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modifier quelques-uns des procédés de gouvernement qu'elles ont employés avec succès jusqu'à présent, mais qui, à l'heure actuelle, ne s'adaptent plus aussi bien à l'esprit nouveau qui se révèle chez les Asiatiques.

La politique de la métropole, toujours si avisée, paraît du reste s'être convaincue de cette nécessité. En acceptant de signer à Pékin l'arrangement relatif au Thibet dans un sens favorable aux vœux exprimés par la Chine, le cabinet de Londres a mis fin aux agitations de certains politiciens de Calcutta et a donné la preuve qu'il tenait à user de ménagements à l'égard de cette grande puissance asiatique dont il tient à se concili les bonnes dispositions.

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Perse. Les Allemands en Perse. Les journaux anglais ayant annoncé le prochain établissement d'une banque allemande en Perse, la Gazette de Cologne a publié à ce sujet la note officieuse suivante :

Au sujet de la nouvelle, de source anglaise, de l'établissement d'une banque allemande en Perse, nous apprenons qu'effectivement il y a quelque temps le gouvernement persan avait offert spontanément au gouvernement allemand, sans aucune démarche de celui-ci, l'autorisation de fonder une banque allemande. Or, comme depuis un certain temps, des maisons de commerce allemandes assez nombreuses sont entrées en relations d'affaires avec la Perse, il y avait pour elles intérêt à avoir à leur disposition une banque allemande pour leurs opérations et à ne pas dépendre d'établissements étrangers.

Ce motif, à lui seul, faisait au gouvernement allemand un devoir d'examiner de près l'offre faite par la Perse. La question est, d'ailleurs, maintenant encore à l'étude. Tout ce que l'on sait de certain, c'est que si cette banque vient à être fondée, elle aura un caractère exclusivement commercial, qui ne saurait, en aucun cas, devenir politique. On la conçoit comme devant représenter les intérêts commerciaux de l'Allemagne, et non pas comme une banque d'Etat. Elle ne s'occupera pas non plus d'emprunts de l'Etat persan, soit pour les prendre ferme, soit pour servir d'intermédiaire. De même que l'Allemagne poursuit exclusivement une œuvre économique, cette banque, si elle est fondée, s'abstiendrait de tout acte ayant un caractère politique.

Turquie. Le chemin de fer Smyrne-Aïdin. - Un iradé, en date du 15 septembre, a approuvé la convention signée avec la Compagnie anglaise du chemin de fer d'Aïdin, dans l'Asie Mineure, et accordé une extension de délai de quinze années pour la concession tout entière.

L'iradé autorise, en outre, le prolongement de la voie ferrée jusqu'au lac Egherdir, soit une distance de 91 kilomètres, avec un embranchement de 13 kilomètres jusqu'au lac de Bouldour, et s'engage à maintenir le statu quo en ce qui concerne le service des transports sur le lac. Le gouvernement turc s'engage à n'accorder aucune concession de chemin de fer jusqu'au golfe d'Adalia. Il consent, en outre, à racheter éventuellement la ligne au prix coûtant stipulé par la Compagnie, soit 107.500 francs par kilomètre. Enfin, le mazbata promet de n'accorder aucune concession de chemin de fer dans un rayon de 40 milles de la voie ferrée.

On se souvient que la Compagnie anglaise demandait tout d'abord : 1° une prolongation de sa concession; 2° un prolongement d'une centaine de kilomètres, dont une moitié partant de Dineir, terminus actuel, devrait aboutir à Bouldour, et l'autre moitié partant également de Dineir aurait abouti au lac Egherdir; 3° la navigation sur le lac Egherdir; 4° le droit de préférence dans le cas où le gouvernement voudrait un jour donner la concession de la construction d'une ligne aboutissant au golfe d'Adalia, la distance de Bouldour ou d'Egherdir à ce golfe étant de 100 kilomètres.

Ce n'est qu'après de longues négociations qu'elle a pu obtenir les avantages enregistrés par l'iradé du 15 septembre.

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III. AFRIQUE.

Algérie. A la frontière algéro-marocaine. Nous avons annoncé, dans notre livraison du 16 août, que l'administration algérienne, d'accord avec le gouvernement, avait, à la date du 5 août, interdit certaines exportations d'Algérie, à destination du Maroc. Cette prohibition s'appliquait notamment à la région d'Oudjda et avait pour but de venir à bout de l'hostilité du makhzen d'Oudjda qui écartait toutes nos demandes par une fin de non-recevoir et refusait même de discuter les réclamations adressées par les autorités algériennes conformément aux règles établies par les accords franco-marocains. En présence de la nouvelle attitude du makhzen d'Oudjda, le gouverneur général de l'Algérie vient de lever l'interdiction qui frappait cette ville. Le commandant du poste militaire d'Adjeroud est descendu, le 16 septembre, à Port-Say pour communiquer aux négociants la dépêche officielle que venait de lui transmettre à ce sujet le commandant supérieur du cercle de Marnia.

Le blocus commercial d'Oudjda durait depuis quarante jours.

