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donc pas exempts d'imperfections. Ils étaient néanmoins tous assidument tous les jours... rompant le pain, etc. Nos justes de ces. derniers temps peuvent donc à leur exemple être assidus tous les jours à rompre le pain, pourvu qu'ils soient humbles et dociles pour travailler à se corriger de leurs imperfections.

II. Les canons qu'on a attribués aux apôtres sont sans doute d'une grande antiquité, et contiennent la discipline commune des premiers temps. Le neuvième canon veut que si un clerc, après avoir fait l'oblation avec les autres, ne communie pas, il en dise la raison, afin qu'on l'excuse si elle est bonne; et que s'il ne la dit pas, il soit exclus de la communion, comme ayant scandalisé le peuple.

Ainsi c'était dans ces premiers temps un scandale, qu'un clerc offrit sans communier; et c'est ce qui était puni par une privation du sacrement.

Le dixième canon dit que tous les fidèles qui entrent dans l'église, qui écoutent les écritures, qui ne continuent pas à demeurer pour l'oraison, et qui ne communient pas, soient privés de la communion, c'est-à-dire, excommuniés, parce qu'ils causent du trouble, ou scandale, dans l'église.

Ainsi, vous le voyez, le scandale de voir un clerc ou un fidèle assister à l'oblation sans Tome XII. C

y participer, était si grand, qu'on excommuniait l'un et l'autre. On peut juger par-là combien il était rare et extraordinaire que quelque fidèle assistât aux divins mystères sans communier, et qu'en ce cas il devait lever le scandale, en expliquant les raisons qui l'éloignaient de la communion.

III. Si on veut suivre l'antiquité, on doit au moins écouter saint Justin, martyr, et presque contemporain des apôtres. Après que celui qui préside, dit-il (1), a achevé l'action de graces, et que tout le peuple s'est uni à lui avec joie pour confirmer par ses prières tout ce qui a été fait, ceux qui sont nommés par nous diacres et ministres, distribuent à chacun de ceux qui sont présens, le pain, le vin et l'eau qui ont servi de matière à l'action de graces, afin que chacun y participe. Nous donnons à cet aliment le nom d'eucharistie, et il n'est permis à aucun autre d'y participer.... Nous ne prenons point ceci comme un pain, comme un breuvage ordinaire.

Mais, comme Jesus Notre-Seigneur, devenu chair par la parole de Dieu, a pris pour l'amour de nous la chair et le sang de l'humanité, de même nous avons appris que cet aliment sur lequel se font les actions de graces par les prières du verbe,

(1) Apol, 2.

pour nourrir par voie de changement notre sang et notre chair, est la chair et le sáng de ce Jesus incarné... Le jour qu'on nomme du soleil, tous ceux qui sont dans les villes ou à la campagne, s'assemblent dans un même lieu... Nous nous levons tous en commun pour prier. Les prières étant finies, on offre le pain, le vin et l'eau... La distribution et la communication des choses qui ont servi de matière à l'action de graces se font à chacun de ceux qui sont présens, puis on les envoie aux absens par les diacres.

Il est essentiel d'observer que, suivant cette fidèle description, non-seulement on distribuait l'eucharistie à un chacun des fidèles qui étaient présens, mais encore on l'envoyait aux absens par les diacres. Tant on était alors éloigné de croire qu'aucun des fidèles présens dût en être privé, ni même que les absens qui n'avaient pas été libres de venir, dussent souffrir au jour d'assemblée une si rude et si dangereuse privation. Il est vrai que saint Justin ne marque pour l'ordinaire le jour d'assemblée qu'au jour du soleil, c'est-à-dire le dimanche. Mais outre qu'en ces temps-la les chrétiens, souvent persécutés, n'étaient pas libres de s'assembler tous les jours, de plus, nous verrons tout-à-l'heure dans Tertullien, qu'après avoir reçu l'eucharistie des mains

des ministres au jour d'assemblée, chacun, gardant chez soi le pain sacré, fesait à jeun

sa communion secrète.

IV. Tertullien expliquant ces paroles donnez-nous aujourd'hui notre pain quotidien, dit qu'il s'agit du corps de JesusChrist qui est reconnu dans le pain, et qu'ainsi en demandant le pain quotidien, nous demandons à étre perpétuellement avec Jesus-Christ, et à n'être jamais séparés de son corps (1). Voilà la demande, pour chaque jour, de l'eucharistie, qui est le pain de ce jour-là.

D'ailleurs Tertullien avertissant sa femme de ne se marier pas avec un païen en cas qu'il vint à mourir, lui disait (2): Plus vous prendrez de soin pour vous cacher, plus vous serez suspecte et en danger d'être suprise par la curiosité païenne. Serez-vous cachée quand vous ferez le signe de la croix sur votre lit, sur votre corps ?.... Quand vous vous leverez la nuit pour prier, ne paraîtrez-vous point faire quelque action magique ? Votre époux ne saura-t-il point ce que vous mangez en secret avant tout aliment? et s'il sait c'est du pain, ne croira-t-il pas que c'est celui dont on parle ? Vous voyez qu'il ne

(1) De orat. dom. c. 6.

(2) Tertull. L. II. ad uxor. c. 5.

que

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