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EXERCICES.

1. Racontez l'origine de la langue française. 2. Qu'appelait on langue d'oc et langue d'oil? 3. Quelle était l'origine de ces deux dénominations? 4. De quel dialecte fut formée la langue française ? 5. Que savez vous des troubadours et des trouvères ? 6. Enumérez leurs œuvres principales. 7. Racontez la légende de Roland? 8. Parlez des chevaliers de la Table ronde. 9. Quelle est l'origine du vers alexandrin. 10. Qu'est-ce que le Roman de la Rose? 11. Dans quel but le Roman de Renart a-t-il été écrit ?

12. Quels furent les premiers poètes français des XIV. et XV. siècles ? 13. Qu'est-ce qu'un vaudeville et quelle est l'étymologie de ce mot? 14. Que savez vous des mystères et des miracles? 15. Qu'appelait on farces, et à quoi succédèrent-elles? 16. Quelle est la farce la plus célèbre du moyen âge? 17. Racontez-la. 18. Que signifie la phrase: "Revenez à vos moutons"? 19. Nommez les quatre premiers chroniqueurs de l'histoire de France. 20. Quelles œuvres nous ont-ils laissées ?

21. Qu'est-ce que la Renaissance et en quoi est elle remarquable? 22. Quels en sont les principaux poètes?. 23. Dites ce que vous savez sur la poésie épique, la poésie lyrique et la poésie dramatique. 24. Par qui est représentée la prose de la Renaissance. 25. Racontez l'anecdote connue sous le nom de "le quart d'heure de Rabelais." 26. Que signifie l'expression "le quart d'heure de Rabelais"? 27. Dans l'application, que désignent ces mots: "Moutons de Panurge"? 28. A quel épisode fait-on allusion quand on les emploie ? 29. Contre qui était dirigée la Satire Ménippée ? 30. Qu'est-ce que c'était que la ligue ?

31. Par quoi Malherbe est-il célèbre ? 32. Quel fut le disciple de Malherbe et que nous a-t-il laissé ? 33. Nommez quelques auteurs dramatiques de la première partie du XVIIe Siècle. 34. Quels sont les prosateurs de cette époque ? 35. Par quelles œuvres sont-ils célèbres ?

CORNEILLE.

Pierre Corneille, surnommé le grand Corneille, né en 1606 à Rouen où il mourut en 1684, est le créateur de la poésie française.

Sa première grande tragédie fut le Cid, imitée de l'espagnol, dont le succès lui attira la jalousie de Richelieu qui fit condamner cette pièce par l'Académie. On voit dans les vers de Boileau, l'effet que produisit cet arrêt :

"En vain contre le Cid, un ministre se ligue,

Tout Paris, pour Chimène, a les yeux de Rodrigue,
L'Académie en corps a beau le censurer,

Le public révolté s'obstine à l' admirer."

Puis vinrent Horace, Cinna et Polyeucte qui sont, avec le Cid, ses quatre chefs-d'œuvre.

Les autres tragédies de Corneille ne valent pas celles que nous venons de nommer; cependant on y trouve de beaux vers, pleins d'énergie et de sentiments.

Le Menteur est une excellente comédie qu'il fit paraître en 1642.

Corneille fut admis à l'Académie française en 1647.

Le Cid (1636).-Le vieux don Diègue a été choisi par le roi d'Espagne, don Fernand, comme gouverneur de l'infant de Castille le comte de Gormas, qui désirait la place, irrité de cette préférence, donne un soufflet à son rival. Rodrigue, fils de don Diègue, veut venger son vieux père malgré le violent amour qu'il éprouve pour Chimène, fille de son adversaire : il provoque en duel le comte et le tue. Le roi promet justice à Chimène; mais cette jeune personne aime aussi Rodrigue; alors s'élève dans son cœur cette grande lutte dont elle s'entretient avec sa confidente Elvire.

Rodrigue a fait son devoir en vengeant l'auteur de ses jours, mais il est au désespoir d'avoir tué le père de celle qu'il adore aussi n'hésite-t-il pas à offrir sa vie à Chimène. De leur entretien, il résulte que si Chimène est obligée, par devoir,

de demander vengeance, elle ne désire cependant qu'une chose ne point réussir.

