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Réception faite par saint Léon

firme les décrets du concile. Lettres des évêques de la Gaule à

saint Léon. Réponse du Pape.

aux actes du concile.

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Le Pape blâme les priviléges accordés au Siége de Constantinople. Lettre d'Anatole au Pape. - Réponse de saint Léon.

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(451-482.)

Les services rendus à la vérité catholique et à la civilisation chrétienne par les Pères de Chalcédoine, justifient pleinement la place éminente que cette grande assemblée occupe dans l'histoire des conciles universels. L'importance exclusive donnée à l'institution du

patriarcat avait placé une autorité dont il était trop facile d'abuser entre les mains de l'évêque d'Alexandrie, qui, comme nous l'avons vu, se livra à une foule d'actes arbitraires et iniques. Par ces perpétuelles violations de toutes les lois existantes, l'Église orientale se voyait menacée dans son existence, et privée à tout jamais de la paix et de l'union inséparables du respect des droits légitimes. Comme il arrive toujours, les prétentions contraires à la hiérarchie de l'Église cherchèrent à s'appuyer sur une fausse interprétation dogmatique, et l'orgueil enfanta l'hérésie. C'est ainsi que les évêques d'Egypte, qui furent la principale cause des malheurs de l'Église dans ce siècle, durent nécessairement se rattacher avec passion à tous les ennemis de la doctrine orthodoxe. Voilà pourquoi nous avons vu tout le parti de Dioscore, et particulièrement ses amis de la Cour de Byzance, prendre avec zèle la défense d'Eutychès et de son hérésie, et, par les illégalités et les cruautés les plus révoltantes, la faire reconnaître dans un concile pour la vérité catholique. La vérité catholique! elle avait done contre elle un grand nombre d'évêques, la puissance temporelle, l'ambition et les intrigues des courtisans, les ruses et les passions de l'hérésie, toutes les forces capables de faire triompher une cause humaine..... Ah! si saint Léon avait voulu se laisser diriger par les pensées d'une prudence vulgaire et les calculs d'une politique intéressée, elles lui auraient commandé de se rattacher au parti victorieux, maître des affaires, qui gouvernait l'Empire avec l'autorité la plus absolue..... Mais la foi de Léon est plus puissante que le monde entier; Léon ne voit que la vérité outragée, l'incarnation de Notre-Seigneur Jésus-Christ falsifiée, l'Église en péril; il se pose immédiatement et sans

crainte en face des oppresseurs et leur dit, avec la volonté souveraine de celui qui parle au nom du Maître des rois et des peuples: Vous n'irez pas plus loin!

En lisant le récit des actes du concile de Chalcédoine, il est impossible de n'être pas vivement frappé de ce que j'appellerai, pour emprunter une expression du comte de Maistre, la présence réelle du Souverain Pontife. C'est lui qui parle, qui agit, qui décide; c'est lui qui fixe la doctrine, qui punit les coupables, qui pardonne aux repentants. Son nom est sans cesse prononcé et accueilli par les acclamations les plus expressives. Les légats même qui le représentent disparaissent en quelque sorte, comme ces mortels de la fable, enveloppés et rendus invisibles par l'auréole lumineuse qui émane de la divinité qui les protége.

Il ne suffisait pas au concile de Chalcédoine de définir la foi; il avait encore à rétablir l'ordre troublé et la légalité détruite. Cette tâche n'était pas la moins embarrassante. Tant d'intérêts à ménager! tant de plaies à cicatriser! tant de considérations à observer! Avec la plus ferme résolution de rendre justice, combien on était exposé à se montrer injuste! car il fallait juger si tel ou tel individu avait contribué, volontairement ou non, aux actes d'iniquité, faire la part de la violence et de l'entraînement, par conséquent fixer le degré de culpabilité et déterminer la peine méritée; en un mot, conserver une juste mesure entre la clémence et la sévérité. Difficile mission imposée aux pouvoirs qui sont appelés à réparer les désordres révolutionnaires ! Le concile de Chalcédoine, en suivant les conseils donnés par saint Léon, a su admirablement concilier toutes les exigences. Dans les décisions rendues au sujet des querelles particulières qui lui ont été soumises, il a pesé toutes

les circonstances et jugé avec justice, modération, équité. Aux opprimés, il leur a restitué leur autorité dès qu'il a été prouvé qu'elle leur avait été enlevée par violence et sans qu'ils l'eussent mérité; à ceux qui ont été complices de l'arbitraire et de l'iniquité des chefs, il a pardonné dès qu'ils ont confessé leur faute. Les coupables endurcis ont seuls éprouvé un juste châtiment. Tous les abus, toutes les irrégularités qui s'étaient introduits dans la discipline ont été réformés et abolis par les canons.

Un fait qui mérite de fixer particulièrement notre attention, c'est qu'une grande partie du bien réalisé par le concile est dû à l'influence que l'empereur a exercée par ses députés. Il est très-important d'apprécier leur conduite, si l'on désire se rendre un compte exact de la situation réciproque de l'Église et de l'État à cette époque. La position de l'évêque de Rome à l'égard d'un concile œcuménique, les devoirs et les droits que le Pape était appelé à exercer ne se trouvaient pas, dans le cinquième siècle, aussi complétement constitués qu'ils l'ont été dans les siècles suivants. Par les actes du concile, on a vu que ce furent les légats qui présidèrent et qui dirigèrent toutes les délibérations dont la nature était purement spirituelle, comme la fixation du dogme, les condamnations canoniques, etc. Toutefois, d'une part les rapports entre l'Empire et l'Église étaient, à cette époque, si rapprochés et si intimes, que le premier devait nécessairement exercer une influence notable sur les affaires de celle-ci; d'autre part, au nombre des questions qui furent traitées par cette assemblée, il y en eut plusieurs dans lesquelles la puissance temporelle avait réellement le droit d'intervenir. De cette situation il résulta donc que le sénat impérial prit une

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