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PARIS. IMPRIMERIE F. LEVE, RUE CASSETTE. 17,

MASS.

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QUESTIONS

Diplomatiques et Coloniales

REVUE DE POLITIQUE EXTERIEURE

PARAISSANT LE 1er ET LE 18 DE CHAQUE MOIS

Pages

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Les déboires coloniaux de l'Allemagne.
Les emprunts des colonies françaises de 1904 à 1905
L'agitation musulmane dans l'Afrique du Nord... S5

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CHRONIQUES DE LA QUINZAINE

Renseignements politiques. France. Discours de M. G. Leygues, ministre des Co'onies, au banquet du Congrès colonial. Le « Livre jaune » sur la Conférence d'Algésiras. Angleterre. Discours de sir Edward Grey sur la politique étrangère. - Autriche-Hongrie. Le conflit douanier austro-serbe. Russie. Déclarations du général Trépof sur la situation de l'Empire. La question agraire.-Maroc. La mission de M. Malmusi à Fez... 110

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DIPLOMATIQUES ET COLONIALES

LES DÉBOIRES COLONIAUX DE L'ALLEMAGNE

Les colonies allemandes traversent depuis quelque trois ans une « maladie de croissance» assez grave. Elles souffrent, dans leur corps, si l'on peut dire, et dans leur àme. Elles sont profondément et diversement atteintes.

Nous avons exposé dans cette revue, l'automne dernier, deux affections, graves entre toutes, qui sévissaient alors à la surface du corps colonial allemand : nous voulons parler des révoltes d'indigènes qui éclatèrent simultanément ou à peu près dans les deux principales colonies que l'Empire possède dans l'Est et le Sud-Ouest africains. La paix, à l'heure qu'il est, n'est pas complètement rétablie encore dans ces deux territoires. Dans le Sud-Ouest africain, la campagne de répression est particulièrement dure et c'est à peine si l'on entrevoit maintenant la cessation prochaine des hostilités. Cette expédition contre les Herreros aura été, en tout cas, extrêmement coûteuse. Et l'opinion publique allemande, qui compte malgré tout pour quelque chose dans l'Empire, envisage avec ennui la perspective d'une lourde carte à payer. Sa mauvaise humeur a été encore accrue par les déclarations récentes de personnes autorisées réduisant à fort peu de chose les « possibilités » de cet établissement sud-africain, même pacifié. Le moment était donc fort mal venu pour découvrir au corps colonial allemand une autre maladie grave. Un pauvre homme qui est en train de guérir avec peine de la rougeole n'aime point à s'entendre dire qu'il est menacé d'une méningite.

C'est pourtant une épreuve de cette sorte que traverse présentement l'organisme colonial allemand. Une série de faits dénoncés à grand fracas vient de manifester chez ceux qui pré

1 Cf. un article du major général Leutwein dans la Deutsche Revue du mois de mai 1906. (Que peut-on faire encore du Sud-Ouest africain?).

QUEST. DIPL. ET COL. - T. XXII. — No 226. 16 JUILLET 1906.

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sident à ses destinées, soit dans les colonies mêmes, soit à Berlin, à la section coloniale du ministère des Affaires étrangères, un état d'esprit des plus fâcheux, voire une indignité absolue. Il y a lieu en effet de tenir pour acquise l'indignité du haut fonctionnaire dont les méfaits au Cameroun ont amorcé le scandale actuel : nous avons nommé M. Jesko de Puttkamer. Sans doute, les gouverneurs de cette sorte sont rares dans les colonies allemandes. M. de Puttkamer n'en représente pas moins une figure assez caractéristique. Il incarne, poussé à l'extrême, tourné en «< charge », si l'on veut, le type du mauvais fonctionnaire colonial allemand. La manière dont il entra dans l'administration, la carrière rapide qu'il y fit, l'impunité dont il bénéficia si longtemps, tout cela est instructif au plus haut point et jette un jour piquant sur les mœurs de la bureaucratie. A ce titre, l'odyssée de M. Jesko de Puttkamer mérite de nous arrêter tout d'abord quelques instants.

La famille de Puttkamer jouit, dans les milieux officiels prussiens, d'une haute influence et d'un grand prestige. La princesse de Bismarck appartenait, comme on se rappelle, à cette noble gens. Et un Puttkamer fut naguère ministre prussien. Aujourd'hui, à vrai dire, ce bon serviteur de la monarchie est mort, mais il eut le temps, avant de disparaître, d'appeler les faveurs officielles sur son fils Jesko. En quoi il rendit à son pays un bien médiocre service. Une renommée douteuse s'attachait en effet à ce jeune homme. Une association dont il faisait partie comme étudiant en droit l'avait « démissionné >> naguère avec éclat. Or, pour qu'on traitât de la sorte un Puttkamer, il fallait que celui-ci eût commis, en vérité, une faute bien lourde. Au demeurant, il convient que jeunesse se passe et l'on connaît des étudiants en droit pleins de turbulence qui ont donné des magistrats intègres et des pères de famille modèles. Malheureusement, telle ne fut point l'évolution de M. Jesko de Puttkamer, de l'adolescent terrible que ses camarades d'études appelaient familièrement der tolle Jesko (Jesko le Toqué). Admis par faveur à une fonction judiciaire, M. de Puttkamer y témoigna d'une incompétence si notoire et d'une humeur si extravagante qu'on se vit forcé de lui retirer sa charge au plus vite. Un autre, démonétisé sans retour, eût végété obscur, en quelque emploi infime; mais la famille de Puttkamer s'entremit et « Jesko le toqué » fut repêché. Son inaptitude à juger les blancs était désormais bien établie; mais M. de Puttkamer avait peut-être les qualités qui

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