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René ROGER, Éditeur, 27, rue Bonaparte, Paris-VI

Dernières Nouveautés 1906:

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Nord-Ouest de Madagascar. Un volume in-18, relié toile....
GALLOIS (EUG.): Une croisière française au Spitzberg. Une broch. in-12.
LEMOIGNE : Le caoutchouc dans les colonies françaises, avec préface de
M. Dyboneski, Inspecteur général de l'Agriculture coloniale. Un vol. in-8°. 2 fr.
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2 fr. >> A. SALAIGNAC La question du Siam et la défense de l'Indo-Chine. Une brochure in-8° de 45 pages, avec une carte ..... 1 fr. 25 GONDAL Islamisme et Christianisme. Un volume grand in-18.. 1 fr. 50 HOUDAS, Professeur à l'Ecole des Langues orientales Précis de grammaire arabe (Etude de l'arabe régulier et de l'arabe vulgaire). Un vol. in-8°, cart. toile. 6 fr. }} PERNOT, Répétiteur à l'Ecole des Langues orientales Manuel de conversation français-grec moderne. Prononciation, dialogues et lexique. Un volume in-12, cartonné toile .... 3 fr. >> RAHIDY (R. P.) Cours pratique de langue malgache. Are partie: Grammaire, relié toile.

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DIPLOMATIQUES ET COLONIALES

NOTES SUR LES PARTIS RUSSES

L'étude suivante est une esquisse de la formation, de l'évolution et de l'état actuel des partis russes.

Les événements des deux dernières années ne sont rappelés qu'en fonction de l'histoire ou du programme de ces partis.

Les partis de la droite et du centre ne seront pas négligés sous prétexte que les partis de gauche ont été presque seuls représentés à la première Douma. Les partis de gauche ne seront pas davantage laissés dans l'ombre sous prétexte que les cadets viennent d'être vaincus aux élections de ces zemstvos au nom desquels en 1905 avant les élections générales pour la première Douma ils élevèrent si haut la voix dans différents Congrès. Tous ces partis sont vivants. Il semble impossible de dire lesquels auront en fin de compte la lourde responsabilité d'assurer l'avenir de l'Empire des tsars.

AVANT LE MANIFESTE DU 18 FÉVRIER 1905

Depuis longtemps le libéralisme existe, grandit et lutte en Russie. Ce pays jeune n'est pas impunément voisin de l'Europe occidentale, plus avancée dans son évolution comme Pierre le Grand, les libéraux copient des modèles européens.

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Sous Catherine II, les loges maçonniques préparent le mouvement qui s'accélère sous Alexandre Ier, élève du Suisse La Harpe et ami de Speranski : l'armée russe n'a pas en vain séjourné dans le Paris en fermentation de la fin du premier Empire. A l'avénement de Nicolas Ier, dont on savait les idées absolutistes, un coup d'Etat tenté par les sociétés secrètes échoue. Pendant tout ce règne, il y a officiellement compression de toutes idées, de toutes velléités libérales. Néanmoins, alimenté par des sources françaises et allemandes, le courant grossit, mais sous terre. Il se précipite à ciel ouvert quand tombe Sébastopol.

Mais la révolution polonaise de 1863 marque la fin de la

QUEST. DIPL. ET COL. -T. XXII. - N° 234.

16 NOVEMBRE 1906.

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première partie, de la partie libérale du règne d'Alexandre II. Sous prétexte de broyer les Polonais, puis d'exterminer le nihilisme, les partisans de l'autocratie reprennent le dessus. Au lieu de remonter aux causes d'agitation, on en revient aux procédés empiriques de compression. Philosophes, historiens, poètes, romanciers et politiques d'une part, paysans à court de terre de l'autre préparent une poussée nouvelle. Elle s'exerce au moment des victoires japonaises dont l'effet est analogue à celui qu'eurent au milieu du XIXe siècle les victoires francoanglaises la bureaucratie convaincue d'incapacité et d'impuissance ne se sent plus la force de résister à ses adversaires dont les efforts redoublent 1.

Jusqu'à la mort de M. Plehve, la lutte est engagée entre le gouvernement et les éléments de gauche semblant faire bloc. A partir de cette date, les ministères durent peu. Ils ne continuent pas l'œuvre les uns des autres leur travail vu d'ensemble, rappelle celui de Pénélope. La plupart sont hétérogènes des coteries ou des hommes s'y combattent (la rivalité de M. Witte et de M. Dournovo restera l'exemple typique). Le gouvernement devient hésitant. Il fait naître des espérances immenses et accorde très peu. D'où une poussée de gauche de plus en plus forte. Les partis de gauche dont les adhérents deviennent de plus en plus nombreux prennent le droit de discuter et de s'organiser. Ils apparaissent divers, opposés les uns aux autres, depuis les girondins jusqu'aux lanceurs de bombe en passant par les jacobins et les socialistes. La droite conservatrice, exaspérée de voir le gouvernement s'abandonner, s'organise en plusieurs groupements, dont certains dans les moments d'anarchie reprennent à leur compte la politique de répression au lieu de la répression bureaucratique, militaire et policière, c'est la répression par les bandes noires et les foules soulevées. Entre ces deux coalitions de gauche et de droite, au «< centre » - pour employer une expression de notre parlementarisme occidental - des partis de juste milieu s'efforcent de faire valoir des solutions modérées.

