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fabriques de conserves de viande. Enfin on cherche de nouveau une union plus intime avec la Bulgarie et la Roumanie.

Espagne. La crise ministérielle. Le ministère Lopez-Dominguez. Une nouvelle crise ministérielle s'est ouverte en Espagne, le 5 juillet. M. Moret ayant préféré donner sa démission plutôt que de continuer à gouverner avec les Cortès actuelles, et le roi s'étant refusé à prononcer la dissolution du Parlement. La crise a d'ailleurs été de courte durée. Le président du Sénat, le général Lopez Dominguez, a accepté aussitôt la mission de former un nouveau ministère libéral dont voici la composition:

Présidence et guerre : le général Lopez Dominguez;

Affaires étrangères: M. Gullon;

Intérieur: M. Bernabe Davila;

Finances M. Navarro Reverter;

Travaux publics: M. Garcia Prieto ;

Marine M. Alvarado;

Instruction publique : M. Amalio Gimeno;

Justice: M. le comte Romanonès.

Il est à craindre que le nouveau cabinet n'ait une situation difficile entre les partis de droite qui veulent reprendre le pouvoir et les amis de M. Moret qui ne renoncent pas à leurs ambitions.

La Chambre

Italie. Le rachat des chemins de fer méridionaux. des députés a voté, à l'unanimité, après une brève discussion, la proposition de M. Giolitti tendant au rachat des chemins de fer méridionaux et à la liquidation de l'administration du réseau méditerranéen.

Russie. Déclarations du général Trépof sur la situation générale de l'Empire. Le 8 juillet, le correspondant de l'Agence Reuter à SaintPétersbourg a eu une conversation avec le général Trépof, qui lui a fait d'intéressantes déclarations sur la situation actuelle en Russie. Le général Trépof estime que la marée révolutionnaire ne peut être endiguée que par un rempart d'acier, où un gouvernement habile, clairvoyant et énergique doit ouvrir des écluses pour calmer l'impétuosité du flot. Mais il est d'avis que cette habileté, cette clairvoyance et cette énergie ont fait étrangement défaut dans le gouvernement de ces deux dernières années. Il parle en termes élogieux de l'intelligence de M. Goremykine, de ses bonnes intentions et de ses qualités qui, toutefois, n'étaient pas si nécessaires, dit-il, qu'une perception intuitive et qu'une prompte reconnaissance de ce qui est inévitable. Quant à M. Stolypine, le général Trépof apprécie son courage. Au total, le général Trépof reconnaît la nécessité et l'opportunité du départ du ministère actuel, bien qu'il dise que M. Goremykine et ses collègues n'ont pas l'intention de démissionner immédiatement.

Au sujet de la Douma, le général Trépof dit :

Ça ne marche pas! ça ne marche pas du tout! La Douma actuellement n'est simplement qu'un centre révolutionnaire. Voyez l'impunité dont jouissent M. Aladine et les autres personnes de sa trempe. Les autres partis ont donné toute liberté au groupe du travail, dans le but de forcer la main au gouvernement en exagérant la force de l'élément extrême révolutionnaire. Mais si le parti modéré arrivait au pouvoir, il jetterait, à mon avis, immédiatement par-dessus bord les « extrêmistes » qui prendraient alors leur place propre dans la perspective politique. Le caractère politique dominant de la Douma est destructif, mais mutatis mutandis, j'ose croire qu'il deviendra « constructif », du moins je l'espère. Tout changement de ministère en dehors des membres de la Douma serait, je le maintiens, inutile. Il ne serait pa s possible de faire œuvre utile dans ces conditions. Un cabinet, autant que je puis voir, formé de ministres choisis parmi les démocrates constitutionnels, semble être la meilleure solution, ce parti étant le plus fort. J'admets que c'est risquer beaucoup que de nommer un tel ministère, mais le risque serait justifié par le caractère urgent que présente la pacification du pays. Je suis d'avis que dans tout on devrait garder la mesure pour rétablir l'ordre et assurer la stabilité par des moyens pacifiques. Si tous ceux-ci sont épuisés, alors et alors seulement on pourra songer à d'autres mesures.

Le général Trépof fait ressortir que seuls les intérêts politiques étaient représentés à la Douma et non pas les intérêts matériels. Le but unanime des députés était d'écarter le régime gouvernemental actuel. Si ce fait s'accomplissait, le général Trépof espère qu'un esprit plus sensé prévaudrait et les intérêts si variés du pays seraient représentés d'une façon convenable. Il faut combattre les révolutionnaires avec l'arme du bon sens et surtout avec énergie et toujours avec énergie.

La grande puissance des révolutionnaires, dit le général Trépof, réside dans leur influence sur la presse.

Les passions politiques sont telles que les gens les plus prudents ont perdu la tête et se répandent comme des fous en extravagances sur des projets utopiques qui ne pourraient que déchaîner le meurtre et l'incendie.

