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son application. Il était naturel que les divisions administratives tinssent compte de ce régime anormal et contradictoire. Enfin l'absence de moyens de transport, la difficulté des communications, l'éloignement ne permettaient guère au gouvernement central de Brazzaville de contrôler l'administration des larges domaines soumis à son autorité. Grâce à la répartition du pays en trois colonies, un effort curieux et appréciable de décentralisation est tenté. A l'instar de l'organisation de l'IndoChine et de l'Afrique Occidentale,' chaque colonie est placée sous l'autorité immédiate d'un lieutenant-gouverneur, assisté d'un secrétaire général et d'un conseil d'administration, et possède son budget propre 1.

Mais au-dessus de ces divisions demeure l'autorité centrale du commissaire général. Il est « le dépositaire des pouvoirs de la République dans toute l'étendue des possessions du Congo français et dépendances ». Résidant à Brazzaville, assisté d'un Conseil de gouvernement et d'un Secrétaire général, ayant rang de lieutenant-gouverneur, il maintient l'union, organise les services, règle leurs attributions, surveille leur action, centralise la correspondance et impose une communauté de vues et d'intérêts. De même, à côté et au-dessus des budgets locaux, existe le budget général, alimenté surtout par les contributions indirectes et la subvention métropolitaine et chargé d'acquitter les dépenses du gouvernement central ou d'intérêt général, et par une heureuse pratique de l'aide interbudgétaire, de venir en cas d'urgence en aide aux budgets locaux.

En somme, l'organisation nouvelle est étroitement inspirée de celle qui a été donnée à l'Indo-Chine et à l'Afrique Occidentale Française. L'évolution est certaine vers la constitution d'un gouvernement général du Congo. Déjà les cadres en existent, déjà la réalité l'a créé, si le nom est encore absent.

Aussi bien les mêmes heureux résultats que cette organisation a donnés à l'Indo-Chine et à l'Afrique Occidentale apparaissent au Congo. Un brillant développement économique s'y dessine, une heureuse prospérité financière s'y révèle, de grands projets de travaux publics et de dépenses d'intérêt général, s'y ébauchent, s'y élaborent.

1 Exceptionnellement le Moyen-Congo, dont le chef-lieu est le même que la capitale de l'ensemble de nos possessions, est placé sous l'autorité d'un administrateur en chef, faisant fonctions de lieutenant-gouverneur et assisté d'un conseil d'administration. D'autre part, dans l'Oubangui-Chari-Tchad, l'ancien territoire militaire du Tchad, tout en faisant partie intégrante de la colonie nouvellement instituée, demeure administré, mais sous le contrôle du lieutenant-gouverneur de Fort-dePossel, par l'officier commandant en chef des troupes qui y stationnent. Pour cette raison, le territoire du Tchad et celui de l'Oubangui conservent des comptabilités séparées.

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Naguère encore la mise en valeur ne dépassait point la région côtière, l'exploitation rationnelle et méthodique des richesses naturelles gagne aujourd'hui l'intérieur. Des agglomérations comme N'Djolé, Ouesso, Franceville, Brazzaville, Bangui sont devenues des centres importants de commerce et d'échange. Des cultures, comme celles de la vanille et du cacao, jadis très restreintes, commencent de se propager. Le caoutchouc, mieux exploité, donne un rendement meilleur. Les importations d'articles à l'usage des indigènes (armes, verroterie, objets de cuivre, tissus de coton, etc.) se développent chaque jour.

En onze ans, de 1894 à 1905, le commerce général est monté de 10 à 24 millions de francs. Notre graphique (page 719) et le tableau suivant indiquent la marche ascendante du développement des affaires :

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Les principaux produits à l'exportation ont subi les accroissements suivants :

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De cette extension des affaires, la situation financière de la colonie s'est naturellement ressentie.

