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La situation dans l'Empire. -L'attitude énergique du gouvernement semble avoir produit une impression satisfaisante dans l'Empire. Cependant on doit encore enregistrer de graves désordres, tel que le récent pogrom de Siedlce, en Pologne, qui a fait des centaines de victimes, et d'odieux attentats comme l'assassinat du général Min, ancien colonel des gardes Semenovski, par une jeune institutrice, et le meurtre du général Vanliarliarski, gouverneur militaire de Varsovie, par un inconnu qui n'a pas été rejoint.

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Turquie. L'incident de Djanet. Nous disions dans notre dernière livraison que la Turquie, d'après les plus récentes dépêches, avait décidé de nous accorder complète satisfaction dans l'affaire de Djanet. Depuis, l'Agence Havas a publié, le 29 août, la note suivante qui confirme ce que nous disions alors :

On se souvient des bruits d'occupation de Djanet, oasis située en dehors des limites de la Tripolitaine, à environ 150 kilomètres du poste ottoman de Ghat. Des soldats turcs, au nombre d'une trentaine, partis de Mourzouk dans la Tripolitaine, auraient, disait-on, pris possession de Djanet au nom du Sultan.

Nous ne pouvions admettre cet empiètement à l'intérieur d'une région qui n'a jamais appartenu à la Turquie et qui a été reconnue à la France par l'arrangement franco-anglais du 21 mars 1899.

M. Constans fut chargé de faire des remontrances à Constantinople et à la suite de ses démarches, un iradé, en date du 21 août, nous donne satisfaction.

Le gouvernement turc a ordonné d'évacuer Djanet ou d'arrêter ses troupes dans leur marche en avant au cas où elles n'y seraient pas encore par

venues.

Le statu quo ante est établi jusqu'à ce qu'intervienne une entente entre la France et la Turquie pour fixer d'un commun accord les limites entre Ghat et nos possessions.

Il est à remarquer que cette procédure, à laquelle la Porte vient d'acquiescer, est la même que celle qui a été récemment adoptée par la Grande-Bretagne pour régler avec la Turquie le différend de Tabah.

-L'Italie et le protectorat catholique en Orient. Une importante manifestation, organisée par << l'Association nationale pour les missions catholiques italiennes en Orient », aura lieu le 15 septembre à Smyrne et montrera une fois de plus avec quelle habileté le gouvernement italien, qui prodigue à nos gouvernants et à nos parlementaires d'incessantes et vaines gracieusetés, s'empresse de se substituer à la France dans le protectorat religieux qu'elle exerçait en Orient.

Déjà, en 1877, le ministère des Affaires étrangères d'Italie avait ouvert à Smyrne une école de jeunes filles pour les besoins de la colonie italienne, qui est très nombreuse. Cette école, qui fut d'abord laïque, fut confiée dans la suite aux Sœurs de charité d'Ivrée et prit un très grand développement. Ces Sœurs desservaient déjà à Constantinople un hôpital et des écoles. D'autres institutions de bienfaisance furent fondées plus tard à Smyrne, et toutes avec succès. Le 15 sep

tembre, une autre école sera inaugurée et celle-ci sera confiée à des missionnaires. L'Association de Florence n'a pas regardé à la dépense. Les choses seront faites grandement: l'inauguration aura lieu en présence des autorités ecclésiastiques et du consul royal. La fête sera naturellement empreinte d'un caractère nettement italien. Le drapeau italien flottera sur le nouvel édifice et les discours témoigneront encore une fois de la persévérance avec laquelle l'Italie s'applique, comme nous venons de le dire, à profiter du peu de cas que, malheureusement, le gouvernement français a fait du protectorat français en Orient.

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Inde anglaise. L'agitation au Bengale. -On signale depuis quelque temps une assez vive agitation parmi les indigènes au Bengale; cette agitation a été provoquée par la division de la province en deux gouvernements. Les Hindous ont très mal accueilli cette mesure prise par lord Curzon et se flattent d'avoir, par leur opposition, obligé le tout-puissant vice-roi à donner sa démission, de même qu'ils se flattent d'avoir obligé sir B. Fuller, gouverneur du Bas-Bengale, à demander son rappel. Encouragés par ces deux premiers succès, ils ont constitué une vaste association, qui compte plus de 50.000 adhérents, et qui a pour chef le Babou S. N. Banerju, lequel vient de se faire couronner empereur de l'Inde et a lancé un appel à tous les habitants de l'Hindoustan, les invitant à prendre les armes pour chasser les Anglais.

Evidemment il n'y a encore là rien de très grave; cependant c'est avec raison que les journaux anglais appellent l'attention du gouvernement sur ces événements, car si le mouvement actuel se propageait, la sécurité de l'empire des Indes même pourrait être menacée, et cela au moment où s'agitent de façon inquiétante les musulmans d'Egypte et les nègres de l'Afrique du Sud.

