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M. Gérard, ambassadeur de France, et M. Beau, gouverneur génėral de l'Indo-Chine, ont ensuite remercié le Comité de l'Asie Française et son président, en quelques mots très applaudis.

Le

-La Fédération des industriels et des commerçants français. déjeuner mensuel de la Fédération des industriels et des commerçants français a eu lieu, le 10 novembre, à l'hôtel Continental, sous la présidence de M. André Lebon. Au dessert, M. Martin-Saint-Léon, conservateur de la bibliothèque du Musée social et auteur d'une étude approfondie sur les Cartels et les Trusts', a fait une causerieconférence sur : la campagne d'opinion et les récentes mesures législatives contre les abus des trusts américains. Après avoir rappelé brièvement quels avantages économiques procèdent des trusts et quels inconvénients sont la contre-partie de ces avantages, le conférencier a traité plus spécialement des abus reprochés aux trusts du pétrole et de la viande. En terminant, le conférencier, tout en spécifiant clairement que la nation et même l'industrie américaines dans sa généralité ne peuvent être responsables de ces abus qu'elles ont hautement réprouvés, a opposé au trust notre conception française de l'association et il a félicité nos industriels de demeurer fidèles à des traditions et à des scrupules qui font leur honneur.

M. André Lebon, prenant ensuite la parole, a dégagé de cette causerie que l'idée de trust est en elle-même respectable, parce qu'elle témoigne de l'esprit de solidarité des industriels, qui se concertent entre eux pour assurer de vastes débouchés à leurs produits, mais que malheureusement les abus commis par ces associations sont des plus blamables.

Allemagne. La retraite de M. de Polbielski. L'empereur Guillaume II vient enfin d'accepter la démission que le ministre de l'Agriculture de Prusse, M. de Podbielski, avait envoyée au chancelier de l'Empire dès le 13 août dernier. Nous avons, à l'époque, parlé de cette affaire. On sait que les hésitations de l'empereur à se séparer de M. de Podbielski avaient accrédité dans le public allemand l'opinion qu'il s'agissait d'une sorte de conflit d'influence entre le chancelier de l'empire et le ministre de l'Agriculture. On avait même parlé à ce propos de la retraite possible de M. de Bülow. Le départ de M. de Podbielski a été, dans ces conditions, généralement envisagé comme un succès de la politique de M. de Bülow.

Angleterre. La convention franco-anglaise sur les Nouvelles-Hébrides. -Le gouvernement britannique vient de publier un Livre bleu con

1 Cf. sur cette question des cartels et des trusts les articles précédemment parus dans les Questions Diplomatiques et Coloniales: FRANCONIE, Les Trusts américains, t. XIV, p. 1-25 et p. 201-212; MOREUX, La crise industrielle allemande, syndicats de coalition ou cartels, t. XIII, p. 717-732.

tenant le texte de la convention déterminant le régime applicable aux Nouvelles-Hébrides. Voici les principales dispositions de cette convention:

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1o L'archipel des Nouvelles-Hébrides, y compris les îles de Banks et de Torrès, formera un territoire d'influence commune sur lequel les sujets et citoyens des deux puissances signataires jouiront des droits égaux de résidence, de protection personnelle et de commerce, chacune des deux puissances demeurant souveraine à l'égard de ses nationaux et ni l'une ni l'autre n'exerçant une autorité séparée sur l'archipel.

2o Les ressortissants des tierces puissances jouiront des mêmes droits et seront soumis aux mêmes obligations que les citoyens français et les sujets britanniques. Ils auront à opter, dans un délai de six mois, pour le régime applicable aux ressortissants de l'une ou de l'autre puissance. A défaut d'option de leur part, les hauts commissaires dont il est parlé à l'article 2 ci-après, ou leurs délégués, détermineront d'office le régime sous lequel ils devront être placés.

3o Pour tout ce qui ne sera pas contraire aux dispositions de la présente convention ou aux règlements qui seront pris pour en assurer l'exécution, les ressortissants des deux puissances signataires, ainsi que les ressortissants des tierces puissances, conserveront dans toute sa plénitude leur statut personnel et réel dans l'archipel des Nouvelles-Hébrides. 4o Les deux puissances signataires s'engagent mutuellement à ne pas élever de fortifications dans l'archipel, et à ne pas y installer d'établissements de déportation ou de transportation.

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ART. 2. 1° Deux hauts commissaires nommés, l'un par le gouvernement de la République française, l'autre par le gouvernement de Sa Majesté britannique, représenteront dans l'archipel les puissances signataires ;

2o Chacun des hauts commissaires sera assisté d'un commissaire résident, auquel il déléguera, dans la mesure qu'il jugera utile, son autorité et qui le représentera dans l'archipel lorsqu'il n'y résidera pas.

ART. 3. - 1o Le siège, dans l'archipel, de l'un et de l'autre gouvernement et du tribunal mixte prévu à l'article 10 de la présente convention sera établi à Port-Vila, dans l'ile de Vaté.

ART. 5. Chacune des deux puissances signataires pourvoira aux dépenses de son administration propre dans l'archipel.

