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1793, le souverain pontife Pie V fut consulté sur cette question: « Est-il permis aux fidèles de recevoir, en danger de mort, l'absolution d'un prêtre jureur ou d'un curé intrus?» Sa Sainteté répondit « que cette conduite n'était point blåmable, lorsqu'il y avait impossibilité de se procurer un autre prêtre (1). » Or, les curés intrus étaient évidemment schismatiques, et tout prêtre qui avait prêté serment à la constitution civile du clergé était tombé dans l'hérésie, puisque cette constitution renfermait un amas d'hérésies, selon les expressions de Pie VI, dans une lettre à Louis XVI, en date du 11 mars 1791 (2). Nous avons dit qu'il est permis, à la mort, à défaut d'un prêtre catholique, de recevoir l'absolution d'un prêtre schismatique ou hérétique, si on peut le faire sans scandale et sans péril de séduction; autrement il faudrait s'abandonner à la divine miséricorde et s'exciter de toutes ses forces à la contrition parfaite, qui, jointe au vœu du sacrement de pénitence, a la vertu de remettre les péchés.

D. Le sacrement de pénitence est-il nécessaire au salut? — R. Oui, il est nécessaire au salut pour ceux qui, depuis leur baptême, ont péché mortellement, ne l'eussent-ils fait qu'une fois.

EXPLICATION.

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Dieu ayant attaché la grâce de la réconciliation au sacrement de pénitence, il s'ensuit qu'il

quilibet sacerdos potest à quibuscumque censuris et peccatis absolvere. (Rit. rom. Pauli v.)

(1) Quæstio 9. Nùm licitè fideles in articulo vel periculo mortis possint absolutionem recipere à sacerdote jurato, et à parocho intruso? Resp. Non esse improbandam rationem quam inierunt nonnulli Gallicani, qui in articulo vel periculo mortis, pœnitentiæ sacramentum à sacerdotibus juratis, ac etiam à parochis intrusis recipere posse permiserunt, deficiente quovis alio catholico sacerdote. (Apud Moser, p. 77.) — (2) Perspicuum est quod hæretici nota evitari ab illo non possit, quicumque civico se obstringit jurejurando, cùm ea promittat sibi servanda, in quibus hæresum congeries continetur. (Apud Moser, p. 55. )

est absolument nécessaire au salut pour tous ceux qui, depuis leur baptême, sont tombés dans quelque péché mortel. Le sacrement de pénitence n'est pas également nécessaire à ceux qui n'ont commis que des péchés véniels, parce qu'il y a d'autres moyens d'en obtenir la rémission; mais il leur est infiniment utile, et de plus il leur est nécessaire, de nécessité de précepte ecclésias→ tique, au moins une fois chaque année, ainsi que nous l'avons montré en expliquant le troisième commandement de l'Eglise.

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D. Ceux qui ne pourraient avoir de prêtre à l'article de la mort, ne seraient donc pas sauvés, s'ils étaient en péché mortel? R. Ils pourraient être sauvés, pourvu qu'ils eussent la contrition parfaite et un désir sincère de se confesser, s'ils le pouvaient.

EXPLICATION. Le sacrement de pénitence peut être suppléé, dans le cas de nécessité, par une sincère contrition jointe au désir de recevoir ce sacrement. Ainsi, une personne qui, à l'article de la mort, ne pourrait avoir de prêtre, pourrait néanmoins être sauvée, si elle se repentait de tout son cœur, et qu'elle produisit un acte de contrition parfaite; elle serait justifiée aux yeux de Dieu, pourvu, toutefois, qu'elle joignît à son repentir le vœu du sacrement, c'est-à-dire le désir ardent de se confesser et de recevoir l'absolution, si elle le pouvait.

Henri IV se disposait à partir pour une expédition, lorsqu'il fut assassiné (1) à l'entrée de la rue de la Féronnerie, par un scélérat nommé François Ravaillac. Frappé de trois coups de couteau, dans son carrosse, le malheureux prince ne donna aucun signe de vie. Le cardinal de Sourdis étant accouru, et s'étant aperçu que le sang battait encore, donna l'absolution au mourant. La mémoire de Henri est restée gravée à jamais dans les cœurs français. Franc, loyal, généreux, ami de l'ordre et de la justice, il mettait son bonheur à réparer les maux passés et (1) 14 mai 1610.