Je ne puis nier que les révolutionnaires ont conquis presque tous les hommes de talent, et même si l'on fondait des journaux modérés, les directeurs ne trouveraient pas de collaborateurs. En outre, vous savez qu'un certain nombre de journaux, rien qu'à Saint-Pétersbourg, sont aux mains des juifs; la plupart de leurs rédacteurs sont juifs et les reporters sont généralement des révolutionnaires.

Voyez ensuite dans quelle proportion les juifs sont représentés à la Douma. Dites ce que vous voudrez, le soulèvement actuel est principalement l'œuvre des juifs. Leur adroite provocation des chrétiens est arrangée avec la plus grande habileté et ils ont coutume de se poser en victimes innocentes d'une tyrannie sanguinaire. Je confirme jusqu'au dernier mot le rapport officiel concernant les événements de Bielostok. Quand le prince Ouroussof a parlé, l'autre jour, à la Douma, au sujet de l'excitation à des pogroms organisée dans les milieux dirigeants, il a menti, voilà tout. Ses calomnies sont l'expression d'une ambition déçue, et lorsqu'il en est arrivé à porter des accusations précises, il n'a pu citer que

deux cas de fonctionnaires ayant trahi la confiance que le gouvernement avait placée en eux. Il ne faut pas oublier que les fonctionnaires, dans les provinces, sont fréquemment poussés à un véritable désespoir par des meurtres et d'autres crimes dont ils connaissent parfaitement les instigateurs. Quoiqu'on puisse les blâmer, peut-on s'étonner qu'il se produise parfois des représailles?

Parler d'accorder une amnistie complète en ce moment, où les journaux sont remplis de listes de fonctionnaires assassinés, où personne, parmi les gens faisant partie des autorités, n'est à l'abri de la bombe, du couteau ou du pistolet, est une pure absurdité.

En ce qui concerne la peine de mort, dont on fait une question politique si grave, je n'y attache pas, personnellement, une grande importance. A mon avis, on pourrait s'en dispenser.

Passant à la question de l'indiscipline dans l'armée, le général Trépof a déclaré de la façon la plus positive qu'il est convaincu que la plus grande partie des troupes sont d'un loyalisme inébranlable et ne se tourneront jamais contre leur souverain.

Il y a eu dans l'armée beaucoup moins de propagande révolutionnaire que ne l'ont affirmé ceux qui prennent leurs désirs pour des réalités. Tous les désordres qui ont été signalés jusqu'ici sont uniquement imputables aux officiers qui n'étaient pas en rapports assez étroits avec leurs hommes. On en trouve la preuve dans le fait qu'aucun cas de mutinerie ne s'est produit dans la cavalerie, arme dans laquelle les officiers sont en rapport bien plus intime avec les hommes que dans les autres. L'affaire du 1er bataillon du régiment de Préobrajenski a beaucoup attiré l'attention parce que c'était le fameux régiment de la garde. Le bataillon a été mis en disgrâce parce que la moindre atteinte à la réputation d'un tel régiment ne saurait être tolérée. En réalité, le désordre n'était pas grave, et quand les hommes ont été invités à désigner les meneurs, ils l'ont fait sans hésitation.

Le général Trépof insiste sur les faits que les soulèvements militaires du Sud et des autres parties de la Russie ont été aisément réprimés; ce qui prouve que le gros des troupes n'est pas affecté par l'esprit de désordre qui sévit dans le pays entier. Il a reconnu qu'il y a chez certains soldats du mécontentement provenant du fait qu'ils ont à accomplir des services de police, ainsi que chez les cosaques, qui désirent retourner dans leurs fermes; mais c'est là, selon lui, un état de choses chronique et sans importance.

Le général Trépof a parlé du refus de la Douma d'écouter le général Pavlof et a exprimé l'espoir que le ministre de la Guerre refusera d'envoyer un autre représentant quelconque à la Douma pour rece voir des insultes et qu'il se contentera de faire, à l'avenir, ses autres. communications par lettre.

Questionné sur l'assertion d'après laquelle il deviendrait éventuellement dictateur, les autres ministres ayant les mains liées, le général Trépof a répondu :

C'est une blague. Les révolutionnaires jouent toujours de cette corde pour discréditer le ministère et pour prouver que les ministres sont sans

autorité. Cette fable est colportée par des ennemis du pays, les mêmes que l'on peut voir gorger les paysans de mensonges.

La question agraire est naturellement la question des questions. Personnellement, je considère les projets agraires du gouvernement comme tout à fait acceptables et il est possible que de nouvelles concessions puissent être faites après une discussion raisonnable du pour et du contre. La Douma ne les acceptera naturellement pas, parce qu'elles viennent du gouvernement.

