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gouvernement capitulait alors que la situation est telle et ne trouvait pas la force d'accomplir son devoir national? Nous accomplirons ce devoir fidèlement, confiants dans la nation allemande.

Le chancelier a fait cette déclaration d'une voix vibrante de colère, scandant ses paroles par de violents coups de poing frappés sur la tribune, et c'est au milieu d'une agitation considérable que l'on est passé au vote. Le Reichstag, par 178 voix contre 168, a repoussé les crédits. Le prince de Bülow s'est aussitôt levé et a annoncé qu'il avait à donner lecture d'un message impérial. Ce message, c'était le décret de dissolution qui fut accueilli avec un enthousiasme indescriptible par la droite de l'Assemblée, et avec les protestations indignées de l'opposition.

Aux termes de la Constitution, les élections doivent avoir lieu dans un délai de soixante jours et la nouvelle Chambre doit être convoquée au plus tard quatre-vingt dix-jours après la dissolution de l'ancienne.

Autriche-Hongrie. - L'exposé du baron d'Erenthal sur la politique étrangère. Le nouveau ministre commun des Affaires étrangères, baron d'Erenthal, a prononcé le 4 décembre son premier discours sur la politique étrangère, devant la commission du budget de la Délégation autrichienne. Parlant du maintien de la Triple Alliance, le ministre a fait la déclaration suivante :

La politique de la monarchie est une politique de continuité. Je n'ai pas besoin de dire que j'envisagerai tout particulièrement comme mon principal devoir de cultiver soigneusement ces rapports avec l'Allemagne. avec laquelle nous sommes liés par une amitié étroite, basée sur la communauté de grands intérêts.

Cette amitié étroite n'est pas seulement, depuis plus de vingt-cinq ans, un des gages de paix les plus essentiels, mais elle profite, en général, au système des Etats européens et exercera aussi, j'en suis fermement convaincu, à l'avenir, une influence plus favorable en faveur de la politique conservatrice.

Mon récent séjour à Berlin et mon entretien avec le prince de Bülow m'ont permis de constater avec plaisir l'accord absolu de nos vues avec l'Italie, l'autre facteur de la Triplice avec lequel nous entretenons des relations cordiales et sincères.

Lors de mon entrée en fonctions a eu lieu entre moi et M. Tittoni, ministre des Affaires étrangères d'Italie, un échange de vues amicales qui a démontré une fois de plus, et sans équivoque, la cordialité des rapports existant entre les deux gouvernements.

Partant du point de vue que, si on juge la situation objectivement, on ne saurait constater de contradiction entre la monarchie et l'Italie, je suis d'avis que nous pourrons, comme par le passé, marcher en pleine harmonie avec l'Italie dans toutes les grandes questions.

Les bons rapports existant entre les gouvernements faciliteront notre tâche et nous pourrons solutionner avec sang-froid les incidents qui se produisent malheureusement de temps en temps et éclairer l'opinion publique des deux pays, parfois nerveuse et induite en erreur.

Le baron d'Erenthal, après avoir constaté que les rapports de l'Autriche-Hongrie sont parfaits avec la Russie, la France et l'Angleterre, a dit que la situation politique de la monarchie austrohongroise vis-à-vis de la Turquie a toujours été la plus grande préoccupation des ministres des Affaires étrangères.

Nous basons, a dit M. d'Erenthal, notre politique sur le congrès de Berlin et nous voulons apaiser la fermentation des esprits dans les Balkans, suivant les moyens arrêtés à Muerzsteg.

Faisant ensuite allusion aux rapports commerciaux austro-serbes, le ministre a déclaré :

Nous demandons que le gouvernement serbe précise ses promesses antérieures; cette demande n'est pas seulement justifiée par notre correspondance antérieure avec le gouvernement serbe, mais encore en général par le fait qu'elle offrirait à l'Autriche-Hongrie une compensation pour la réception des produits agricoles serbes; ceci fournirait à la Serbie l'occasion de rétablir la situation normale dans ses rapports économiques avec la monarchie.

La commission budgétaire de la Délégation autrichienne a accueilli avec sympathie l'exposé du baron d'Ærenthal. Presque tous les orateurs ont exprimé leur vive satisfaction du maintien de l'alliance étroite avec l'Allemagne, ainsi que les rapports favorables avec les autres puissances. Ils ont accentué la nécessité de raffermir les rapports intimes avec la Russie, en remerciant le ministre d'avoir créé la base de ses rapports. Après quoi, le budget des affaires étrangères a été adopté.

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Le vote de la réforme électorale au Reichsrat. Le Reichsrat a voté le 1er décembre en troisième lecture, par 194 voix contre 63, la réforme du système électoral en Autriche.

Le projet a été renvoyé à la Chambre des Seigneurs.

Espagne. Nous annonçions il y a quelques jours la constitution du ministère Moret, succédant au cabinet Lopez Dominguez.