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Sahara. L'occupation des oasis du Kaouar. - La politique d'occupation pacifique des territoires africains qui nous sont reconnus par les traités internationaux, et à laquelle le gouvernement a donné ses soins depuis quelques mois, vient d'obtenir un nouveau et important résultat. A la suite de l'occupation de Djanet par le gouvernement de l'Algérie et de l'occupation de Taoudeni par les détachements combinés des gouvernements généraux de l'Algérie et de l'Afrique Occidentale, le gouvernement de l'Afrique Occidentale vient de faire. procéder à l'occupation des oasis du Kaouar.

Le ministère des Colonies a été avisé par le commandant de la région de Zinder que le lieutenant Crépin est arrivé à Bilma, le 16 juillet, avec son détachement au complet.

Ces mesures d'occupation et d'administration pacifiques permet

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tront, il faut l'espérer, de développer le commerce européen dans les régions du lac Tchad. Il devient superflu de faire remarquer combien le Sahara est aujourd'hui parcouru facilement par nos troupes mobiles, et combien la police de ces immenses étendues est assurée sans dépenses et sans incidents, grâce au judicieux emploi des méharistes.

Il peut être intéressant de remettre sous les yeux du lecteur les principaux textes qui définissent nos droits dans ces régions et qui sont empruntés aux deux Livres jaunes relatifs à la déclaration additionnelle du 21 mars 1899:

M. Delcassé, ministre des Affaires étrangères à M. Paul Cambon, ambassadeur de la République française à Londres.

Paris, le 10 février 1899.

Vous voudrez bien maintenir le principe de la reconnaissance du Ouadai tout entier dans la sphère d'influence française. Quant à la demande du premier ministre au sujet du Darfour, je vous autorise, si vous le jugez nécessaire, à y adhérer en principe. La communication d'un croquis précisant sur ce point les revendications anglaises devra, toutefois, précéder notre acquiescement définitif. Il serait bien entendu, d'autre part, que l'intégralité du Tibesti et du Borkou nous serait acquise avec tous les oasis qui en dépendent.

Vous pourriez, s'il était besoin de se référer à une carte, viser celle de Justus Perthes qui a déjà été annexée à la convention du 14 juin 1898.

En ce qui concerne la route commerciale vers le Nil, je propose d'établir la liberté de commerce et de navigation des deux côtés de la ligne à tracer jusqu'à une hauteur à déterminer, qui pourrait être le 15° degré de latitude Nord.

J'estimerais désirable de rattacher l'accord, qui terminerait les négociations actuelles, à la convention du 14 juin 1898. Cet acte, en effet, n'a pas encore été soumis à la ratification des Chambres. Vous pourriez, dès lors, faire considérer la délimitation de nos territoires vers le bassin du Nil comme la continuation de la délimitation de nos possessions à l'Est du Niger.

Signé: DELCASSÉ.

M. Paul Cambon, ambassadeur de la République française à Londres, à M. Delcassé, ministre des Affaires étrangères.

Londres, le 27 février 1899.

J'ai vu cet après-midi Lord Salisbury je lui ai donné connaissance du projet ci-annexé du tracé de notre future frontière dans l'Afrique centrale.

Le Premier Ministre n'a pas fait d'objection en ce qui concerne le point de départ de cette frontièrc dans la région de M'Bomou. Il m'a paru également personnellement disposé à accepter comme frontière la limite du Darfour et du Ouadaï telle qu'elle est portée sur la carte de Justus Perthes entre le 11 degré et le 14°20′ de latitude Nord.

ANNEXE

Signé PAUL CAMBON.

Le paragraphe 4 de l'article 4 de la convention du 14 juin 1898 est modifié comme suit :

Le gouvernement de Sa Majesté Britannique reconnait comme tombant dans la sphère française les pays à l'Ouest d'une ligne ainsi définie :

1o La crête de partage des eaux entre les bassins du Congo et du Nil depuis le point d'intersection avec cette crête d'une ligne droite rejoignant la source du M'Bomou jusqu'au 11° degré de latitude Nord;

2o A partir de ce degré, une ligne suivant la limite entre le Darfour et le Ouadai, telle qu'elle est portée sur la carte de Justus Perthes, édition de 1892, entre le 11° degré et le 14°20′ de latitude Nord;

3o A partir de sa rencontre avec le 14°20′ de latitude Nord, cette ligne suivra ce parallèle vers l'Est jusqu'à la rencontre d'une ligne qui gagnera la frontière tripolitaine, de façon à laisser dans la sphère française, avec la totalité des oasis qui en dépendent, le Tibesti, le Borkou, le Ouanyanga, l'Ennedi, le Soghaoua et les autres régions s'étendant jusqu'à la limite du Darfour.

Il est en outre entendu que les dispositions de l'article 9 de l'arrangement du 14 juin 1898 seront étendues aux territoires situés entre le HautNil et le lac Tchad au Sud du 14°20′ de latitude Nord. Au cas où la rive du lac Tchad ne serait pas rencontrée par le 14° 20' de latitude Nord, les territoires dont il s'agit seraient limités au Nord du lac par le 11°40′ de longitude Est de Paris.

M. Paul Cambon, ambassadeur de la République française,
à M. Delcassé, ministre des Affaires étrangères.

Londres, le 2 mars 1899.