ART. 6. 1o La commission navale mixte prévue par l'article 2 de la convention du 16 novembre 1887 sera chargée de coopérer au maintien de l'ordre dans l'archipel.

2o Dans les cas d'urgence, son action s'exercera sur réquisition concertée des deux hauts commissaires ou de leurs délégués.

ART. 7. Les hauts commissaires auront le pouvoir d'édicter conjointement, pour le maintien de l'ordre et la bonne administration, ainsi que pour les mesures d'exécution nécessitées par la présente convention, les règlements locaux applicables à tous les habitants de l'archipel, et de sanctionner ces règlements par des pénalités n'excédant pas un mois de privation de liberté et 500 francs d'amende.

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ART. 8. 1° Par le mot indigène, on entend, dans la présente convention, toute personne de race océanique ne ressortissant pas, d'après son statut personnel, soit comme citoyen, soit comme sujet ou protégé, à l'une des deux puissances signataires;

2o Aucun indigène, dans le sens ainsi défini, ne pourra acquérir, dans l'archipel, la qualité de ressortissant à l'une des deux puissances signataires ;

3o Les hauts commissaires et leurs délégués auront autorité sur les chefs des tribus indigènes. Ils auront, en ce qui concerne les tribus, le pouvoir d'édicter des règlements d'administration et de police, et d'en assurer l'exécution.

4o Ils devront respecter les mœurs et les coutumes des indigènes pour tout ce qui ne sera pas contraire au maintien de l'ordre et de l'humanité. ART. 10. - 1° Il sera établi un tribunal mixte composé de trois juges, dont un président. Un quatrième magistrat représentera le ministère public et procédera à tous les actes d'instruction. Ce tribunal sera assisté d'un greffier et du personnel auxiliaire nécessaire.

ART. 18. Les langues officiellement usitées devant le tribunal mixte seront la langue française et la langue anglaise. Les débats seront interprétés et la rédaction des jugements devra être faite dans les deux langues lorsque le procès aura lieu entre ressortissants français et anglais. Les registres du greffier devront être tenus dans les deux langues.

ART. 20. 1 Il ne pourra être armé, dans l'archipel des NouvellesHébrides, y compris les iles de Banks et de Torrès, que des bâtiments destinés à naviguer sous les pavillons de l'une des deux puissances signataires.

2o Les hauts commissaires détermineront, chacun en ce qui concerne les bâtiments naviguant dans l'archipel sous le pavillon de la puissance qu'ils représenteront, les règles auxquelles sera soumise la navigation de ces bâtiments. ART. 29. Il n'est en rien dérogé, par la présente convention, en ce qui concerne les bâtiments armés en dehors de l'archipel, aux règles respectivement tracées par les lois et règlements de la puissance sous le pavillon de laquelle naviguera le bâtiment.

ART. 31. 1o Aucun bâtiment ne pourra se livrer au recrutement des travailleurs indigènes dans l'archipel des Nouvelles-Hébrides, y compris les îles de Banks et de Torrès, que si le navire est sous le pavillon de l'une des deux puissances signataires et s'il est muni d'un pouvoir de recrutement délivré par le haut commissaire représentant celle des puissances signataires sous le pavillon de laquelle le bâtiment naviguera, ou par son délégué.

4o Les permis de recruter ne sont valables que pour une année.

ART. 57. - 1o A partir de la mise en vigueur de la présente convention, il sera interdit dans l'archipel des Nouvelles-Hébrides, y compris les iles de Banks et de Torrès, et dans les eaux territoriales du groupe, de vendre ou de livrer aux indigènes, de quelque façon et sous quelque forme que ce soit, en dehors des exceptions limitativement énumérées ci-après, des armes et des munitions de guerre.

L'article 58 énumère quelques exceptions.

ART. 59. - 1o A partir de la mise en vigueur de la présente convention, il sera interdit dans l'archipel des Nouvelles-Hébrides, y compris les iles de Banks et de Torrès, et dans les eaux territoriales du groupe, de vendre ou de livrer aux indigènes de quelque façon et sous aucun prétexte que ce soit, des boissons alcooliques.

-Les élections municipales de Londres. Les élections municipales qui ont eu lieu à Londres au commencement de ce mois ont été une

victoire importante pour les conservateurs. Les conseillers sortants se répartissaient ainsi conservateurs, 585; libéraux, socialistes et indépendants, 777. Les nouveaux membres des borough councils sont : conservateurs, 1.011; libéraux, socialistes et indépendants, 351. Les conservateurs ont la majorité dans 24 arrondissements sur 28. Cette victoire a été très commentée au point de vue politique, el on en a naturellement déduit que le gouvernement libéral ne rencontre plus actuellement dans le pays l'enthousiasme qui se manifesta en sa faveur lors des élections législatives de 1906.

Autriche-Hongrie. - Mort de l'archiduc Othon. - L'archiduc Othon, neveu de l'empereur François-Joseph et frère de l'archiduc héritier François-Ferdinand, vient de mourir à Vienne, à la suite d'une longue et douloureuse maladie.