Le ministère Moret n'a duré que deux jours. Dès sa première rencontre avec le Parlement, M. Moret en effet, très vivement attaqué par son prédécesseur qui l'accusait d'avoir provoqué la crise ministérielle par une intervention peu parlementaire auprès de la Couronne, ne put réunir aucune majorité autour de lui. Il remit donc, le même soir, sa démission au roi, qui confia au marquis de la Vega de Armijo la mission de constituer un cabinet libéral de concentration. Cette combinaison aboutit très rapidement de la façon sui

vante :

Président du Conseil : MARQUIS DE LA VEGA DE ARMIJO;
Ministre des Affaires étrangères : M. PEREZ CABALLERO;

Géneral WEYLER;

Guerre

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M. de la Vega de Armijo est un vieillard de 82 ans. Dernier survivant des Cortès constitutionnelles de 1854, il a été plusieurs fois ministre et président de la Chambre, mais jamais président du Conseil. La mission dont il vient d'être chargé est le couronnement d'une longue carrière politique dont les libéraux célébraient le cinquante naire il y a deux ans.

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Indo-Chine française. Le départ de M. Beau. - M. Beau, gouverneur général de l'Indo-Chine, est parti de Paris le 8 décembre pour rejoindre son poste. Dès son arrivée en Indo-Chine, M. Beau s'occupera de certaines réformes qu'il veut introduire dans la colonie et qui sont notamment la suppression du secrétariat général du gouvernement et la création d'une direction des finances et de la comptabilité.

Arrestation des meurtriers de M. Odendhal. Nous avons annoncé il y a près d'un an, l'assassinat de M. Odendhal, explorateur distingué, par des tribus mois de la région du Laos.

Les gardes principaux Coutelle et Gouron viennent de mettre la main sur les meurtriers: Hyen, Sou, Nuiot, M'lop, un nommé M'lo, bandit qui terrorisait depuis longtemps la région, et enfin le « prêtre du feu » Ocil Hat, qui parait avoir été l'instigateur du crime.

Il semble en effet que M. Odendhal ait insisté pour voir un sabre sacré fétiche, insigne de la puissance du roi ou prêtre du feu. D'après la croyance universelle dans la région, personne ne pouvait regarder ce sabre sans attirer de grandes calamités sur le pays. De là l'attentat contre le malheureux explorateur.

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Algérie. -La situation à la frontière algéro-marocaine. Un riche commerçant marocain nommé Ben Drif, expulsé du Tafilelt parce qu'il faisait un commerce important avec le territoire français, est arrivé à Colomb-Béchar dans le commencement de décembre et a déclaré au correspondant de l'Echo d'Oran être certain que « des « gens du Tafilelt, poussés par les Cheurfa, organisent la guerre << sainte et ont acheté près de 1.000 chevaux pour former un goum qui devait éclairer la harka, et s'ils ne se sont pas mis en route, <«< c'est à cause du manque d'entente qui régnait entre eux et aussi «parce qu'ils avaient été avisés du renforcement de nos postes de « l'extrême Sud ».

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Ben Drif a ajouté, dans les déclarations qu'il a faites au correspondant de l'Echo d'Oran, qu'il n'avait pu parvenir jusqu'à BeniOunif qu'au prix de fortes rançons qu'il dut payer partout où il

passa et qui se montèrent à plus de 7.000 francs. Il dit que les marchandises parties de Beni-Ounif depuis deux mois étaient en souffrance dans l'Oued-Guir, car les caravanes des Dour-Menia auxquelles elles avaient été confiées n'ont pu rentrer au Tafilalet. Les Douï-Menia faisaient autrefois tous les transports; aujourd'hui, les Cheurfa et les Berabers ne veulent plus les laisser passer parce qu'ils reprochent aux Douï-Menia leurs bonnes relations avec les autorités françaises; ils auraient voulu que ces nomades s'associent à eux; ceux-ci refusèrent; c'est pour cela que les Berabers arrêtèrent leurs caravanes.

Ben Drif dit, en terminant, au correspondant de l'Echo d'Oran qu'il se pourrait que la poudre parlât bientôt entre les Douï-Menia et les Berabers.

La mort du roi Béhanzin. L'ancien roi du Dahomey, Béhanzin, dont la santé inspirait depuis quelque temps de sérieuses inquiétudes, est mort le 10 décembre à Alger des suites d'une crise d'urémie.

Transvaal. La constitution du Transvaal. Le gouvernement anglais a fait publier, le 12 décembre, les lettres patentes qui accordent au Transvaal une constitution autonome. Cette mesure annoncée dans le dernier discours du Trône avait été précisée et discutée au Parlement britannique en juillet dernier. Les principales lignes de la nouvelle constitution sont les suivantes:

A l'avenir, le Transvaal aura un gouverneur, un commandant en chef nommés par le roi ; la franchise électorale est concédée aux blancs sujets britanniques; aucun territoire indigène actuellement administré par le gouverneur ou le haut commissaire ne sera placé sous le contrôle du gouvernement autonome; il en sera de même pour le Swaziland.

