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POUR

LA FÊTE DE L'EPIPHANIE.

Surge, illuminare, Jerusalem, quia venit lumen tuum, et gloria Domini super te orta est.

Levez-vous, soyez éclairée, ô Jérusalem, car votre lumière vient, et la gloire du Seigneur s'est levée sur vous. Au 60. chapitre d'Isaie

BENI Soit Dieu, mes frères, puisqu'il met aujourd'hui sa parole dans ma bouche pour louer l'œuvre qu'il accomplit par cette maison! Je souhaitais il y a long-temps, je l'avoue, d'épancher mon cœur devant ces autels, et de dire à la louange de la grace tout ce qu'elle opère dans ces hommes apostoliques pour illuminer l'orient. C'est donc dans un transport de joie que je parle aujourd'hui de la vocation des gentils, dans cette maison d'où sortent les hommes par qui les restes de la gentilité entendent l'heureuse nouvelle.

A peine Jesus, l'attente et le desiré des nations est né; et voici les mages, dignes prémices des gentils, qui, conduits par l'étoile, viennent le reconnaître. Bientôt les nations ébranlées viendront en foule après

eux; les idoles seront brisées, et la connaissance du vrai Dieu sera abondante comme les eaux de la mer qui couvrent la terre, Je vois les peuples, je vois les princes qui adorent dans la suite des siècles celui que les mages viennent adorer aujourd'hui. Nations de l'orient, vous y viendrez à votre tour; une lumière, dont celle de l'étoile n'est qu'une ombre, frappera vos yeux, et dissipera vos ténèbres. Venez, hâtez-vous de venir à la maison du Dieu de Jacob. O église! ô Jérusalem! réjouissez-vous, poussez des cris de joie. Vous qui étiez stérile dans ces régions, vous qui n'enfantiez pas, yous aurez dans cette extrémité de l'univers des enfans innombrables. Que votre fécondité vous étonne : levez les yeux tout autour, et voyez rassasiez vos yeux de votre gloire; que votre cœur admire et s'épanche: la mul titude des peuples se tourne vers vous, les îles viennent, la force des nations vous est donnée de nouveaux mages qui ont vu l'étoile du Christ en Orient, viennent du fond des Indes pour le chercher. Levezvous, ô Jérusalem! Surge, illuminare, etc.

Mais je sens mon cœur ému au-dedans de moi-même, et partagé entre la joie et la douleur. Le ministère de ces hommes apostoliques et la vocation de ces peuples est le triomphe de la religion mais c'est peutêtre aussi l'effet d'une secrète réprobation

qui pend sur nos tètes. Sera-ce sur nos ruiLes que ces peuples s'élèveront, comme les gentils s'élevèrent sur celles des Juifs à la naissance de Féglise ? Voici une œuvre que Dieu fait pour glorifier son évangile : mais n'est-ce point aussi pour le transférer ? Il faudrait n'aimer point le Seigneur Jesus, pour n'aimer pas son ouvrage; mais il faurait s'oublier soi-même, pour n'en trembler pas. Réjouissons-nous done au Seigneur, mes frères, au Seigneur qui donne clɔire à son nom; mais réjouissons-nous avec tremblement. Voilà les deux pensées qui rempliront ce discours.

Esprit promis par la vérité même à tous ceux qui vous cherchent, que mon cœur ne respice que pour vous attirer au-dedans de lui; que ma bouche demeure muette, plutôt que de s'ouvrir, si ce n'est à votre parole. Que mes yeux se ferment à toute autre lumière qu'à cèlle que vous versez d'en haut. O Esprit Saint, soyez vous-même tout en tous dans ceux qui m'écoutent, l'intelligence, la sagesse, le sentiment; en moi, la force, l'onction, la lumière. Marie, priez pour nous. Ave, Maria.

PREMIER POINT.

QUELLE est, mes frères, cette Jérusalem dont le prophète parle, cette cité pacifique dont les portes ne se ferment ni jour ni nuit,

qui suce le lait des nations, dont les rois de la terre sont les nourriciers et viennent adorer les sacrés vestiges? Elle est si puissante, que tout royaume qui ne lui sera pas soumis périra; et si heureuse, qu'elle n'aura plus d'autre soleil que Dieu, qui fera luire sur elle un jour éternel. Qui ne voit que ce ne peut être cette Jérusalem rebatie par les Juifs ramenés de Babylone, ville faible, malheureuse, souvent en guerre, toujours en servitude sous les Perses, les Grecs, les Romains, enfin sous ces derniers réduite en cendres, avec une dispersion universelle de ses enfans qui dure encore depuis seize siècles? C'est donc manifestement hors du peuple juif qu'il faut chercher l'accomplissement des promesses dont il est déchu.

Il n'y a plus d'autre Jérusalem que celle d'en haut, qui est notre mère, selon saint Paul: elle vient du ciel, et elle enfante sur la terre.

Qu'il est beau, mes frères, de voir comment les promesses se sont accomplies en elle! Tel était le caractère du messie, qu'il devait, non pas subjuguer par les armes, comme les Juifs charnels le prétendaient grossièrement, mais, ce qui est infiniment plus noble et plus digne de la magnificence des promesses, attirer par sa puissance sur les cœurs, sous son règne d'amour et de vérité, toutes les nations idolâtres.

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