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Maroc. L'anarchie marocaine. Des incidents d'une certaine gravité se sont produits, à Casablanca, le 14 septembre. Le chérif Ma El Aïnin qui s'y trouvait depuis quelques jours, et sa suite, ont suscité des troubles qui, à un certain moment, ont mis la sécurité des Européens en danger. Une bande de ces musulmans armés ont attaqué et pillé un atelier appartenant à un forgeron mécanicien français nommé Lécuyer; cet atelier est situé près des portes de la ville. Les malfaiteurs, après avoir emporté quantité d'objets se trouvant dans l'atelier et frappé les gardiens indigènes, conduisirent ces derniers auprès du chérif Ma El Aïnin, qui, ayant appris que le propriétaire de l'atelier était Français, aurait ordonné de le rechercher et de le lui amener mort ou vif. Heureusement, M. Lécuyer en fut averti à temps et avisa immédiatement le consul de France.

Les gens du chérif armés continuèrent, au nombre d'une cinquantaine, à parcourir les rues de la ville en proférant des menaces de

mort et en cherchant les Français. Un sujet espagnol et un Italien furent blessés à coups de pierre; un Anglais, menacé par un indigène armé, dut se réfugier à son consulat. La même bande revint au même atelier et tira plusieurs coups de fusil sur les ouvriers espagnols qui y travaillaient. Ils ne furent pas atteints et purent s'enfuir. A la suite d'une démarche de notre consul auprès de ses collègues, une protestation énergique fut adressée par l'entremise des interprètes des consulats au gouverneur de la ville en le rendant responsable de tous dommages présents ou futurs. Le gouverneur, quoique ayant promis de prendre les mesures nécessaires, se borna à placer quelques soldats aux portes de la ville, sans faire arrêter les coupables. Le lendemain le calme était rétabli, le chérif étant parti, dit-on, pour Mogador avec sa suite. Les plaintes et protestations, tant de la part de notre consul que du corps consulaire, ont été adressées au gouverneur après le départ du chérif.

Il semble être établi que cette manifestation était antichrétienne, les israélites et les indigènes n'ayant été nuliement inquiétés. L'émotion produite par ces événements dans la population de Casablanca et à Tanger a été considérable. D'autre part, cette regrettable affaire a inspiré à notre collaborateur Robert de Caix les réflexions suivantes, qui ont paru dans le Journal des Débats du 18 septembre, et auxquelles nous nous associons pleinement:

La Conférence d'Algésiras, provoquée par la politique allemande qui a si peu favorisé les intérêts des étrangers au Maroc, a du moins prévu des remèdes contre les cas extrêmes de la nature de ceux qui viennent de se produire à Casablanca et Mogador. Elle a décidé que des corps de police dirigés par des officiers français et espagnols seraient créés dans les huit ports marocains ouverts aux étrangers. C'est une décision à laquelle s'est rallié le sultan en ajoutant sa signature à celle des puissances au bas de l'Acte général d'Algésiras. Peut-être le Makhzen espérait-il se rattraper de cette adhésion de forme, qu'il lui était bien difficile de refuser, en pratiquant une obstruction de détail qui l'empêcherait d'avoir aucun effet. Il appartient aux ministres des puissances d'obliger le Makhzen à renoncer à ce calcul s'il l'a fait. Nous ne savons pas si l'Allemagne persiste dans la politique qui lui a fait introduire dans la question marocaine des préoccupations qui lui étaient fort étrangères et qui n'y voyaient qu'une occasion, mais en tout cas, les autres puissances désirent sincèrement l'organisation d'une police efficace par ceux auxquels ce soin a été confié. Le ministre des Etats-Unis à Tanger, M. Gummeré, qui monte à Fez, va pouvoir le rappeler au sultan, pour ce qui est du moins de l'Amérique. Si on a été sceptique sur l'efficacité de la police des ports pour faire régner l'ordre dans une zone un peu étendue autour de chacun d'eux et protéger les intérêts européens qui tendaient à s'y créer, personne n'a jamais douté qu'elle dût réussir à défendre les étrangers à l'intérieur des villes où elle tiendra garnison. Et les derniers événements viennent de montrer que c'est jusque intra muros que se pose maintenant la sécurité des étrangers au Maroc. Les gouvernements français et espagnol devront s'appliquer à l'exécution de l'Acte d'Algésiras, s'ils ne veulent pas voir l'anarchie marocaine leur imposer inopinément des obligations beaucoup moins précises et limitées.

R. C.

Congo. La mission Congo-Cameroun. - D'après une lettre datée de Baboua (Congo), juillet, et publiée par le Temps, il se confirmait à cette époque que la mission Moll éprouvait, pour progresser vers le Nord, des grandes difficultés. Une des brigades géodésiques aurait été attaquée au mont Dé par les indigènes embusqués dans les rochers et aurait eu quelques tirailleurs blessés. Un autre détachement aurait dû s'ouvrir un passage de vive force aux environs du 8o parallèle. Le gros de la mission était au mois de juin sur le haut Logone et les convois étaient entreposés à Baïboko en un point de ses rives d'où ils devaient utiliser les voies fluviales pour descendre à Laï et jusqu'au 10° parallèle en étudiant le cours et la navigabilité du fleuve.