La propriété des indigènes sera sauvegardée. Le Conseil législatif actuel sera remplacé par un Conseil législatif et une Assemblée de représentants. Le Conseil législatif comprendra quinze membres nommés par le gouverneur. Après quatre années d'exercice, le Conseil législatif pourra adopter une loi stipulant qu'à l'avenir le Conseil législatif sera élu.

L'Assemblée des représentants sera de 69 membres élus par tous les sujets britanniques de race blanche âgés de vingt et un ans, justifiant de six mois de séjour dans le pays; 34 sièges seront attribués au Rand, y compris Krugersdorp, 6 sièges à Prétoria, 29 au reste du pays.

Un article spécial traite de la question de la main-d'oeuvre chinoise. Un an après la première réunion du Parlement transvaalien, l'ordonnance de 1904 qui autorisait l'importation des ouvriers chinois sur les mines du Rand sera abolie et aucun contrat basé sur cette ordonnance ne pourra être renouvelé.

En cas de conflit entre les deux Chambres, le gouverneur pourra réunir les deux Chambres en une même assemblée ou bien dissoudre l'Assemblée des représentants ou les deux Chambres. Si le conflit se renouvelle sur une même question, le gouverneur réunira alors les deux Chambres en une même assemblée présidée par le président de la Chambre des représentants.

Le gouverneur est qualifié pour réserver certains projets de loi contraires à l'esprit des lettres patentes ou qui porteraient atteinte aux droits reconnus aux natifs.

La première session du Parlement se tiendra dans les six mois, à compter de la date de la publication des lettres patentes.

Abyssinie. Signature de l'arrangement entre la France, l'Angleterre et l'Italie. Le 13 décembre, M. Paul Cambon, ambassadeur de France, M. di San-Giuliano, ambassadeur d'Italie, et sir Edward Grey, ministre des Affaires étrangères de la Grande-Bretagne, ont signé à Londres l'arrangement conclu entre ces trois puissances au sujet de l'Abyssinie depuis plusieurs mois, et pour la signature définitive duquel on attendait l'acceptation de l'empereur Ménélik, acceptation donnée tout récemment.

Après la signature de cet arrangement, il en a été signé un second pour réprimer la contrebande d'armes dans ces mêmes parages. Ce deuxième arrangement, conclu sur l'initiative de l'Italie, et auquel la France et l'Angleterre sont également intéressées, n'est en quel que sorte que la mise en pratique de l'acte de Bruxelles de juillet 1890; il comprend neuf articles.

L'arrangement au sujet de l'Éthiopie comprend onze articles. En voici le résumé d'après l'Agence Havas :

Par l'article 1er, les trois puissances contractantes s'engagent à ne rien changer au statu quo politique et territorial en Ethiopie, et à l'état de choses actuel tel qu'il résulte d'un certain nombre de conventions énoncées dans cet article. Il est également déclaré qu'aucune atteinte ne peut être portée aux droits souverains de l'empereur d'Ethiopie.

Le deuxième article établit que les concessions agricoles, commerciales et industrielles accordées dans l'intérêt de l'une des trois puissances contractantes ne devront pas nuire aux intérêts des deux autres puissances. Dans l'article 3, la France, la Grande-Bretagne et l'Italie prennent l'engagement d'observer une attitude de neutralité, et de s'abstenir de toute intervention en cas de complication intérieure, excepté pour la protection des légations, des vies et des propriétés des étrangers, ou des intérêts communs aux trois puissances. Mais celles-ci ne pourront recourir à une action pour cette protection qu'après s'être entendues, et d'un commun accord.

L'article 4 prévoit l'éventualité où des événements viendraient à troubler le statu quo en Abyssinie, tel qu'il est reconnu par l'article 1er. En cas d'événements de ce genre, les trois puissances s'engagent à faire tous leurs efforts pour maintenir l'intégrité de l'Ethiopie, et elles se concerteront pour sauvegarder: 1o les intérêts de la Grande-Bretagne et de l'Egypte dans le bassin du Nil, surtout en ce qui concerne la réglementation des eaux de ce fleuve; 2o les intérêts de l'Italie en Ethiopie, par rapport à l'Erythrée, au Somaliland et au Benadir; en ce qui concerne l'hinterland de ces possessions et l'union territoriale qui est entre elles à l'Ouest d'AdisAbeba; 3o les intérêts français en Ethiopie par rapport au protectorat français de la côte des Somalis, à l'hinterland de ce protectorat et à la zone nécessaire pour la construction et le trafic du chemin de fer de Djibouti à Adis-Abeba.

Par l'article 5, le gouvernement français communique l'acte de conces

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