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elle en vain formerons-nous de belles résolutions; privés de la nourriture intérieure, nous nous trouverons sans force dans toutes les occasions difficiles et dans toutes les tentations de la vie.

VAS

LES CARACTERES DE LA PIETY.

La faut que les pecheurs fassent une exacte reenerche des peces dont ils sont coupenes, an de seu humiller et de s'en puhir (1). Il faut aussi que les persones qui com profession de piele, et qui vivent dans la retraite, exemples des désordres grossiers du monde, examinent attendveient ievant Dieu Pumperrection et le peu de soiute des vertus qu'elles ont acquises. Sans set examen, qui sert à nous retenir dans humilité, dans la crainte et dans la derance de nous-meines, nos vertus meines Tous devienment nuisibles, ou du moins Kugereuses ; eiles nous inspirent une coinTace presomptueuse; eiles font que nous somines contens de nous, et que nous hassons notre vie dans un etat plein d'illus

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Compien voit-an de gens qui, sur cette vaine comiance en leur bonne intention, s'engagent dans de fausses conduites! de

1 le repasserai devant vous tomies les années de mare laus 'amertume de mon cœur, Is. 28. 12. 1) aput. 3, 12,

gens qui sont grossièrement abusés d'euxmêmes, et qui choquent et scandalisent leur prochain, en s'imaginant lui plaire et l'édifier (1) Rien n'est plus redoutable que ces exemples; rien n'est plus propre à nous rappeler sérieusement en nous-mêmes pour nous faire étudier soigneusement ce que nous sommes. Peut-être sommes-nous semblables à ces personnes abusées d'elles-mêmes dont nous avons pitié; peut-être que d'autres nous regardent avec la même compassion. Ces gens-là ont bonne intention, et croient être dans une conduite droite aussibien que nous. Ne sommes-nous point dans l'erreur, et ne nous flattons-nous pas comme eux ? C'est l'amour-propre qui les flatte et les éblouit; n'avons-nous point en nous ce même séducteur ? Craignons donc d'être dans cette voie, dont les commencemens paraissent sûrs et droits, mais qui aboutit enfin à la mort (2). Nous devons ce zèle et ce soin à la dévotion, de la rendre en nous irrépréhensible. Tant de gens lui font tort par les faiblesses et les indiscrétions qu'ils y mêlent, que nous devons régler la notre d'une manière qui répare ce scandale et ce déshonneur.

(1) Souvent notre esprit se flatte et se persuade d'ai mer dans le bien ce qu'il n'aime pas en effet. S. Grég Past. 2, c. 9.

(2) Prov. 14, 12.

Que ne devons-nous point à la piété (1)! c'est elle qui nous a délivrés d'une infinité d'erreurs, et qui nous a fait vaincre nos passions et nos mauvaises habitudes; qui Rous a dégoûtés des plaisirs empoisonnés du monde; qui nous a convaincus et touchés des vérités salutaires de la religion, et qui nous a garantis des piéges funestes dont le siècle est rempli. Serons-nous ingrats apres tant de bienfaits reçus ? N'aurons-nous point le courage de sacrifier à la piété toutes nos inclinations déréglées, quoi qu'il en puisse coûter à notre amour-propre ? Au reste, gardons-nous bien de juger de notre vertu par les apparences. Les balances trompeuses du monde, que l'écriture appelle abominables, sont bien differentes de celles dont la justice de Dien se sert pour peser toutes nos actions (2). Souvent Dieu, qui pénètre les plus secrets replis des cœurs, y voit et y condamne certaines passions déguisées, pendant que les dehors paraissent vertueux et exemplaires aux yeux du monde.

Or il est sûr que Dieu ne s'arrête jamais à cet extérieur, et qu'une vertu superficielle ne saurait l'éblouir. Gardons-nous donc bien de nous contenter d'une conduite extérieure

(1) La piété est utile à tout, I Tim. 4, 8.

2) Ps. 61, 10. Prov. 11, 1. Osće 12, 7. Ps. Hebr. 4, 13. Apoc. 3.

10.

ment régulière; voyons si l'essentiel de la piété se trouve dans nos sentimens et dans nos actions.

Piété utile à tous; piété simple et désintéressée; piété constante; piété qui fait le bien et qui le cache ; piété qui ne cherche point à plaire aux hommes, ou du moins qui ne veut leur plaire que pour plaire à Dieu (1); piété enfin qui va jusqu'à s'oublier soi-même pour n'être appliquée qu'à la correction de ses défauts et à l'accomplissement de ses devoirs (2).

Encore une fois, examinons en présence de Dieu si la notre est faite de la sorte, et fesons cet examen par rapport à Dieu, par rapport à nous-mêmes, par rapport au prochain. Ces trois considérations feront le sujet de ce discours.

PREMIER POINT,

CHACUN de nous doit s'examiner soimême pour découvrir s'il est dans les dispositions où il doit être à l'égard de Dieu, et sans lesquelles toute sa piété, quelque fervente qu'elle paraisse au-dehors, ne saurait avoir de solidité. Voyons donc si nous

(1) Galat. 1, 10.

(2) Je tâche de plaire à tous en toutes choses, De cherchant point ce qui m'est avantageux, mais ce qui l'est à plusieurs pour être sauvées. I Cor. 10, 33.

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