Sur ces entrefaites, on apprend une descente des Maures: Rodrigue, à la tête de l'armée, ne tarde pas à remporter une victoire éclatante dont il fait lui-même le récit, au roi.

Chimène rappelle à don Fernand sa promesse: celui-ci, afin de s'assurer de l'amour de Chimène pour Rodrigue, fait croire à la jeune fille que le meurtrier de son père a été tué devant l'ennemi; cette ruse lui montre bien que Rodrigue est toujours aimé. On décide ensuite que Rodrigué se battra contre don Sanche, son rival, et que Chimène appartiendra au vainqueur. Notre héros préfère alors mourir de la main de son amante, mais elle lui ordonne de se rendre au combat et d'en sortir vainqueur.

Don Sanche est désarmé par Rodrigue à qui le roi donne Chimène comme épouse.

Quelques vers de cette tragédie sont passés en proverbes :

"Ses rides sur son front ont gravé ses exploits.

Rodrigue, as tu du cœur ?

Je suis jeune, il est vrai; mais aux âmes bien nées

La valeur n'attend point le nombre des années.

Mes pareils à deux fois ne se font pas connaître

Et pour leurs coups d'essai veulent des coups de maître.

A vaincre sans péril on triomphe sans gloire.

Sors vainqueur d'un combat dont Chimène est le prix,"

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LE COMTE

Oui.

DON RODRIGUE

Sais-tu que ce vieillard fut la même vertu,

La vaillance et l'honneur de son temps? le sais-tu ?

Peut-être.

LE COMTE

DON RODRIGUE

Parlons bas; écoute:

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Je suis jeune, il est vrai; mais aux âmes bien nées
La valeur n'attend point le nombre des années.

LE COMTE

Te mesurer à moi ! qui t'a rendu si vain,

Toi qu'on n'a jamais vu les armes à la main ?

DON RODRIGUE

Mes pareils, à deux fois, ne se font pas connaître,

Et pour leurs coups d'essai veulent des coups de maître.

LE COMTE

Sais-tu bien qui je suis?

DON RODRIGUE

Oui tout autre que moi

Au seul bruit de ton nom pourrait trembler d'effroi.
Les palmes dont je vois ta tête si couverte
Semblent porter écrit le destin de ma perte.
J'attaque en téméraire un bras toujours vainqueur :
Mais j'aurai trop de force ayant assez de cœur.
A qui venge son père, il n'est rien d'impossible.
Ton bras est invaincu, mais non pas invincible.

Que m'importe.

LE COMTE

Ce rand cœur qui paraît aux discours que tu tiens,
Par tes yeux, chaque jour se découvrait aux miens;
Et, croyant voir en toi l'honneur de la Castille,
Mon âme avec plaisir te destinait ma fille.

Je sais ta passion, et suis ravi de voir

Que tous ces mouvements cèdent à ton devoir :
Qu'ils n'ont point affaibli cette ardeur magnanime:
Que ta haute vertu répond à mon estime :

Et que, voulant pour gendre un cavalier parfait,
Je ne me trompais point au choix que j'avais fait.
Mais je sens que pour toi ma pitié s'intéresse
J'admire ton courage et je plains ta jeunesse.
Ne cherche point à faire un coup d'essai fatal,
Dispense ma valeur d'un combat inégal;

Trop peu d'honneur pour moi suivrait cette victoire,
A vaincre sans péril on triomphe sans gloire;

On te croirait toujours abattu sans effort,

Et j'aurais seulement le regret de ta mort,

DON RODRIGUE

D'une indigne pitié ton audace est suivie!

Qui m'ose ôter l'honneur craint de m'ôter la vie !

Retire-toi d'ici.

LE COMTE

DON RODRIGUE

Marchons sans discourir.

LE COMTE

Es-tu si las de vivre ?

DON RODRIGUE

As-tu peur de mourir?

LE COMTE

Viens, tu fais ton devoir, et le fils dégénère
Qui survit un moment à l'honneur de son père.

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