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de détestables principes imposés trop souvent par d'ignares administrations. Et pourtant, il devait à son ancienne indépendance une telle force, une telle vitalité, que dans sa plus grande décadence même, il conserva une partie de son caractère primitif; il ne se corrompit pas entièrement au souffle délétère de la courtisanerie, il ne se soumit pas complétement aux spéculations des brocanteurs; en un mot, il ne tomba pas dans une vulgarité absolue et ne descendit pas tout à fait jusqu'à l'état de métier.

En supprimant l'esclavage, le christianisme avait réveillé l'intelligence humaine, et au sortir des ténèbres de la barbarie, les esprits se portèrent tout d'abord vers les arts. Ce fat sous cette nouvelle influence que se développèrent les génies poétiques et artistiques des temps modernes, et nous voyons que partout où le culte catholique s'est éteint, l'art s'est effacé. En créant des monuments pour célébrer la gloire de Dieu, l'homme chercha à lui rendre ce qu'il en avait reçu, le génie et la liberté et, libre de toute entrave, il s'éleva aux plus hautes sphères. Remontez aux temps les plus reculés de l'antiquité, depuis les Pyramides jusqu'à nos jours, partout vous voyez les chefs-d'œuvre de l'art inspirés par la religion.

Dans le XIV, le XVme et le XVIe siècle, la peinture, la sculpture, l'architecture lui doivent tout ce que l'art a enfanté de plus grandiose, de plus sublime! C'est le cimetière de Pise, c'est Florence, ce sont les immenses basiliques de France et de notre pays. Et combien n'en aurionsnous pas davantage à montrer si les révolutions, si l'ineptie des gouvernements et des administrations n'avaient toléré sinon facilité l'exportation des œuvres de nos grands maîtres. Nous qui avons enrichi toutes les galeries de l'Europe, sans la création du musée Napoléon, nous n'au

rions plus, peut-être même, à l'heure qu'il est, que quelques bribes, ignominieusement restaurées, de notre gloire passée. Ah! espérons que des vues plus élevées, plus nationales, dirigeront dorénavant nos administrations, et que ce ne sera plus dans des discours officiels seulement que la Belgique redeviendra la terre des arts. Espérons qu'elle se formera un musée national digne d'elle, et que l'on comprendra, comme l'ont si bien compris les Allemands et les Français, que la décoration des édifices religieux est la seule qui puisse inspirer et raviver le génie de la grande peinture.

Et ceci n'est point un paradoxe. Si, au lieu des pages grandioses de la Bible, de l'Évangile, les célèbres maîtres, qui sont restés pour nous des sujets d'admiration, n'avaient reproduit que des scènes historiques; que vous serait-il resté de leurs œuvres? Des portraits, des costumes, des étoffes, des bonnets, des perruques et des chapeaux de toutes formes, depuis la toque de Charles-Quint jusqu'au petit chapeau de Napoléon, enfin, toutes les bizarreries et tous les ridicules de la mode. Mais les puissants modèles, qui resteront éternellement classiques, ont été plus indépendants du mauvais goût du vulgaire et des idées étroites et peu élevées qui ont trop souvent dominé les administrations des beaux-arts, ils ont suivi l'exemple des anciens qui divinisaient leurs héros pour n'avoir pas à les costumer. Analysez, au contraire, certaines œuvres à la première vue et par leur pompe apparente, vous les trouverez telles que celles de la décadence, où une dévotion hypocrite s'est substituée à la foi naïve, où l'originalité native a été subjuguée par des écoles qui n'avaient plus ni sentiment religieux, ni nobles inspirations.

Vous le savez, Messieurs, à la fin du siècle dernier, la

perte de l'indépendance de l'art avait amené une chute si complète, qu'il semblait impossible de le relever; mais la liberté rendit aux nations le caractère de leur première école, et il se manifesta à Munich, à Dusseldorf, à Berlin, en Hollande, en Belgique surtout, un véritable mouvement rénovateur.

Que ceux donc que leur talent appellent à régénérer l'école flamande, à ressusciter les beaux jours de sa splendeur, s'attachent exclusivement à interpréter des sentiments nobles et élevés; qu'ils n'abandonnent jamais le vrai ni le beau; qu'ils méditent profondément leurs sujets, afin de se sauvegarder des modes et des caprices du jour; qu'ils retrempent leur âme dans cette noble et fière indépendance qui illumine comme un rayon divin le front de l'homme de génie; en un mot, qu'ils ne perdent pas un seul instant la sainte mission des arts! Alors, mais alors seulement, ils toucheront au but que leur montrent sans cesse nos grands maîtres restés debout sur leurs immortels piédestaux, au milieu des ruines qui naguère couvraient notre patrie?

M. le Secrétaire perpétuel prend la parole et fait connaître les résultats du concours de 1854 (voir plus haut page 490); il donne ensuite lecture du procès-verbal de la séance du jury, chargé de juger le concours de peinture ouvert à l'Académie royale d'Anvers. Le sujet du concours était Saint Paul préchant à Athènes.

M. Désiré Mergaert, élève de l'école d'Anvers, est venu recevoir des mains de M. le Directeur le premier prix qui lui a été décerné.

MM. Louis Hendricx et Antoine Goyers, à qui le second prix a été décerné en partage, n'assistaient point à la séance.

Après la proclamation des résultats de ces concours, l'orchestre du Conservatoire royal, sous la direction de M. F. Fétis, a exécuté l'Oratorio qui a obtenu le second prix au concours de composition musicale de 1855. Cet oratorio a été composé, par M. De Mol sur les paroles suivantes, dues à M. Michaëls.

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Loin des regards de Rome et du reste du monde,
Cachés à tous les yeux

Sous les sombres arceaux d'une crypte profonde,

Les Chrétiens, à genoux, chantent le Roi des cieux...

Prière.

O seigneur, qu'on révère,

Toi qui règnes au ciel,

Jette sur notre terre

Un regard paternel.....
Pour montrer la puissance

De ta main, qu'on encense,
Délivre-nous du mal;

Le poids de ta justice,
Pour nous toujours propice,

Au méchant est fatal!

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