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M. Plehve avait lutté contre les zemstvos libéraux. Il avait envoyé M. Sturner faire une enquête sur le zemstvo de Tver, connu depuis longtemps pour ses opinions avancées, à peu près républicaines. Le missus dominicus avait constaté que des écoles n'avaient ni images saintes, ni portrait de l'empereur; il avait noté dans son rapport des réponses d'enfants qui parurent stupéfiantes. Le zemstvo de Tver avait été frappé. Bien

1 Voir : Revue de Paris, 1er février 1906; les Partis en Russie, par M. KovaLEVSKY.

plus, l'« union des zemstvos » avait été dissoute. C'était une sorte de permanence dirigée par M. Chipoff. Dès qu'il y avait à pourvoir à un des emplois auxquels nomment les zemstvos,

instituteur, médecin, etc. -un candidat de gauche était aussitôt proposé et appuyé par l'Union; des étudiants amis fournissaient, dit-on, toute une documentation permettant d'opérer à coup sûr. Ainsi l'Union exerçait son influence antiautocratique sur les zemstvos de droite eux-mêmes.

Le prince Sviatopolk Mirski, grand partisan du laisser-faire et de la persuasion, suit à l'égard des zemstvos une politique toute différente de celle adoptée par l'autoritaire M. Plehve. Il laisse les représentants des zemstvos se réunir à Saint-Pétersbourg pendant l'automne de 1904. C'est alors que M. Chipoff est débordé. M. Chipoff conseillait une tactique opportuniste, prudente et quelque peu machiavélique : il faut avant tout ne pas troubler l'ordre, ne pas effrayer; on demandera peu : qu'il y ait au conseil de l'Empire, à côté des membres nommés, des membres élus; les zemstvoïstes, une fois entrés dans le conseil, l'enraieront; ils obtiendront ainsi de se constituer en assemblée distincte; ce sera le commencement d'une chambre élective, le rudiment du parlementarisme. La grande majorité des zemstvoïstes raisonna tout autrement demain peut venir un ministère réactionnaire; il faut obtenir des avantages immédiats; il faut lutter pour le parlementarisme.

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Le prince Sviatopolk Mirski consentait à tout examiner, sauf l'idée de parlementarisme qu'il repoussait énergiquement. Il rompit avec les zemstvoïstes.

DU MANIFESTE DE FÉVRIER A CELUI d'octobre (1905)

D'après le manifeste du 18 février, des élus de la population seront appelés à participer aux travaux législatifs : une cristallisation des partis commence à s'opérer.

Les promesses du manifeste seront-elles tenues? La droite s'efforce de s'y opposer: il ne faut pas de Douma.

N'ira-t-on pas plus loin que le manifeste? Le parti constitutionnel-démocrate en formation, qu'on désigne alors sous le nom de parti de la majorité des zemstvos et qui recevra le surnom de cadets (K. D.), prend acte des promesses du tsar. Mais il ne s'en tient pas là. Il ne se place pas sur le terrain du manifeste. Il a pour idéal, autant qu'on peut dès lors dégager son programme, le parlementarisme et le suffrage universel.

Quel est le sens et la portée du manifeste? De février à octobre

les partis qui prennent le manifeste de février pour base peuvent être regardés comme les partis du centre. Il y a trois de ces partis.

Le parti Khomiakoff représente, à l'origine, la majorité des assemblées de la noblesse et la minorité des zemstvos. Il s'occupe bien plus de la compétence de la Douma que de questions électorales. Il ne veut pas d'une Douma purement consultative. Il demande que ses membres aient qualité de représentants du peuple. Il est partisan de la responsabilité ministérielle.

Le parti Chipoff s'est détaché du premier. Il comprend la minorité du congrès de Saint-Pétersbourg. Il reconnaît aux membres de la Douma la qualité de représentants du peuple; mais il ne demande pour la Douma que voix consultative. Pour lui, l'important est que la Douma soit bien composée. Il craint que du suffrage universel sorte une douma réactionnaire. Il demande que les députés soient élus par les Doumas municipales et les zemstvos avec adjonction d'électeurs à déterminer. Ces deux partis veulent la liberté religieuse et l'égalité entre les diverses nationalités.

Le parti Samarine, ou de la minorité des assemblées de la noblesse, est très différent. Il est orthodoxe et nationaliste russe. Il demande l'inéligibilité des juifs à la Douma. Il ne reconnaît à la future assemblée qu'un pouvoir consultatif. Il n'admet point, bien entendu, la responsabilité ministérielle. Les élus n'auront pas la qualité de représentants du peuple. A ce parti très à part se rallient la plupart des slavophiles qui sont hostiles à la bureaucratie, qui est d'origine étrangère, et demandent le zemski sobor des vieux tsars.

Tandis que les partis du centre discutent à perte de vue, les promesses du manifeste sont mises en œuvre par la commission Bouliguine, par le Conseil de l'Empire, puis par une commission spéciale présidée par le tsar.

Pendant cette période, le tsar reçoit les délégations les plus diverses, parmi lesquelles la grande délégation libérale à la tête de laquelle était le prince Troubetzkoï. Chacune reçoit de bonnes paroles, de vagues promesses. Aucune n'est découragée.

Le projet gouvernemental à peine élaboré, la majorité zemstvoïste, ou les constitutionnels-démocrates d'aujourd'hui, refuse de l'accepter.

C'est alors la rentrée scolaire. Les universités, dans les bâtiments à immunité desquelles la police ne pénètre pas facilement, deviennent des ruches révolutionnaires: des ouvriers s'y mêlent aux étudiants; on y tient des meetings. A Moscou, le

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