Je considère comme impossible d'introduire le principe de l'expropriation. Si ce principe était une fois admis, aucune possession, ni même aucune tenure par bail ne serait sure. En fait, la plupart des propriétaires fonciers ne sont que trop désireux de vendre; mais même si toute la terre était distribuée entre les paysans, cela n'augmenterait pas sensiblement leur bien-être. Ce qui serait bien plus nécessaire que d'augmenter la superficie des biens, c'est d'améliorer les procédés agricoles.

L'introduction de procédés perfectionnés dans tout le pays demanderait au moins une génération, mais les paysans sont comme les autres classes de la communauté. Les considérations pratiques sont de peu de poids à leurs yeux. Ils sont entraînés avec le reste de la population dans un tourbillon, dont le seul vrai patriotisme peut les tirer.

Le général Trépof a déclaré en terminant qu'il n'avait rien entendu dire d'une entrevue que l'on donnerait pour imminente entre le tsar et l'empereur Guillaume.

-La question agraire. Le 4 juillet a paru un communiqué offiail annonçant qu'en exécution d'un ordre impérial, le gouvernement déposait à la Douma d'Empire un projet concernant l'amélionation et l'augmentation de la propriété foncière des paysans, ainsi que l'amélioration de la situation agraire.

Par ce projet le gouvernement exprime l'intention d'abandonner aux paysans, à des conditions avantageuses pour eux, tous les biens de la couronne susceptibles d'être mis en culture, et si cela ne suffit pas, d'acheter au compte de la couronne les propriétés mises en vente par les particuliers pour les vendre aux paysans à des prix modérés, la couronne supportant la différence qui pourra exister entre les prix de vente et d'achat. Le gouvernement a, en outre, l'intention d'encourager l'exode des paysans vers de nouveaux territoires, de simplifier les formalités inhérentes au transfert de la propriété foncière et de faciliter la colonisation en Sibérie et dans l'Asie centrale.

En vue d'apporter un remède aussi prompt que possible à la crise agraire, on instituera des commissions particulières, auxquelles participeront des délégués paysans. Enfin, le gouvernement déclare erronée la théorie d'après laquelle le sol ne peut être propriété privée. Il promet de protéger à tout prix la propriété de tous, et il rappelle aux paysans russes que la satisfaction de leurs besoins ne doit pas être demandée à la violence, mais qu'elle dépend uniquement du labeur pacifique et de la sollicitude constante de l'empereur.

Ces propositions, qui remplissaient trois colonnes et demie du Messager officiel, ont été mal accueillies de tous les côtés. On leur reproche généralement un manque complet de compréhension des exigences de la situation actuelle et aussi d'arriver trop tard, même pour servir de base à une discussion sérieuse. On ajoute que le principe de l'expropriation doit être admis; autrement toute transaction deviendrait impossible. Le projet ministériel est plus qu'inutile il ne fera qu'envenimer la situation.

-La situation. La situation est toujours très grave. En même temps que la Douma votait à l'unanimité l'abolition de la peine de mort, les révolutionnaires assassinaient l'amiral Tchouknine, commandant en chef de la flotte de la mer Noire, et le général Kozlof; ce dernier par erreur, paraît-il, les assassins l'ayant pris pour le général Trépof. D'autre part, l'agitation s'étend dans l'armée et dans ia marine; les actes d'insubordination et de révolte se multiplient, le premier bataillon du régiment de Préobrajenski, de la garde impériale, a été lui-même l'objet de mesures de rigueur par suite de son attitude révolutionnaire et tous ses officiers ont été cassés. Enfin, les troubles dans les provinces sont chaque jour plus graves et plus nombreux.

III. AFRIQUE.

Maroc. La mission de M. Malmusi.

Nous annoncions, dans notre dernière livraison, que M. Malmusi venait d'obtenir l'adhésion définitive du sultan à l'Acte général d'Algésiras. Le Temps donne les détails suivants sur la mission de M. Malmusi :

Le ministre d'Italie a passé vingt-sept jours à Fez qui peuvent se diviser en trois périodes de neuf jours. La première et la dernière période ont été consacrées aux politesses protocolaires. Les négociations proprement dites n'ont par conséquent duré que neuf jours.

C'est vers le 9 juin que le délégué des puissances obtint du sultan la première audience officielle dans laquelle il exposa en termes très nets le caractère de sa mission. La communication qu'il fit dut avoir pour effet de décourager la tentative, que voulaient essayer quelques vizirs, d'une procédure dilatoire. Il eut ensuite un entretien en tête à tête avec le sultan, au cours duquel il lui remit la formule du texte du firman chérifien d'adhésion à l'œuvre de la Conférence. Il fut convenu dans cet entretien que M. Malmusi donnerait à Ben Sliman, ministre marocain des Affaires étrangères, toutes les explications désirables sur le texte et le sens du protocole, mais que ces explications n'impliqueraient aucune discussion sur le fond. Engagées sur ces bases, les négociations se poursuivirent rapidement. Cependant, vers le 14, on apprit que le sultan n'adhérerait pas au protocole avant d'examiner les objections de ses vizirs et du conseil des no

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