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VI.

ACTE SI DOCUMENTE

DE LA

1844 PANA LA INCHIEREA TRACTATULUI DE PARIS DIN 30 MARTIE 1856.

No. 88.-Memorandul Comitelui Nesselrode, Ministrul afacerilor străine al Rusiei, din Iunie 1844.

(Eastern Papers, 1854, VI).

1844

Junie

La Russie et l'Angleterre sont mutuellement pénétrées de la con. No. 88. viction qu'il est de leur intérêt commun que la Porte Ottomane se maintienne dans l'état d'indépendance et de possessions territoriales dont se compose actuellement cet Empire, cette combinaison politique étant celle qui se concilie le mieux avec l'intérêt général de la conservation de la paix. || D'accord sur ce principe, la Russie et l'Angleterre ont un égal intérêt à unir leurs efforts pour raffermir l'existence de l'Empire Ottoman, et pour écarter les dangers qui peuvent compromettre sa securité. Dans ce but, l'essentiel est de laisser la Porte vivre en repos, sans l'agiter inutilement par des tracasseries diplomatiques, et sans s'ingérer, sans une nécessité absolue, dans ses affaires intérieures. Pour mettre ce système de ménagement sagement en pratique dans l'intérêt bien entendu de la Porte, il ne faut pas perdre de vue deux choses. | Les voici: D'abord la Porte a une tendance constante à s'affranchir des engagements que lui imposent les Traités qu'elle a conclus avec les autres Puissances. Elle espère le faire impunément, par ce qu'elle compte sur la jalousie mutuelle des Cabinets. Elle croit que si elle manque à ses gagements envers l'un d'eux, les autres épouseront sa querelle et la mettront à l'abri de toute responsabilité. Il est essentiel de ne pas

(Acte şi Documente II).

1

en

No. 88. confirmer la Porte dans cette illusion. Chaque fois qu'elle manque à ses

1844

Junie.

obligations envers l'une des Grandes Puissances, il est de l'intérêt de toutes les autres de lui faire sentir son tort et de l'exhorter sérieusement à faire droit au Cabinet qui demande une juste réparation. || Dès que la Porte ne se verra pas soutenue par les autres Cabinets, elle cédera, et les différends survenus s'aplan'ront dans les voies de la conciliation, sans qu'il en résulte un conflit. Il est une seconde cause. de complications inhérente à la situation de la Porte; c'est la difficulté qu'il y a de mettre d'accord entr'eux le respect dû à l'autorité souveraine du Sultan fondée sur la loi Musulmane, avec les ménagements que réclament les intérêts des populations chrétiennes de cet Empire. Cette difficulté est réelle. Dans la situation actuelle des esprits en Europe, les Cabinets ne sauraient voir avec indifférence que les populations chrétiennes en Turquie soient soumises à des actes flagrants de vexation et d'intolérance religieuse. Il faut sans cesse faire sentir cette vérité aux Ministres ottomans, et les persuader qu'ils ne peuvent compter sur l'amitié et sur l'appui des Grandes Puissances qu'à condition qu'ils traitent les sujets chrétiens de la Porte avec tolérance et avec douceur. || En insistant sur cette vérité les Représentants Etrangers devront, d'une autre part, user de toute leur influence pour maintenir les sujets chrétiens de la Porte dans la soumission envers l'autorité souveraine. U Guidés par ces principes, les Représentants Etrangers devront agir entre eux dans un parfait esprit de concorde. S'ils élèvent des remontrances auprès de la Porte, elles devront être empreintes d'un caractère véritable d'humanité, sans porter celui d'une prépotence exclusive. En persistant dant ce système avec calme et modération, les Représentants des Grands Cabinets de l'Europe auront la meilleure chance de réussir dans leurs démarches, sans provoquer des complications compromettantes pour le repos de l'Empire Ottoman. Si toutes les grandes Puissances adoptent franchement cette ligne de conduite, elles auront un espoir fondé de conserver l'existence de la Turquie. Cependant on ne saurait se dissimuler combien cet Empire renferme d'éléments de dissolution. Des circonstances imprévues peuvent hâter sa chûte sans qu'il soit au pouvoir des Cabinets amis de la prévenir. | Comme il n'est pas donné à la prévoyance humaine d'arrêter d'avance un plan d'action pour tel ou tel cas inattendu, il serait prématuré de mettre en délibération des éventualités qui peuvent ne pas se réaliser. Dans l'incertitude qui plane sur l'avenir, une seule idée fondamentale semble d'une application vraiment pratique, c'est que le danger qui pourra résulter d'une catastrophe en Turquie sera diminuée le beaucoup si, le cas échéant, la Russie

