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EXPLICATION. Il eft certain qu'il exifte, entre certains Elémens, une Affinité réelle, qui produit leur adhérence plus ou moins grande : adhérence fans laquelle il n'y a point d'élafticité. Il eft certain qu'il exifte une Matiere fubtile, toujours en mouvement, & deftinée à réparer & à entretenir l'action de la Nature. De cette double Caufe phyfique, réfulte affez naturellement le phénomene de l'Elasticité, dont voici la théorie générale.

1o. Les Corps fe forment dans la Nature, au miTieu de l'action même de la Nature de forte que la matiere ignée, la matiere électrique, la matière magnétique, Fluides toujours répandus & toujours en action autour des corps, fe font & fe confervent par-tout des paffages analogues à leurs molécules, à travers les divers Mixtes qui naiffent & qui se développent.

II. Les Elémens qui forment les plantes, les pierres, les métaux, & les autres corps folides, adherent les uns aux autres, felon leur plus ou moins grand degré d'affinité & de contact. (221).

De-là leur Dureté, qui doit, comme nous l'expliquerons bientôt, contribuer à leur Elafticité.

III°. Les Fluides qui enfilent & qui pénetrent en liberté ces Mixtes dans leur état naturel, cefferoient de les enfiler & de les pénétrer avec la même liberté : fi les fentiers analogues à leurs molécules, qu'ils fe font formés dans l'intérieur de ces Mixtes, étoient rétrécis par un côté & aggrandis par l'autre.

De-là, naîtroit un obftacle au courant de ces Fluides; & une impulfion contre les parties qui s'oppoferoient à leur libre paffage.

IV°. Il peut fe faire aifément que des Portions de ces divers Fluides, qui s'infinuent dans les Mixt's pendant leur formation & pendant leur accroiffement,

reftent emprisonnées dans des pores enveloppés de toute part de molécules impénétrables.

Dans ce cas, ces Fluides, dont la nature eft d'être toujours en action & en mouvement, fe mouvront perfévéremment dans ces efpeces de prifons d'où ils ne peuvent s'échapper, avec un mouvement circulaire ou approchant du circulaire : felon la forme des Concavités où ils font retenus & captivés. APPLICATIONS DE CETTE THÉORIE PHYSIQUE.

229. APPLICATION I. Soit une Branche verte d'ofier, corps très-élaftique, & que je fuppofe formé en ligne droite A CB. (Fig. 7).

I°. Cette Branche prend & conferve comme d'ellemême fa direction naturelle, en ligne droite : parce que les molécules qui la compofent, arrangées felon l'exigence & la convenance de leur affinité, ont pris naturellement cette figure; & que, felon l'Axiome phyfique & politique, les Chofes fe confervent par les mêmes principes & felon les mêmes loix qui les

font naître.

II°. Mais cette Branche vient-elle à être courbée en arc ou en demi-cercle a Cb? Il eft clair qu'elle ne peut prendre cette figure : fans que dans la partie extérieure de la courbure, les molécules s'écartent & les pores s'agrandiffent; fans que dans la partie intérieure de la courbure, les molécules fe rapprochent & les pores fe rétréciffent.

Cette Branche ainfi courbée, a des pores paralleles à fa longueur, & des pores paralleles aux diametres de fon épaiffeur. Les pores paralleles à fa longueur, fe courbent en arc : les pores paralleles à fon épaiffeur, fe forment en cône ou en entonnoir.

De tout cela, réfulte & doit phyfiquement réfulter l'Etaflicité de cette branche: comme nous allons le faire voir.

230. EXPLICATION. 1°. Dans la partie extérieure de la courbure; les molécules auparavant contiguës ont néceffairement acquis un petit écartement, ont néceffairement perdu un peu de leur contiguité na

turelle.

L'Attraction réciproque des ces molécules', qui fubfifte toujours, & qui qui n'a pas fon plein effet, tend donc fans ceffe à rapprocher les molécules un peu écartées; & à leur rendre le même contact immédiat qu'elles avoient naturellement : ce qui ne peut avoir lieu, fans que cette Branche tende, par l'effort général de toutes fes parties intégrantes, à reprendre fa figure primitive. (Fig. 7).