L'archiduc Othon était âgé de 41 ans. Il venait immédiatement après l'archiduc François-Ferdinand dans l'ordre de succession au trône d'Autriche-Hongrie. C'est son fils ainé qui lui succède à cet égard et devient deuxième héritier présomptif, l'archiduc François-Ferdinand ayant renoncé pour ses héritiers directs à tout droit sur la couronne, au moment de son mariage avec la princesse de Hohenberg, née comtesse Chotek.

Le nouveau ministre des Affaires étrangères, baron d'Aerenthal. Le nouveau ministre austro-hongrois des Affaires étrangères, baron d'Aerenthal, ancien ambassadeur d'Autriche-Hongrie en Russie, s'est rendu, le 5 novembre, à Saint-Pétersbourg, pour présenter au tsar ses lettres de rappel. A son retour, le baron d'Aerenthal s'est arrêté quelques jours à Berlin. Au sujet de ce voyage, le correspondant berlinois du Temps a télégraphié à son journal ces intéressants renseignements:

Un diplomate allemand me dit, à propos du voyage du baron d'Aerenthal à Saint-Pétersbourg et à Berlin, que les rapports entre Vienne et SaintPétersbourg deviennent plus étroits et qu'en même temps les relations entre Berlin et Saint-Pétersbourg gagnent en cordialité. Mais ce n'est pas une raison de parler de la restauration de la Sainte-Alliance non plus que de nous soupçonner de tenter à notre tour de débaucher la Russie. Nous savons que l'alliance franco-russe est intacte, et nous ne perdons pas de vue que des deux parties c'est la Russie qui a le plus d'intérêt à son maintien. Nous ne désirons avoir avec la Russie que d'amicales et confiantes relations de voisinage, et de voir se continuer et s'accentuer l'intimité entre les deux souverains. A Paris, d'ailleurs, on doit savoir que nous n'avons pas d'arrière-pensée qui soit de nature à jeter de la méfiance dans les bons rapports entre la France et l'Allemagne et on peut ajouter que, pour notre part, nous sommes persuadés des intentions du ministère Clemenceau d'entretenir de bons rapports avec l'Allemagne. Des conversations précises ne laissent aucun doute à cet égard pour les deux gou

vernements.

D'autre part, avant de se rendre à Saint-Pétersbourg, le baron

d'Aerenthal avait échangé avec le ministre des Affaires étrangères d'Italie, M. Tittoni, des dépêches télégraphiques très cordiales, exprimant la ferme intention, de part et d'autre, de faire une politique d'accord et de rendre les relations plus cordiales entre l'Autriche et l'Italie. Enfin, dès le lendemain de sa prise de possession du ministère commun des Affaires étrangères, le baron d'Aerenthal eut avec le premier ministre hongrois, M. Wekerlé, une conférence de plusieurs heures, dont la longueur inusitée fut particulièrement remarquée. A la suite de cette entrevue, M. Wekerlé déclara à des amis et à des journalistes que M. d'Aerenthal lui avait promis que tous les désirs du gouvernement hongrois, au point de vue de la parité de la Hongrie dans le ressort du ministère des Affaires étrangères, seront satisfaits augmentation du nombre des Hongrois dans les emplois, tant au ministère que dans les représentations à l'extérieur; octroi de nouveaux emblèmes et armoiries dans les consulats et les légations, enfin correspondance en langue hongroise, c'est-à-dire la réponse faite désormais en hongrois à des demandes adressées dans cette langue par des particuliers ou des corporations habitant la Hongrie.

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Russie. L'apaisement en Russie. Le voyage de M. Isvolski. L'anniversaire de l'oukase du 30 octobre, qui instituait le régime constitutionnel en Russie, s'est passé dans le plus grand calme, malgré les inquiétudes préventives que l'on avait eues. Ce calme est l'heureux indice que l'apaisement tend à se faire dans l'Empire. On a toujours, il est vrai, à déplorer d'odieux attentats et de criminelles violences, mais ces faits si regrettables sont certainement moins fréquents et d'un caractère plus isolé, plus personnel que par le passé.

D'autre part, le ministre des Affaires étrangères, M. Isvolski, est rentré à Saint-Pétersbourg après avoir passé quelques jours à Berlin. Les journaux se disant bien renseignés ont publié, au sujet de ce voyage de M. Isvolski, les indiscrétions les plus abondantes et aussi les plus fantaisistes. Nous n'en voulons retenir que l'affirmation officieuse publiée à Saint-Pétersbourg que le ministre russe des Affaires étrangères a été très satisfait de son Paris.

voyage à

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Les

Maroc. L'insécurité marocaine. Déclarations de M. Regnault. incidents continuent à se produire nombreux au Maroc, qui accusent de plus en plus l'état regrettable d'anarchie régnant dans ce pays. A peine les affaires d'Arzila étaient-elles arrangées, si l'on peut ainsi parler, par l'abdication du Makhzen entre les mains d'Erraïssouli nommé officiellement, dit l'Agence Havas, pacha d'Arzila et des provinces voisines qu'un nouvel incident avait lieu à Tanger, intéressant plus directement notre pays.

Le 5 novembre, des bateliers marocains assaillirent à coups de

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