à faire prospérer le royaume. Il protégea la religion, et son nom se trouve plusieurs fois mêlé à la fondation de pieux établissements. On ne saurait dissimuler que sa vie offre de grandes taches. Il ne sut point surmonter une passion impétueuse. Elevé dans la licence des camps et au sein d'une religion peu sévère, il affligea les âmes pieuses par l'éclat de ses désordres, dont les suites troublèrent plusieurs fois le repos de sa vie. Toutefois, un historien (1) rapporte que, dans sa dernière année, il parut plus occupé de son salut; dans les fêtes mêmes et dans les lieux de réjouissance, il songeait à la mort et au jugement qui doit la suivre. Il avait des moments de retour sincère vers Dieu, écoutait avec docilité les exhortations de son confesseur, et n'approchait du sacrement de pénitence qu'avec des signes non équivoques de douleur. Le genre de sa mort consterna ses amis et ses serviteurs les plus religieux, et ils offrirent leurs prières et leurs vœux pour ce maître si généreux. Une fille de Valence, que l'on croyait honorée de révélation particulière, annonça que le roi avait eu la contrition à la mort. Saint François de Sales,écrivant à Deshayes sur ce funeste événement, s'exprime d'une manière bien digne de son admirable charité. Après avoir déploré cette mort et loué les belles qualités de Henri, il ajoute : « Au demeu» rant, le plus grand bonheur de ce grand roi défunt fut > celui par lequel se rendant enfant de l'Eglise, il se ren» dit père de la France; se rendant brebis du grand pas>teur, il se rendit pasteur de tant de peuples, et con>vertissant son cœur à Dieu, il convertit celui de tous >> les bons catholiques à soi. C'est ce seul bonheur qui » me fait espérer que la douce et miséricordieuse pro»vidence du Père céleste aura insensiblement mis dans » ce cœur royal, au dernier article de sa vie, la contri» tion nécessaire pour une heureuse mort. Ainsi prié-je D cette souveraine bonté qu'elle soit pitoyable à celui qui (1) Le P. d'Orléans, Vie du P. Coton.

» le fut à tant de gens, qu'elle pardonne à celui qui par» donna à tant d'ennemis, et qu'elle reçoive cette âme » réconciliée en sa gloire, qui en reçut tant en sa grâce > après leur réconciliation (1). »

Lors de la prise de Constantine par les armées françaises, un officier général, M. le marquis de Caraman, atteint du choléra, de ce fléau plus redoutable que les balles arabes, voulut, sur son lit de mort, s'acquitter de ses devoirs de chrétien, et réclama vainement l'assistance d'un prêtre. Le général Perregaux exprima aussi les plus vifs regrets de ce qu'il ne se trouvait aucun prêtre pour lui administrer les secours de la religion. Si ces deux braves ont joint, au désir de se confesser, un acte de contrition parfaite, ils sont sauvés.

D. Que faut-il faire pour bien recevoir le sacrement de pénitence? Il faut, premièrement, examiner sa conscience; deuxièmement, avoir un grand regret de ses péchés; troisièmement, former la résolution sincère de ne plus les commettre; quatrièmement, confesser tous ses péchés au prêtre; cinquièmement, être dans la disposition de satisfaire à Dieu et au prochain.

EXPLICATION.

Les péchés ne sont pas remis à tous ceux qui reçoivent le sacrement de pénitence, mais seulement à ceux qui sont bien disposés. Or, on ne serait pas bien disposé si on n'avait pas eu soin d'examiner sa conscience; si on ne détestait pas les péchés que l'on a commis; si on n'était pas dans la ferme résolution de ne plus y tomber; si on n'en faisait pas l'aveu sincère; si, enfin, on n'était pas dans l'intention de satisfaire à la justice de Dieu, et de réparer le tort fait au prochain dans sa personne, dans sa réputation ou dans ses biens.

TRAIT HISTORIQUE.

CALOMNIE DE VOLTAIRE.

Voltaire suppose, dans un de ses ouvrages, que les catholiques s'accordent à regarder telle personne comme réprouvée, par cela (1) Essai sur l'influence de la religion, par M. Picot, t. I.

seul qu'elle est morte sans confession. Rien n'est plus calomnieux qu'un tel reproche. Les catholiques instruits savent assez qu'il ne leur appartient pas de prononcer des jugements aussi absolus sur ces questions délicates; nous ignorons trop ce qui peut se passer entre Dieu et l'homme dans ces moments courts et terribles, où le mourant conserve sa connaissance sans pouvoir en donner des signes extérieurs (1). Il est possible qu'il ait, au fond de son cœur, le désir de se confesser, s'il le pouvait ; et si ce désir est accompagné d'un acte de contrition parfaite, le sacrement de pénitence est suppléé, et le pécheur est justifié.

LEÇON XIV.

DE L'EXAMEN DE CONSCIENCE.

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D. Qu'est-ce que l'examen de conscience? R. L'examen de conscience est la recherche exacte de tous ses péchés pour les déclarer au prêtre.

EXPLICATION. — La première chose nécessaire pour recevoir dignement le sacrement de pénitence, c'est d'examiner sa conscience, c'est-à-dire de rechercher exactement en quoi l'on a péché, afin de se faire bien connaître au prêtre. Cet examen, positivement prescrit par les saints canons (2), et spécialement par le concile de Trente, est une préparation indispensable à la confession. Qu'est-ce, en effet, que la confession? c'est l'accusation des péchés que l'on a commis; or, pour accuser ses péchés, il faut se les rappeler, et le moyen de se les rappeler, c'est de s'examiner avec le plus grand soin.

D. Cet examen est-il nécessaire? R. Oui, parce que si l'on oubliait en confession quelque péché mortel, pour ne s'être pas suffisamment examiné, on commettrait un sacrilége.

EXPLICATION. Celui qui, après s'être bien examiné, oublie en confession quelque péché mortel, ne fait pas pour cela une confession mauvaise, et le péché qu'il a

(1) M. Picot, Essai historique sur l'influence de la religion, t. I, p. 129. (2) Canon, règle, règlement.

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