Le climat au commencement de la mauvaise saison et les fatigues auraient éprouvé la santé de plusieurs membres de la mission; aux dernières nouvelles, tous seraient complètement rétablis.

En présence de la situation chaque jour plus difficile et du manque absolu de sécurité dans les régions nouvelles que la mission doit traverser, le commandant Moll avait confié au lieutenant Tournier, membre de la mission, le soin de rapporter en France par la voie de la Sangha et Brazzaville les travaux de la mission jusqu'à ce jour, les collections seules déjà expédiées en amont prendraient la route de Laï par le Logone. Le lieutenant Tournier est attendu par le prochain courrier.

Sénégal. Réorganisation de la police. Le gouverneur général de l'Afrique Occidentale Française vient de prendre un arrêté réorganisant la police au Sénégal. Aux termes de cet arrêté, ce service sera dorénavant assuré par des gardes de police à cheval recrutés exclusivement parmi les anciens militaires ou marins indigènes au service de l'Etat. L'effectif sera fixé chaque année par voie budgétaire.

- La fièvre jaune à Dakar. Le ministre des Colonies vient de communiquer à la presse la note suivante :

Un cas de fièvre jaune a été constaté à Dakar. On a procédé aussitôt à l'isolement du foyer d'infection et à la destruction des stégomyias, moustiques propagateurs de la maladie. Chaque année, d'ailleurs, à pareille. époque on signale quelques cas sporadiques du fléau, toujours enrayés très vite grâce aux moyens sévères et sûrs dont dispose aujourd'hui notre personnel médical.

Tout malade en effet est protégé contre les piqûres des moustiques propagateurs de la fièvre et ceux de la maison contaminée et des alentours sont détruits avec grand soin; on sait que le dangereux insecte ne s'écarte pas de l'endroit où il naît et qu'un isolement de treize jours suffit à déclarer indemnes les habitants des localités suspectes.

La zone Gorée-Dakar-Rufisque est mise en observation et l'envoi du personnel au Sénégal est provisoirement suspendu.

Niger. La navigation du Niger.- Un arrêté du gouverneur général de l'Afrique Occidentale Française institue un service régulier

de navigation sur le Niger entre Koulikoro (point terminus de la voie ferrée reliant le Sénégal au Niger) et Tombouctou.

La tête de ligne est Koulikoro. Ce service de navigation est destiné à assurer en toute saison le service de la poste, et tant que la crue du fleuve le permet, le transport des passagers et des marchandises.

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Cuba. L'insurrection à Cuba. L'intervention des Etats-Unis. Comme il était prévu, l'aggravation de l'insurrection cubaine a décidé les Etats-Unis à intervenir dans le conflit. Le 15 septembre, le président Roosevelt a adressé à M. Quesada, ministre de Cuba à Washington, une lettre contenant le passage suivant:

Cuba n'a qu'un moyen de conserver son indépendance, c'est de montrer que le peuple cubain peut continuer à marcher pacifiquement et tranquillement dans la voie du progrès. Les Etats-Unis n'interviendront dans les a ffaires cubaines que si la jeune République montre qu'elle a pris l'habitude des insurrections, qu'elle manque de cette retenue nécessaire à un gouvernement indépendant et que les factions rivales l'ont plongée dans l'anarchie.

J'adjure tous les patriotes de s'unir, d'oublier tous leurs différends personnels et de se souvenir que le seul moyen de conserver l'indépendance de leur République est d'éviter la nécessité d'une intervention étrangère la sauvant de l'anarchie et de la guerre civile.

J'espère sincèrement que mes paroles seront sérieusement méditées et qu'on s'y conformera, car alors l'indépendance permanente de Cuba sera assurée.

D'après le traité conclu avec votre gouvernement, j'ai, comme Président de la République des Etats-Unis, un devoir auquel je ne faillirai pas. L'article 3 de ce traité donne expressément aux Etats-Unis le droit d'intervention pour maintenir à Cuba un gouvernement capable de protéger la vie, les biens et la liberté individuelle des habitants. Le traité me conférant ce droit est formel et il me fournit le droit et les moyens de remplir l'obligation que j'ai de protéger les intérêts américains. Aussi, je déclare qu'il est urgent pour le bien de Cuba que les hostilités cessent immédiatement et qu'un arrangement soit fait qui assure la pacification permanente de l'île.

M. Roosevelt a en outre décidé d'envoyer à Cuba M. Taft, secrétaire d'État à la guerre, et M. Bacon, secrétaire d'Etat aux Affaires étrangères, afin de s'entremettre entre gouvernementaux et insurgés et de les amener à signer un compromis de paix. MM. Taft et Bacon, arrivés à Cuba le 17, ont immédiatement commencé leurs négociations; mais leurs efforts ont échoué et M. Taft a dû prononcer l'établissement dans l'ile d'un gouvernement provisoire dont il s'est déclaré le chef.

QUEST. DIPL. ET COL. T. XXII.

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