Le trafic commercial assure au Congo des revenus réguliers. Au Gabon, les recettes douanières et les impôts de consommation (c'est-à-dire ayant un caractère purement fiscal et frappant certains objets d'usage courant, quelle qu'en soit l'origine), dans le Moyen-Congo et dans l'Oubangui-Chari-Tchad les taxes

ad valorem établies à la fois sur les importations et les exportations' attestent une augmentation régulière des rendements. Les recettes dépassent même depuis quelques années les prévisions budgétaires. Pour l'année 1904, qui est le plus récent exercice dont le compte définitif en recettes et en dépenses soit publié, les chiffres sont les suivants :

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Soit, au total, 330.099 francs de plus-value.

Les taxes à l'exportation ont présenté de même une augmentation continue et une plus-value sur les prévisions budgétaires. Voici les chiffres pour 1904:

Colonies

Recouvrements réels

Prévisions
en francs

en francs

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Soit, au total, 129.323 francs de plus-value.

Ainsi, pour l'année 1904 (et déjà en 1903 une constatation. analogue était possible), les recettes provenant du trafic commercial ont donné, par rapport aux prévisions, un excédent de 459.422 francs. L'ensemble des produits des contributions indirectes est ainsi passé successivement:

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Pour 1906, les prévisions ont été arrêtées à la somme de 2.367.730 francs. Déjà le rendement des huit premiers mois a donné une augmentation de 500.000 francs sur le produit du précédent exercice et dépassé le chiffre des prévisions. On peut espérer un rendement de 3 millions de francs.

La seconde des deux grandes sources de revenus du Congo, l'impôt indigène ou capitation, n'a pas fourni depuis quelques années de moins heureux résultats.

Le caoutchouc, estimé selon un tarif fixe, subit à l'exportation une taxe de 10。 ad valorem, les arachides, huiles de palme, etc... de 5 %.

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Cette taxe aujourd'hui n'est que de 3 francs par tête, pour les individus adultes, femmes et enfants exclus, soit en moyenne de un franc par habitant.

Ce taux n'est pas excessif. Il n'oblige les noirs qu'à deux journées de travail. C'est un des plus faibles impôts de capitation qui existe dans nos colonies. Le vice de cette taxe est qu'elle touche seulement une faible part des indigènes; ceux qui vivent loin des centres administratifs, loin des routes, échappent facilement à la perception; beaucoup même, à qui l'impôt paraît une amende, reculent devant les lents progrès de la pénétration administrative. Peu à peu cependant, le noir commence d'accepter la nécessité de l'impôt. Le paiement de la taxe lui apparaît, bien que confusément encore, comme un corollaire de notre action civilisatrice et il n'est pas incapable d'en apprécier les bienfaits. Près de la côte, sur les rives des voies navigables, près des grands centres (Libreville, Cap-Lopez, N'Djolé, Loango, Brazzaville, etc.), il sent et il estime l'action des blancs; il apprend à connaître les vertus de la monnaie, il devient un client de factoreries, il paie facilement l'impôt.

Aussi, dès aujourd'hui, cette ressource est-elle en progrès régulier et donne des plus-values sur les prévisions budgétaires. Le compte définitif de l'exercice 1904 indique, de la manière suivante, le montant des prévisions et des recouvrements effectués en matière de perceptions indigènes :

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Dans l'Oubanghi-Chari-Tchad, il est vrai, une moins-value est constatée. Pour 1905, les prévisions étaient, pour le Gabon, de 90.000 francs, pour le Moyen-Congo de 250.000 francs, et ces chiffres ont encore été dépassés. Pour l'exercice courant, les prévisions ont été fixées comme suit :

Gabon....
Moyen-Congo
Oubangui-Chari.

Territoire du Tchad...

175.000 francs

260.000

130.000

167.000

et déjà, avant la fin de l'année, il est certain qu'ici encore une plus-value se constatera. Dans l'ensemble de nos possessions congolaises, l'impôt indigène a, depuis quatre ans, franchi les étapes suivantes :

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