II°. Dans la partie intérieure de la courbure; les molécules contiguës, qui s'étoient naturellement arrangées dans leur formation felon leur plus grande convenance, felon leur plus haut degré d'analogie & d'affinité mutuelle, fe dérangent un peu par la compreffion; prennent des points de contact fouvent moins analogues & moins fimpatifans; compriment d'ailleurs des Fluides qui, refferrés dans des efpaces plus étroits, heurtent avec plus de force contre les obftacles par lefquels ils font captivés: ce qui ne peut avoir lieu, fans que toutes les parties de cette branche, tendent à fe remettre dans leur état naturel.

III. Les Fluides environnans, qui enfilent les pores de cette branche d'ofier dans fa longueur, tendent à fe mouvoir, comme tous les corps, en ligne droite : ils tendent donc, par leur impulfion, à donner à cette branche, une direction en ligne droite.

IV. Les Fluides environnans, qui enfilent les pores de cette branche parallelement aux diametres de fon épaiffeur, trouvant des pores plus ouverts par un côté que par l'autre, fe précipitent plus abondamment par les plus grandes ouvertures; & tendent par leur impulfion, à s'ouvrir d'une furface à l'au

tre, des pores d'égale grandeur : ce qui ne peut s'effectuer, fans que la branche foit follicitée à reprendre la figure & la direction qu'elle a perdue.

Vo. Il eft clair que de tout cela, doit mécaniquement réfulter l'élafticité de cette Branche; ou l'effort qu'elle fait pour reprendre fa figure primitive, quand une force extérieure lui fait prendre une figure différente.

Il fera facile d'appliquer le même mécanisme phyfique, à tous les Corps élastiques que forme la Nature. Ainfi l'explication détaillée que nous venons de fixer à cette Branche d'ofier, devient une théorie générale en ce genre.

Vi°. Si cette Branche d'ofier, au lieu d'être droite, étoit naturellement courbée en arc : on ne pourroit la redreffer, fans occafionner à toutes fes parties un dérangement feinblable à celui qu'occafionne la courbure à une branche naturellement droite. Ainfi cette Branche naturellement courbée, en devenant droite, tendroit à reprendre fa courbure.

231. APPLICATION II. Si, au lieu d'une Branche d'ofier, on courbe en arc une Baguette de fer non trempé; il n'y aura point d'élafticité: parce que le Fer étant ductile, fes molécules ne prennent point le petit écartement qui feroit néceffaire pour donner lieu à leur Attraction réciproque de déployer & de faire sentir fa force. (Fig. 7).

A mefure que deux Molécules fe féparent & s'écartent dans la courbure fupérieure: ces deux molécules ductiles laiflent une portion d'elles-mêmes dans l'intervalle qui fépare leurs extrémités; & il n'y a point de défaut de contiguité.

De même, à mesure que deux Molécules fe rapprochent par la compreffion dans la courbure inférieure des portions de ces molécules ductiles, s'é

cartent & prennent la même affinité avec les autres molécules qu'elles vont toucher.

D'ailleurs, la ductilité du Métal, fait que cette matiere, de quelque maniere qu'on la tourne ou qu'on l'infléchiffe, prend toujours à peu près le même arrangement de parties & la même difpofition de pores, que lui a donné fa cryftallifation naturelle ou artificielle.

On voit donc qu'il faut néceffairement dans les Corps, certain degré de rigidité & un défaut de ductilité, pour que l'élafticité s'y déploie avec un degré de force fenfible. La Trempe, comme nous l'expliquerons bientôt, fait perdre au Fer fa ductilité, donne une adhérence & une rigidité à fes parties, qui deviennent caffantes; & par-là, le fer devient élastique & très-élastique.

On peut encore obferver ici que, quoique l'action des Fluides influe dans l'élafticité; l'Elasticité a cependant pour principale caufe, l'Attraction ou l'Affinité des parties entre elles, qui s'oppose à leur écartement & à leur déplacement.

232. APPLICATION III. Un Fleuret, compofé d'un fer qu'on a battu fur l'enclume pour le purger de fes particules hétérogenes, & qu'on a plongé enfuite tout rouge de feu dans un mêlange d'eau froide & d'autres fubftances pour lui donner la Trempe, a une très-grande élasticité: parce que la trempe lui a fait perdre fa ductilité; a augmenté l'attraction & l'adhérence de fes parties; lefquelles ne peuvent plus s'écarter, fans fe divifer totalement, ou fans tendre fortement à fe remettre dans le même état que leur a donné la Trempe.

Le froid du Liquide où l'on plonge le Fer purifié, dans l'état d'incandefcence, refferre & condense fes parties; diminue l'ouverture de fes pores; empêche l'échappement de certains Fluides tourbillon

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