Lord Salisbury m'a remis, à l'issue de l'entretien que j'ai eu avec lui hier, le contre-projet d'arrangement relatif à la délimitation de l'Afrique centrale dont vous trouverez ci-joint le texte; il m'a prié, en même temps, de l'examiner et de lui faire part ultérieurement de mes observations.

En quittant Sa Seigneurerie, je suis allé chez sir Thomas Sanderson, et c'est chez lui que j'ai pris connaissance du contre-projet anglais. J'ai immédiatement déclaré au sous-secrétaire d'Etat permanent que la rédaction suggérée me paraissait devoir soulever les plus sérieuses objections de la part du gouvernement de la République je lui ai marqué que certaines dispositions proposées soulèveraient implicitement la question d'Egypte et que nous devions nous en tenir, quant à présent, à une simple délimitation.

ANNEXE

Signé PAUL CAMBON.

L'article 4 de la convention du 14 juin 1898 est complété par les dispositions suivantes, qui seront considérées comme en formant partie intégrante.

Le gouvernement de Sa Majesté Britannique reconnaît, comme faisant partie de la sphère française, les contrées situées à l'Ouest, et le gouvernement de la République française reconnaît comme faisant partie de la sphère anglaise, les contrées situées à l'Est de la ligne déterminée dans les deux paragraphes qui suivent :

1.

La ligne de partage des eaux entre les bassins du Congo et du Chari, d'une part, et du Nil, de l'autre, depuis le point où cette ligne est rencontrée par la ligne frontière séparant les territoires de la République française de ceux de l'Etat libre du Congo, jusqu'à son intersection avec le 11 degré de latitude Nord;

2. A partir de ce point d'intersection, une ligne séparant les terri

toires d'Abu-Dima (autrement connus comme le district de Taaisha), de la province de Dar-Runga, et prolongée jusqu'à la frontière méridionale du Dar-Sila (Sulla), en suivant à peu près la ligne pointillée en chaine, marquée sur la feuille 27 (El Fasher) de l'édition de 1895 de la carte de l'étatmajor français, qui, avec les feuilles 12 (Mourzouck), 13 (Kebabo), 19 (Agadès) et 20 (Yayo), est désignée comme étant la « carte no 3 », et est annexée au présent arrangement; la frontière méridionale du Dar-Sila (Sulla), vers l'Ouest, jusqu'à la rencontre de la frontière orientale du Ouadai, marquée sur la carte de l'état-major français par une ligne pointillée en chaîne; la frontière orientale du Ouadai, telle qu'elle est marquée sur la carte de l'étatmajor français, jusqu'à l'extrémité Nord de la ligne pointillée en chaîne qui est située à 44 milles à peu près à l'Est d'Abecher (Abeshr), sur la route conduisant de cette localité à Nyeri.

Les districts de Massalit, Kourbo et Dar-Tama seront compris dans la sphère anglaise.

Il est également entendu entre les deux gouvernements que la délimitation de la portion de la ligne décrite dans ce paragraphe sera faite d'après les limites des provinces ou des tribus et non d'après des lignes géographiques naturelles.

3. — Au Nord du parallèle de latitude sur lequel est situé le point mentionné ci-dessus sur la route d'Abeshr à Nyeri, les deux gouvernements s'engagent à ne pas entreprendre de faire des acquisitions de territoire ou d'exercer une influence politique, le gouvernement français à l'Est et le gouvernement de Sa Majesté Britannique à l'Ouest d'une ligne prolongée. au Nord de ce point, de manière à laisser à l'Est les districts de Gubba (Koube) et de Zaghawa (Soghaoua) et à l'Ouest tout le territoire formant les oasis du Borkou, du Tibesti, du Ouanyanga et de l'Ennedi; après avoir suivi les limites orientales et septentrionales des oasis ci-dessus mentionnées, la ligne sera tirée directement jusqu'aux puits de Tummo (El Ouar), groupe de puits situés au pied des collines de même nom, approximativement par 22°36′ de latitude Nord et 14°15' de longitude Est de Greenvich (11°55' Est de Paris).

Les dispositions de l'article 9 de la convention du 14 juin 1898 s'appliqueront également aux territoires situés dans les limites définies sur la carte mentionnée dans le paragraphe 2 du présent arrangement et seront, en ce qui concerne ces territoires, étendues aux indigènes et au commerce de l'Egypte aussi bien qu'à ceux de la France et de la Grande-Bretagne.

Le Lioua, reproduisant une note Havas au sujet de l'incident de Djanet, la commente ainsi qu'il suit :

« Nos lecteurs se souviennent que l'Agence Reuter annonçait tout « dernièrement l'approbation par la France de la solution donnée à « l'incident de Djanet et ajoutait que le gouvernement de la Répu«<blique entamerait prochainement avec la Turquie des négociations <«<< amicales en vue du règlement définitif de cette question. Nous << espérons que la France apportera dans ces négociations un esprit « de sincérité et de justice. »

Soudan. La délimitation du territoire de Zinder. Les gouvernements français et anglais viennent de décider l'envoi d'une commission mixte chargée de procéder à la détermination de la frontière entre le territoire militaire de Zinder et la Northern Nigeria.

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