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I. Les pères nous enseignent que l'eucharistie est le pain quotidien que nous demandons dans l'oraison dominicale. Jesus-Christ se donne sous l'apparence du pain, qui est l'aliment le plus fainilier de l'homme, pour nous familiariser avec son corps ressuscité et glorieux.

Ainsi, l'institution du sacrement expliquée par la tradition nous invite à une cominunion quotidienne.

Les pères mêmes ont expliqué de l'eucharistie la parabole (1) où Jesus-Christ représente un roi qui ayant préparé un festin, et sachant les vaines excuses des invités, envoie d'abord dans les places et dans les rues, ensuite jusques dans les chemins et le long des haies, pour y chercher des hommes qu'on force d'entrer, afin que sa maison soit remplie.

La pratique suivit d'abord l'esprit de l'institution du sacrement (2). Les premiers fidè les persévéraient dans la communion de la fraction du pain... ceux qui croyaient... vivaient tous unis, et ils allaient assidument tous les jours en union d'esprit au temple, rompant le pain, tantôt dans une maison, et tantôt dans une autre. La tradition nous apprend que cette communion

(1) Luc 14, v. 23. (2) Act. 2, v. 11.

le christianisme de plus pur et de plus ancien que les actes des apôtres et que les épîtres de saint Paul?

On se récrie que ces premiers chrétiens étaient des saints. J'en conviens. Le terme de saints signifie des hommes séparés des pécheurs en ce sens, tous les justes sont saints, puisqu'ils sont séparés par la grace sanctifiante de tous les ennemis de Dieu. Mais sans vouloir égaler les chrétiens de ces derniers siècles à ceux de l'église naissante, je ne puis m'empêcher de remarquer que les apôtres qui donnent au fidèles de leur temps le nom de saints, les reprennent en même temps sur beaucoup de défauts comme la jalousie, les partialités, les dissentions. On voit des ouvriers évangéliques, comme Démas, abandonner le travail du ministère par l'amour du siècle. On n'a qu'à lire saint Cyprien, pour reconnaître que les fidèles tombés dans un grand relâchement et dans beaucoup de désordres grossiers, avaient besoin que les persécutions réveillassent leur foi (1). Une longue paix, dit ce père, avait corrompu la discipline de la tradition; la correction céleste a relevé la foi abattue, et pour ainsi dire endormie.... Chacun s'appliquait à augmenter son patrimoine, et oubliant ce que les fidèles

(1) De lapsis, paulò post initium.

avaient fait du temps des apôtres et qu'ils devraient faire en tout temps, ne s'attachaient qu'à entasser des richesses par une avidité insatiable. Il n'y avait plus de zèle de religion dans les pasteurs, ni de foi saine dans les ministres de l'autel, ni de compassion pour les bonnes œuvres, ni de discipline pour les bonnes mœurs. Les hommes paraissaient avoir changé leur barbe, et les femmes se fardaient. On déguisait l'ouvrage de Dicu: on peignait les cheveux. On usait d'artifice pour tromper les simples: on surprenait ses frères par des tours de mauvaise foi. On se mariait avec des infidèles, et on prostituait aux idolâtres les membres de Jesus-Christ. On fesait des sermens téméraires et des parjures : on méprisait par arrogance les supérieurs on se déchirait mutuellement par une médisance empoisonnée. Ils sont dans des animosités implacables. Un grand nombre d'évêques qui auraient du soutenir les peuples par leurs exemples et par leurs exhortations, ont méprisé le ministère que Dieu leur confie; ils se sont chargés des emplois mondains; ils ont abandonné leurs chaires et leurs troupeaux, pour errer dans les pays étrangers, et pour y trafiquer dans les foires comme des marchands. On n'a point se

couru dans l'église les frères manquant de pain, parce qu'on voulait amasser des trésors. On cherchait des chicanes et des fraudes pour usurper les terres d'autrui ; on s'enrichissait par des usures énormes... Aux premières menaces de l'ennemi, le plus grand nombre des frères a trahi sa foi. Ils n'ont point été entraînés par le torrent de la persécution; mais ils se sont renversés eux-mêmes par une chûte volontaire. On n'a qu'à lire ce que saint Augustin dit aux catéchumènes afin de les préparer, pour voir au nombre des chrétiens un grand nombre d'hommes très-relâchés.

Il va jusqu'à dire qu'il faut être bon pour pouvoir découvrir les bons chrétiens au-dedans de l'église (1). Enfin il n'est pas permis d'oublier que les fidèles de Corinthe montraient des imperfections grossières jusques dans le festin sacré, De là vient que saint Paul se récrie (2) Ce n'est plus manger la cène du Seigneur... Méprisezvous l'église de Dieu ?... Vous en loueraije? Non je ne vous en loue point... C'est pourquoi plusieurs parmi vous sont malades, languissent et s'endorment. Les justes des premiers siècles, et même ceux qui étaient conduits par les apettes n'étaient

(1) De Catec. rudibus.
(2) 1. Cor. 11, ▼. 20, 22 30.
2

donc

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