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et l'Angleterre s'entendent sur la marche qu'elles auront à adopter en
commun. Cette entente sera d'autant plus salutaire qu'elle rencon-
trera l'assentiment complet de l'Autriche. Entr'elle et la Russie il sub-
siste déjà une parfaite conformité de principes relativement aux affaires
de Turquie, dans un intérêt commun de conservation et de paix. ||
Pour rendre leur union plus efficace, il ne resterait à désirer que de
voir l'Angleterre s'y associer dans le même but. La raison qui con-
seille l'établissement de cet accord est fort simple. || Sur terre la Russie
exerce envers la Turquie une action prépondérante. Sur mer l'An-
gleterre occupe la même position. Isolée, l'action de ces deux Puis-
sances pourrait faire beaucoup de mal. Combinée, elle pourra pro-
duire un bien réel; de là l'utilité de s'entendre préalablement avant
d'agir. Cette idée a été arrêtée en principe pendant le dernier séjour
de l'Empereur à Londres. Il en est résulté l'engagement éventuel que,
s'il arrivait quelque chose d'imprévu en Turquie, la Russie et l'Angle-
terre se concerteraient préalablement entr'elles sur ce qu'elles auraient
à faire en commun. Le but dans lequel la Russie et l'Angle-
terre auront à s'entendre peut se formuler de la manière snivante: ||
1o Chercher à maintenir l'existence de l'Empire Ottoman dans son état
actuel, aussi longtemps que cette combinaison politique sera possible.
2o Si nous prévoyons qu'il doit crouler, se concerter préalablement sur
tout ce qui concerne l'établissement d'un nouvel ordre de choses, destiné
à remplacer celui qui existe aujourd'hui, et veiller en commun à ce que
le changement survenu dans la situation intérieure de cet Empire ne
puisse porter atteinte ni à la sûreté de leurs propres Etats et aux droits.
que les Traités leur assurent respectivement, ni au maintien de l'équi-
libre Européen. Dans ce but, ainsi formulé, la politique de la Rus-
sie et de l'Autriche, comme nous l'avons déjà dit, se trouve étroitement
liée par le principe d'une parfaite solidarité. Si l'Angleterre, comme prin-
cipale Puissance maritime, agit d'accord avec elles, il est à penser que
la France se trouvera dans la nécessité de se conformer à la marche
concertée entre St. Petersbourg, Londres et Vienne. Le conflit entre
les Grandes Puissances se trouvant ainsi écarté, il est à espérer que la
paix de l'Europe pourra être maintenue, même au milieu des circonstan-
ces si graves. C'est à assurer cet objet d'un intérêt commun que devra
être consacrée l'entente préalable que la Russie et l'Angleterre établi-
ront entr' elles, le cas échéant, ainsi que l'Empereur en est convenu
avec les Ministres de Sa Majesté Britannique pendant son séjour en
Angleterre.

No 88.

1844. Iunie.

No. 89.

1848 31 Iulie.

No. 89. Circulara comitelui Nesselrode către misiunile diplomatice ale Rusiei, din 19 (31) Iulie 1848.

(Martens, Nouveau Recueil général, XIII, p. 564).

La situation des Principautés du Danube, dont une minorité turbulente menaçait depuis plusieurs mois la tranquillité, a pris tout d'un coup une portée si grave, qu'il n'a point été permis à l'Empereur d'y fermer les yeux plus longtemps. Vous connaissez les événements qui viennent de se passer en Valachie, la tentative d'assassinat effectuée sur la personne du hospodar, son abdication et sa fuite, l'établissement d'un gouvernement provisoire et les principes qu'à proclamés cette nouvelle autorité, improvisée par l'insurrection, au mépris de la souveraineté qui appartient à la Porte ottomane et en opposition ouverte au protectorat de la Russie. Le plan des révolutionnaires avait à peine réussi de ce côté qu'ils ont songé immédiatement à l'étendre à la Moldavie. Une foule d'émissaires Valaques et étrangers s'y étaient déjà répandus. Les boyards moldaves, réfugiés en Bukovine, rassemblaient des forces pour marcher sur lassy et, de concert avec leurs affiliés en Transylvanie et en Bessarabie même, les factieux préparaient un soulèvement, dont le résultat devait être, comme en Valachie, l'assassinat ou l'expulsion du hospodar, le bouleversement de l'ordre établi et la réunion des deux principautés en un seul état sans liens quelconques avec la Russie ou la Porte Ottomane. En face de pareilles circonstances, il nous était défendu d'hésiter. De son côté, la Porte a senti qu'il y allait de sa propre existence. En conséquence, les deux puissances, auxquelles seules, en vertu des traités existants, appartient le droit de régler la condition des deux provinces, se sont entendues pour y rétablir l'ordre qu'elles y avaient institué, et dans ce but leurs troupes réunies viennent d'y entrer pour agir ensemble. Ce n'est pas sans un vif regret et sans mûre considération que l'Empereur s'est déterminé à prendre cette mesure importante. Dans la situation actuelle de l'Europe et dans la disposition des esprits, S. M. eût de beaucoup préféré ne point être forcée de sortir de son attitude. immobile. Le fait seul que des troupes russes ont franchi les frontières de l'empire doit produire un grand retentissement. Il ouvre, nous ne nous le cachons nullement, un champ libre à toutes les interprétations malveillantes. Nous avons constamment désavoué tout projet d'intervention, toute ingérence dans les affaires d'autrui, toute idée d'agression quelconque. Ces assurances, nos agents à l'étranger ont été encore tout récemment chargés de les renouveler en Allemagne. Et dès lors, dans

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