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des antiquaires de la Morinie remercient l'Académie pour l'envoi de ses publications. La dernière société annonce en même temps qu'elle vient de mettre au concours les deux questions suivantes, qui se rattachent à l'histoire de la Belgique :

1o Les Saxons ont-ils étendu leurs établissements jusque dans la Morinie? Dans le cas d'une solution affirmative, indiquer à quelle époque ils auraient envahi cette contrée, dans quelle partie ils se seraient fixés, quelle influence ils y auraient exercée sur les mœurs, sur la langue et sur les institutions.

2o Les représentations de mystères furent très-nombreuses dans les provinces de Flandre et d'Artois, pendant les XVme et XVIe siècles.

Composer une notice historique sur l'origine et les progrès de l'art théâtral dans le nord de la France, en utilisant les documents manuscrits déposés dans les archives communales et dans les anciens chapitres.

M. Ch. Grandgagnage, membre de l'Académie, présente un mémoire manuscrit Sur les anciens noms des lieux dans la Belgique orientale. (Commissaires: MM. Schayes, Borgnet, De Smet.)

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M. Kervyn de Lettenhove, correspondant de l'Académie, fait hommage du 4° volume de son Histoire de Flandre, et saisit cette occasion pour remercier la classe de la manière bienveillante dont elle a accueilli la première édition de cet ouvrage et récompensé seize années de pénibles et consciencieuses recherches.

MM. le chanoine De Ram, Borgnet et De Witte, membres de l'Académie, font également hommage d'ouvrages nouveaux qu'ils viennent de publier.

Ces ouvrages seront mentionnés dans le Bulletin; des remerciments sont adressés aux auteurs.

MONUMENTS DES ANCIENS SOUVERAINS DU PAYS.

Dans la séance précédente, M. Gachard avait proposé d'appeler l'attention du Gouvernement sur les moyens de conserver les mausolées, tombeaux, épigraphes, urnes et pierres sépulcrales des anciens souverains de nos provinces.

La classe avait renvoyé à la séance de ce jour l'examen de cette proposition. Après une discussion prolongée il a été décidé que la proposition sera communiquée à M. le Ministre de l'intérieur, en ajoutant que l'Académie se mettrait à la disposition du Gouvernement, si son concours était jugé nécessaire pour arriver au but désiré.

COMMUNICATIONS ET LECTURES.

M. Gachard dépose quinze fragments de parchemin qui ont servi de gardes à des volumes appartenant aux archives de l'État. Ces fragments sont couverts d'écritures anciennes qu'il peut être intéressant d'examiner avec attention. La classe désigne pour commissaires MM. Bormans et le baron de S'-Genois.

— Un membre fait observer que le Moniteur contenait,

il y a quelques jours, un arrêté royal qui alloue une somme de 2,000 francs pour prix du concours à établir, conformément aux propositions de l'Académie, en faveur du meilleur mémoire sur l'histoire de la littérature française en Belgique jusqu'à la fin du siècle dernier.

Le secrétaire perpétuel déclare ne pas avoir reçu encore la communication de cet arrêté : il est chargé de publier, aussitôt que cette pièce lui aura été remise, le programme du concours.

Monnaies gauloises de Tournai, note de M. de Witte.

Je viens de publier, dans la Revue de la numismatique belge (tom. IV, 2me série), un mémoire sur les médailles d'argent, de fabrique gauloise, attribuées à Tournai. J'ai exposé avec tous les développements nécessaires ce qui a été écrit soit contre cette attribution, soit en sa faveur, et j'ai pensé qu'il ne serait peut-être pas inutile de communiquer à l'Académie une note sur ces recherches qui se rapportent à nos plus anciennes origines.

On connaît plusieurs variétés des monnaies gauloises attribuées à Tournai; les types de ces monnaies sont imités des deniers consulaires romains de la famille Marcia, comme l'a très-bien fait observer un numismatiste anglais, M. Ed. Oldfield (1).

Voici la description de ces pièces :

DVRNACOS. Tête de Pallas ou de Rome casquée à droite.

(1) Numismatic Chronicle, no LVIII, oct. 1852, p. 107.

Rev. AVSCRO. Cavalier en course, armé d'une lance à droite. AR.

D'autres quinaires d'argent aux mêmes types portent au revers le nom du chef DONNVS, qui remplace celui d'AVSCRO. Un seul exemplaire a fourni la forme AVSCROCOS. Enfin, on connaît des pièces du même module et d'une fabrique analogue, sur lesquelles on lit, du côté de la tête, le nom d'AMB. ou AMBILI, et au revers EBVRO. On trouvera des variétés de ces pièces réunies sur la pl. XI, 1854, de la Revue de la numismatique belge.

Mais une médaille extrêmement rare, sur laquelle je désire particulièrement fixer l'attention de l'Académie, est la pièce du cabinet de M. le marquis de Lagoy, et dont voici la description :

DVRNAC. Tête de Pallas ou de Rome casquée à droite. Rev. EBVRON. Cavalier armé de la lance à droite. AR.

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La lettre finale N doit indubitablement déterminer l'attribution de cette pièce à la Belgique, Tant que l'on n'a connu que des exemplaires sur lesquels manquait cette dernière lettre, comme la pièce publiée par M. Lelewel (1), on a pu hésiter et mettre en doute l'attribution aux Eburones, pour donner aux Eburovices les pièces à la légende DVRNAC ou DVRNACOS. Maintenant l'épigraphie a décidé la question, et les légendes DVRNAC et EBVRON

(1) Type gaulois, pl. VI, no 30.

doivent indiquer, selon moi, la première, la ville de Tournai, connue du temps de la domination des Romains sous le nom de Turnacum ou Tornacum, et la seconde la nation des Eburones.

La pièce dont j'ai l'honneur de mettre un dessin sous les yeux de l'Académie est, comme il est facile de s'en convaincre, une pièce qui constate une alliance entre Durnac et les Eburones. Que Durnac ait été ou non la capitale des Nervi, d'après l'opinion de quelques écrivains, peu importe. Je n'ai pas cherché et je ne chercherai pas ici à éclaircir cette question délicate qui souvent a été débattue. Cependant je suis porté à croire que la médaille de la collection de M. le marquis de Lagoy a été frappée en souvenir du soulèvement d'Ambiorix contre les lieutenants de César et de l'alliance contractée par les Eburones avec les Nervii.

Mais si je crois que cette monnaie a été frappée en souvenir de la révolte de la nation des Eburones, je pense également qu'elle est d'une époque postérieure à Ambiorix. La fabrique de la pièce, personne ne peut s'y méprendre, annonce une imitation des deniers romains. J'ai parlé, dans mon mémoire, des monnaies aux noms d'Hirtius et de Carinas, qui ont commandé dans les Gaules après la conquête romaine; ces monnaies, imitées des deniers d'argent de Jules César, au type de l'éléphant pour le droit et des instruments de sacrifice pour le revers, sont de bronze et ont été frappées chez les Trévires (1).

D'après M. Duchalais, les pièces aux types de la tête de Pallas et du cavalier appartiennent toutes à un système monétaire adopté par les lieutenants de César dans toutes

(1) Voyez un article de M. Sanckler, dans les Jahrbücher des Vereins von Alterthumsfreunde im Rheinlande, XI, S. 43, folg.

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