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à l'instant attirées & abforbées par l'eau reftante qui conferve encore une partie de la force attractive pour ce fel.

Quand une eau faturée d'un fel quelconque, s'évapore avec une agitation violente, comme fur le feu le Sel qui en réfulte, n'eft point formé en Cryftaux réguliers. La raifon en eft, que le tumulte & l'agitation des parties aqueufes & falines, empêche l'effet de l'attraction des molécules falines par leurs faces analogues. La Maffe faline qui en résulte, doit donc être une maffe irréguliere.

127. REMARQUE III. L'eau de la Mer, fans être faturée de fel, en tient toujours en diffolution une quantité affez confidérable, environ un trente-deuxieme de fon poids fur les côtes de France. Donc, en laiffant tranquillement évaporer, fur les bords de la Mer, dans un grand Baffin ifolé, trente-deux quintaux d'eau de la Mer, on doit trouver après l'évaporation, un quintal de Sel au fond du baffin. En été, dans un tems chaud & ferein, la quantité d'évaporation eft d'environ un pouce de hauteur fur toute la furface, en vingt-quatre heures.

I. C'eft par ce très - fimple mécanisme, que fe forme & fe cryftallife le Sel commun, pendant les jours les plus chauds de l'été, en Bretagne, fur les côtes de la Rochelle & de l'Aunis, au Peccais dans l'ifle de Maguelone en Languedoc. On y a des Marais falans, c'eft-à-dire, de très-grand Baffins qui communiquent avec la Mer; & que l'on emplit à volonté, jufqu'à une certaine hauteur, par exemple, d'un pied ou d'un demi-pied.

Au bout d'un certain tems fec & chaud, l'Évaporation eft faite fuffifamment; & il refte au fond du Baffin, une liqueur épaiffie & comme gluante, dans laquelle fe trouvent en abondance des cryftaux de Sel commun, de toute grandeur, que l'on caffe avec

de grandes perches, que l'on en retire enfuite avec des pelles trouées ; & que l'on laiffe égouter fur la terre feche, pour les tranfporter de-là dans les Magafins des Fermes.

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Ce Sel ainfi fait fur les côtes de l'Océan & de la Méditerranée en France, eft d'une Qualité incomparablement meilleure, que celui qu'on pourroit faire de la même maniere, en Espagne, en Italie, en Angleterre, en Hollande foit parce que les pays plus feptentrionaux n'ont pas affez de chaleur, & que les pays plus méridionaux en ont trop, pour donner au Sel la qualité convenable; foit parce que les eaux de la Mer, qui n'ont pas par-tout le même degré de falure & d'amertume, ont en France, & fur les côtes de l'Océan & de la Méditerranée, la qualité précise qu'il faut pour donner un Sel parfait.

II°. En Lorraine & en Franche-Comté, où fe trouvent des Sources falées, & plus falées que les eaux de la Mer, on procure l'évaporation par le moyen du feu, entretenu fous de grandes chaudieres. Après l'évaporation de l'eau, que l'on a quelquefois fait paffer auparavant par certains Evaporatoires propres à lui enlever une quantité convenable de fa partie aqueufe & à concentrer fa partie faline: le Sel qu'elle tenoit en diffolution, fe trouve au fond de la chaudiere, en maffe irréguliere & non cryftallifée. Telle eft l'origine du fel dont on fait ufage en Lorraine, en Franche-Comté, en Suiffe. (124 & 126).

LA CRYSTALLISATION DES MÉTAUX.

128.DESCRIPTION. Les Subflances métalliques, forment une claffe de corps ifolée, caractérisée par des propriétés fpécifiques, qui la diftinguent des autres efpeces de fubftances. Ces propriétés fpécifiques, communes à toutes les fubftances métalliques, font principalement, & une plus grande Pefanieur &z une plus

grande Opacité. Un pied cube d'étain, qui est le plus léger de tous les métaux, pese 512 livres & demie : tandis qu'un pied cube de marbre, ne pese que 189 livres & demie.

Plus denfes que les autres corps, les Subftances métalliques doivent donc réfléchir plus de rayons de lumiere: de-là leur opacité; de-là leur brillant. On les divife en métaux parfaits, en métaux imparfaits, en demi-métaux.

Io. On nomme Métaux parfaits, certaines fubftances métalliques, ductiles & malléables, qui restent fixes au feu le plus long & le plus violent: fans éprouver fenfiblement aucune diminution de leur poids, aucune altération dans leur nature.

Inaltérables fous l'action du feu, ces fortes de métaux le font également fous l'action de l'air, fous l'action de l'humidité. L'Or, l'Argent, la Platine, font. les trois métaux parfaits.

