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les troubles excités dans la capitale par l'hérétique empêchassent la cour de se prononcer ouvertement en sa faveur. C'est pourquoi les lettres, par lesquelles saint Cyrille pria l'empereur d'ordonner une enquête sévère sur cette affaire, ne furent pas sans résultat et décidérent Théodose à employer le moyen dont avaient usé deux de ses plus illustres prédécesseurs, la convocation d'un concile œcuménique. Il se tint à Ephèse, l'an 434, et saint Cyrille y présida comme représentant de l'évêque de Rome. Ses principaux écrits, dans lesquels il réfutait les erreurs de Nestorius, furent reconnus par le concile, comme organes de la vérité, et la doctrine de l'Incarnation qu'il développait et prouvait par la tradition, comme étant l'enseignement de l'Église. Nestorius qui, caché derrière les soldats, refusa de comparaître et de se justifier dans le concile, fut déposé et exclu de la communion de l'Église. De son côté, Jean d'Antioche, craignant que ce triomphe de la foi ne rendît saint Cyrille trop puissant, se sépara du concile, auquel il n'avait pas assisté, assembla un concile schismatique dans lequel il déposa et excommunia saint. Cyrille. Chacun des deux partis chercha un appui auprès de l'empereur; mais, cette fois, la victoire se déclara pour la cause la plus juste. En dépit des ruses et des intrigues de l'hérésie, l'empereur, voyant que le peuple et le clergé se déclaraient énergiquement pour l'orthodoxie, reconnut la légalité de la condamnation prononcée par le concile contre Nestorius et la confirma. Malgré tous ses efforts, Théodose ne parvint pas à réconcilier les orientaux avec le parti de saint Cyrille et à mettre un terme au schisme.

Il est hors de doute que les sentiments d'irritation et d'hostilité qui, pendant de longues années, divisèrent

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l'Égypte et le reste de l'Orient, provenaient bien moins d'une opposition sérieuse dans la foi, que d'une jalouse inquiétude causée par l'autorité que les derniers événements avaient donnée au patriarche d'Alexandrie. En effet, après un examen impartial, on peut reconnaître que cette dissidence d'opinions entre l'Egypte et l'Orient n'était ni assez importante, ni assez fondamentale pour amener une séparation si prolongée, maintenue avec tant d'opiniâtreté, et qui produisit tant de désordre et de dévastation au sein de l'Église. La conduite pleine de violence tenue plus tard par les Égyptiens envers les Orientaux et l'évêque orthodoxe de Constantinople, ne fut évidemment que l'explosion d'une ancienne inimitié; une fois qu'ils eurent le pouvoir entre les mains ils voulurent venger les maux que leurs prédécesseurs avaient soufferts de leurs adversaires. Lorsque, après des efforts réitérés, l'union fut enfin rétablie en 433, elle reposa sur une formule adoptée par les deux partis (1); mais les esprits n'étaient réconciliés qu'exté→ rieurement, le feu couvait toujours sous la cendre. Les troubles qui, à dater de ce jour, ne cessèrent d'agiter l'Église d'Orient, les discussions incessantes, sur certains sujets de controverse, les accusations, les dépositions, les exils des évêques, les divisions même entre les orthodoxes, la faiblesse de la cour livrée à toutes les intrigues, et brouillant toutes les affaires, tant de causes réunies produisirent cet état d'anarchie et d'irritation qui, vers le milieu du cinquième siècle, ébranla

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(1) Voici le passage le plus important et le plus caractéristique de cette formule : Siquidem duarum naturarum facta est unio, propter quod unum Christum, unum filium, unum Dominum confitemur. Secundum hunc inconfusæ unitatis intellectum confitemur sanctam virginem Dei genitricem esse, propterea quod Deus verbum incarnatum est, et homo factum, et ex ipsa conceptione univit sibi templum, quod ex illa assumpsit, etc, » Acta Ephes. III, p. 30.

l'Église d'Orient, la soumit, pendant quelque temps, au despotisme d'un patriarche, et provoqua une crise qui, sans le vaste et puissant génie de celui que Dieu avait placé, à cette époque, à la tête de l'Église universelle, aurait enfanté les conséquences les plus funestes, durant un long cours de siècles, pour la civilisation chrétienne.

Ici commence la mission de saint Léon-le-Grand (1).

(1) Les auteurs d'ouvrages consultés pour les faits de ce second chapitre sont, outre ceux mentionnés à la fin du chapitre précédent : le P. Labbe et Cossart, Collection des Conciles; Baluze, Supplément à la collection de Labbe; Ceillier, Histoire générale des auteurs sacrés et ecclésiastiques; Fleury, liv. 23 à 27 de l'Histoire ecclésiastique; le P. Cacciari, Exercitationes in opera S. Leonis.

CHAPITRE III.

Saint Léon-le-Grand.

LA PAPAUTÉ GLORIFIÉE.

C'est avec une piété très-sage et très-raisonnable, mes très-chers frères, que nous célébrons la solennité de ce jour, afin qu'en ma personne, toute vile qu'elle est, Pierre soit honoré, Pierre, dont la sollicitude pastorale pour les brebis qui lui ont été confiées, subsiste dans la vigilance de tous les pasteurs, et dont la dignité demeure en son entier dans son successeur, quoique indigne.

(SAINT LÉON, 2e serm, pour l'anniv, de sa consécr.)

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Naissance et patrie de saint Léon. Ses premiers emplois. Il réconcilie deux célèbres généraux romains. Il est élu Souverain-Pontife. Situation de l'Empire romain et de l'Église à l'avénement de s'int Léon. Sentiments de ce Pape sur la nature et l'étendue des pouvoirs du Saint-Siége. Homélies prononcées le jour anniversaire de sa consécration (1).

(390-440.)

Quelques années déjà avant le concile d'Ephèse, en 431, commençait à se faire sentir au sein de l'Église l'influence de l'homme qui plus tard, élevé sur le premier siége de la chrétienté, était destiné à la diriger tout

(1) Les sources principales où nous avons puisé pour ce chapitre et les suivants sont: les lettres et les homélies de saint Léon, la chronique de son contemporain et ami saint Prosper, les dissertations de Quesnel, des frères Ballerini et du P. Cacciari, jointes aux éditions que ces savants écrivains ont données des œuvres de saint Léon.

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