariage, presque malgré elle, en 418, à son heureux et vaillant général Constance, avec lequel, plus tard, soit pour mieux récompenser ses services, soit pour donner à la reine des Goths un époux plus digne

d'elle, il partagea la pourpre. Mais Constance mourut, en 419, dans le septième mois de son règne. Placidie, qui ne pouvait s'accorder avec son frère, quitta l'Occident, emmenant son fils Valentinien et sa fille, la célèbre Honoria, et alla retrouver ses parents à Constantinople. Peu de temps après, en 423, Honorius termina un règne de vingt-huit ans, qui, à défaut de gloire, est resté célébre par d'immenses catastrophes précipitées par une politique lâche et imprévoyante; cet Empire qu'il avait reçu de Théodose-le-Grand, puissant, respecté, en possession de toutes ses provinces, il le laissa faible, ébranlé, mutilé, épuisé par des malheurs de tout genre et marchant à pas rapides vers sa ruine définitive.

En Orient, Arcadius, toujours le jouet de ses favoris, continuait à exposer à tous les regards sa faiblesse et son inertie, approuvant toutes les exactions et les cruautés de ses courtisans et de ses fonctionnaires. Les Ostrogoths, à qui il avait accordé un établissement en Phrygie, ne tardèrent pas à se soulever, ne pouvant supporter la vie oisive et pacifique qu'ils menaient. Gaïnas, Goth de naissance, général de ces Barbares que Stilicon avait envoyés pour renverser et tuer Rufin, se réunit à eux, et l'empereur, ne se sentant pas assez fort pour leur résister, entama des négociations, à la suite desquelles une partie des Goths abandonna l'Asie, pour occuper Constantinople même, tandis que la grande masse, conduite par Gaïnas, s'empressa d'aller prendre possession de la Thrace. Mais les Goths qui étaient restés dans la capitale, ayant excité la colère des habitants par leur avidité effrénée, devinrent les victimes de la fureur populaire. Un autre Goth, Fravita, général des troupes impériales, profita de l'effroi produit par cet événement, pour anéantir aussi l'armée de Gaïnas. Pen

dant que les Goths, avec un courage téméraire, traversaient l'Hellespont sur des radeaux, Fravita les attaqua avec une flotte bien armée et engloutit le plus grand nombre de ces Barbares dans les flots. Gaïnas parvint à se sauver avec les débris de son armée, quitta un Empire où il avait éprouvé tant de défaites et traversa les frontières du Nord pour aller s'établir dans les vastes steppes de la Russie méridionale. Mais là il se rencontra avec les Huns qui s'avançaient graduellement et fut tué par leur chef, Uldès, à la fin de l'année 400. Ainsi, toujours et partout des Barbares; les uns défendent l'Empire romain, d'autres l'attaquent et le ruinent, en attendant que tous se partagent ses dépouilles.

Arcadius, délivré de ce danger, jouit pendant quelque temps, sans trouble, de sa puissance. Son épouse Eudoxie ne tarda pas à le gouverner lui-même avec un pouvoir absolu, et elle s'acquit, par son inimitié contre le grand Chrysostome et par les odieuses persécutions qu'elle lui fit subir, une célébrité qu'elle eût rendue plus digne d'elle en le protégeant. Arcadius était pieux, mais sans fermeté, et sa faiblesse eût été plus visible encore, si le succès obtenu par la destruction des Goths ne lui eût procuré un repos momentané. Le seul ennemi qu'il eût à craindre était lezdegerde, roi des Perses. La manière dont il s'y prit pour se l'attacher, montre dans cet empereur une prudence à la fois habile et gé➡ néreuse, qui couvrirait ses autres infirmités morales, si son règne présentait beaucoup d'actes de ce genre. Comme il sentit les approches de la mort, il voulut assurer le trône à son fils mineur, Théodose; il lui donna pour tuteur ce même Iezdegerde, l'ennemi le plus dangereux du jeune prince. Touché d'une si grande preuve de confiance, le roi des Perses réalisa les espérances de

l'empereur mourant, et, pendant la minorité de Théodose, la tranquillité de l'Empire ne fut nullement troublée de ce côté. Arcadius mourut le 1er janvier 408, à trente-et-un ans, et alla rendre compte du mal qu'il avait fait, ou plutôt qu'il avait laissé faire, pendant un règne de treize ans, livré à la conduite de sa femme et de ses eunuques.

L'administration de l'Empire fut remise entre les mains d'Anthémius, préfet de l'Orient, qui remplit avec zèle une charge si difficile; il assura et augmenta même la paix et la prospérité de l'Empire. L'éducation du jeune prince fut confiée à sa sœur aînée Pulchérie, qui, par sa haute piété, était digne de cet emploi. Nous aurons occasion de faire connaître avec plus de détails cette sainte reine, quand nous serons arrivés à saint Léon-le-Grand. Le futur souverain de l'Orient passa sa jeunesse dans une solitude presque claustrale, n'ayant pour société que ses trois sœurs. Il donna à Pulchérie le rang d'auguste, et ce fut cette sage et pieuse princesse qui, pendant et après la minorité de son frère, dirigea toutes les affaires de l'Empire. Elle donna pour épouse à Théodose la belle et spirituelle fille d'un sophiste grec. L'avénement de cette impératrice eut lieu avec des circonstances assez piquantes.

Théodose avait vingt-et-un ans, et sa sœur cherchait une épouse digne de lui, quand une jeune athénienne, fille de Léonce, sophiste d'Athènes, arriva à Constantinople, chassée de sa ville natale, après la mort de son père, par ses frères qui la laissèrent sans aucune ressource. On la nommait Athénaïs et sa beauté était merveilleuse. Son père l'avait instruite dans les belles-lettres et dans les sciences, et en avait fait un grammairien, un philosophe et un rhéteur. Une idée bizarre vint à l'es

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