II°. On appelle Métaux imparfaits, certaines fubftances métalliques, ductiles & malléables, qui font fixes au feu, jufqu'à un certain point; mais qui, par fon action pouffée trop loin, fe décompofent, s'exhalent en vapeur, perdent leur nature primitive, fe changent en chaux ou en verre. L'air & l'humidité leur font contracter une rouille, qui les attaque & les altere. Le Cuivre, le Fer, l'Etain, le Plomb, font les quatre métaux imparfaits.

III°. On nomme Demi-métaux, certaines fubftances métalliques, qui manquent abfolument de fixité & de ductilite; & qui, expofées au feu, y perdent leurs propriétés métalliques.

Les Demi-métaux ont tous une plus ou moins grande dureté, & une plus ou moins grande fufibi lité, ainfi que les autres Métaux. Mais ils font extrê mement volatils, & nullement malléables : ce qui les diftingue & des métaux parfaits, qui, toujours duc

tiles & malléables, ne s'exhalent point en vapeurs; & des métaux imparfaits, qui confervent leur ductilité & leu fixité jufqu'à un certain degré de chaleur. L'Antimoine, le Bifmuth, le Zinc, le Cobalt, l'Arfenic, font les cinq demi-métaux. ( 1622 & 1631).

IV. Le Mercure, qui a les deux propriétés géné rales & fondamentales des fubftances métalliques, semble faire feul une claffe à part. Il tient des métaux parfaits par fa pureté & par fa pefanteur : il differe des uns & des autres par fa fufibilité.

Fixe fur le feu jufqu'au degré de chaleur de l'eau bouillante, il s'exale en vapeurs, quand on pouffe plus loin le degré de chaleur; & il fe calcine enfin à un degré de feu exceffif & long-tems foutenu. Le moindre degré de chaleur, le tient dans l'état de fluidité: mais il devient folide, ductile, & malléa ble, à un degré de froid exceffif, qu'on lui procure artificiellement par le moyen de certains fels mêlés avec la neige. (615 & 1631).

129. REMARQUE I. Les Métaux parfaits paroiffent être d'une nature indeftructible, qu'aucun Agent connu ne peut leur faire perdre.

1. Expofez à l'action des feux les plus violens, pendant un tems quelconque pendant des années entieres, une quantité déterminée d'Or ou d'Argent ou de Platine, dans des creufets & dans des fourneaux convenables en prenant ces Métaux dans leur état naturel, & fans les avoir livrés auparavant à l'action diffolvante des Acides & des autres Menftrues.

Ils n'y perdront rien de leur fubftance: ils n'y efluyeront aucune combuftion, aucune calcination, aucune décompofition: ils y conferveront toutes leurs propriétés métalliques; & ils en fortiront éga lement ductiles & malléables. Une once d'or pur, par exemple, ainfi éprouvée & tourmentée pen

nant des années entieres, fera encore une once d'or pur, telle précisement qu'elle étoit avant cette longue épreuve du feu.

II°. Soumettez à cette même action du feu, dans les mêmes creufets & dans les mêmes fourneaux, une quantité déterminée de ces mêmes Métaux; après les avoir diffous auparavant dans l'Eau forte ou dans l'Eau régale.

Ils y perdront leur Principe inflammable. Ils y effuyeront une combuftion une calcination, une décompofition: ils y feront changés chacun en une Chaux métallique propre à fon efpece,

Mais leur nature fera-t-elle réellement & irréverfiblement détruite par ces épreuves? Non: elle fubfifte indestructiblement pour le fonds effentiel des chofes, dans leurs différentes Chaux, que l'on révivifiera à volonté, en leur rendant une portion de Principe inflammable, égale à celle que l'action combinée du Feu & de l'Acide leur a fait perdre; & une once d'or pur, par exemple, que l'on avoit réduite en Chaux, redevient toujours une once d'or pur, fans aucune diminution, fans aucune altération, & telle précisement qu'elle étoit avant toutes ces opérations.

130. REMARQUE II. Les Métaux imparfaits & les. Demi-métaux ne paroiffent pas avoir dans leur nature, le même caractere d'indeftructibilité.

Ils different des Métaux parfaits, en premier lieu, parce qu'il ne faut que la fimple action du feu, pour les convertir en Chaux métalliques : en second lieu, parce que ces Chaux métalliques, quoique propres à fe révivifier, à redevenir la même espece de Métal ou de Demi-métal, ne fe révivifient jamais en entier ; ne fe revivifient jamais, fans une diminution & fans une perte réelle.

Par exemple, mettez dans un bon creufet & dans

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