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trouver un symbole plus expressif de cette union que le pain, qui est fait de plusieurs grains réunis et confondus ensemble? Il a été aussi institué, selon plusieurs auteurs, pour être une sorte de supplément à la communion, et il vient de l'époque où la communion sacramentelle devint moins fréquente. La réception de l'eucharistie se faisait d'abord à toutes les messes que l'on entendait, après le baiser de paix. Puis le nombre des fidèles augmentant, d'une part, de l'autre la piété s'attiédissant, la communion fut prescrite pour tous les dimanches. Plus tard, elle ne fut de rigueur qu'aux trois principales fêtes de l'année; et enfin, au douzième siècle, la seule communion pascale fut prescrite sous peine d'anathème. Mais pour mémorial on établit l'usage du pain bénit, appelé dans l'Eglise grecque eulogie (prière, bénédiction). Saint Cyprien nous apprend que, de son temps, personne ne s'en retournait de l'église sans avoir communié ou reçu du pain bénit en signe de communion. Il parait certain qu'on donnait le pain bénit aux catéchumènes, c'est-àdire à ceux que l'on préparait pour le baptême; c'est ce qu'insinue saint Augustin, quand il dit : « Quoique ce ne soit pas le corps de Jésus-Christ qu'on donne aux catéchumènes, c'est cependant une chose sainte et plus sainte que ne sont les aliments dont nous nous nourrissons; car c'est une espèce de sacrement (1). » Mais on ne donnait pas le pain bénit aux excommuniés. Saint Grégoire de Tours nous l'apprend en disant qu'il l'avait refusé au prince Chram, qui s'en plaignit, disant qu'il était injustement excommunié. Saint Grégoire consulta Ragnemode, alors évêque de Paris, qui lui conseilla de rétablir cet homme dans la communion de l'Eglise; il le fit et lui donna part au pain bénit (2).

4" (Confessus.) La quatrième classe des sacramentaux comprend le Confiteor Deo omnipotenti, etc., ou la con(1) S. Aug. De pec., 1. II. → (2) Memento du clergé, année 1841,

P. 284.

fession générale des péchés que l'on fait au commencement de la messe, à l'office de prime et à celui de complies, l'absolution générale que donne le prêtre avant la communion, et l'absoute du mercredi des cendres et du jeudi saint.

5° (Dans.) L'aumône (1) est le cinquième des sacramentaux, et, sous ce nom, il faut entendre toutes les œuvres de miséricorde, spirituelles et corporelles. Ainsi, apprendre à quelqu'un à prier Dieu, enseigner le catéchisme, visiter les malades, les prisonniers, les pauvres, consoler des affligés, sont autant de bonnes œuvres qui, outre leur mérite intrinsèque, ont une vertu spéciale qui leur vient des promesses de Dieu, consignées dans les divines Ecritures.

6o (Benedicens.) La sixième et dernière classe de sacramentaux comprend d'abord, et avant tout, la bénédiction du saint sacrement. Ensuite la bénédiction de l'évêque, daquelle a toujours plus de vertu, à raison de la plénitude du sacerdoce, même lorsqu'il n'est pas en fonction et c'est sans doute de là qu'est venu le pieux usage de se mettre à genoux lorsqu'il passe, même dans les rues. Puis la bénédiction du prêtre quand il est en fonction, par exemple à la fin de la messe, ou quand il donne Ja communion, etc. Enfin, tous les objets bénits, 'tels que les cierges, les rameaux, les ornements sacerdotaux, les scapulaires, les croix, les médailles, etc.

Les sacramentaux ne produisent point la grâce par eux-mêmes, comme les sacrements; ils ne la produisent que médiatement, c'est-à-dire que si quelqu'un fait avec foi et dévotion usage des sacramentaux, il peut obtenir, en vertu des prières de l'Eglise, des grâces pour se disposer à recevoir la rémission de ses péchés et la grâce sanctifiante dans le sacrement de pénitence. De plus, ils ont la vertu d'inspirer des dispositions de foi, de con

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(1) L'aumône est plutôt d'institution divine que d'institution ecclésiastique.

fiance dans les mérites de Jésus-Christ et dans les prières de l'Eglise, de charité et de contrition; dispositions auxquelles Dieu accorde, même hors du tribunal de la pénitence, la rémission des péchés véniels.

TRAITS HISTORIQUES.

SUR L'ABANDON DES SACREMENTS.

de

Un saint prêtre disait en gémissant: Combien n'y a-t-il pas malades qui, dans la belle saison, vont aux eaux de Bourbon, de Vichy, de Barége, etc.! Ils font de grandes dépenses pour guérir de quelques infirmités corporelles, et il s'en faut bien qu'ils guérissent tous. Nous avons des sources admirables pour toutes les maladies de l'âme, ce sont les sacrements. Ces sources de grâces guérissent infailliblement tous ceux qui y vont étant bien disposés. Comment tant de pécheurs négligent-ils d'aller à ces sources y puiser une eau qui est si salutaire? Comment la plupart de ceux qui y vont, n'y portent-ils pas les dispositions requises? (1)

LES FLAGELLANTS.

Vers la fin du treizième siècle, parut une secte de pénitents fanatiques et atrabilaires qui se fouettaient impitoyablement et qui attribuaient à la flagellation plus de vertu qu'aux sacrements pour effacer les péchés; on les nomma flagellants. Ils furent condamnés par le souverain pontife Clément VI. (2)

LEÇON II.

DU BAPTÊME.

D. Qu'est-ce que le baptême? — Le baptême est un sacrément qui efface en nous le péché originel, et nous fait enfants de Dieu et de l'Eglise.

EXPLICATION. Le mot baptême signifie littéralement la même chose que bain, ablution; baptiser, c'est laver, nettoyer, purifier; on appelle baptême le premier des sept sacrements, parce qu'il a la vertu de laver et de purifier l'âme des souillures que le péché lui a fait contracter.

(1) Explic. du Catéch. de l'Empire, p. 455. (2) Pluquet, art. Flagellants.

Le baptême est un sacrement, puisqu'il est un signe sensible institué par Jésus-Christ pour nous sanctifier. 1o Le baptême est un signe sensible qui consiste dans l'action que fait le ministre en versant de l'eau sur la tête de la personne qu'il baptise, et dans les paroles qu'il prononce. 2o Il a été institué par Jésus-Christ lorsqu'il dit à ses apôtres Allez et instruisez toutes les nations, les baptisant au nom du Père, et du Fils, et du SaintEsprit. 3o Jésus-Christ l'a institué pour nous sanctifier, en lui donnant la vertu d'effacer le péché originel et de répandre dans nos cœurs la charité qui nous rend justes et saints aux yeux du Seigneur.

Dans l'état de nature, c'est-à-dire depuis la chute d'Adam jusqu'à Moïse, il existait, selon le sentiment commun des théologiens, un remède pour effacer le péché originel. Ce remède ou sacrement, que l'Ecriture ne nous fait point connaître, consistait probablement dans quelque cérémonie extérieure par laquelle on manifestait sa foi dans le Messie promis. Depuis la vocation d'Abraham et sous la loi de Moïse, la circoncision, selon l'opinion adoptée par le plus grand nombre des docteurs, et en particulier par Benoit XIV, effaçait le péché originel dans les enfants måles, lesquels, suivant l'ordre exprès du Seigneur, devaient être circoncis au bout de huit jours. Il y avait sans doute, comme sous la loi de nature, quelque autre remède ou sacrement pour les filles et pour les garçons qui, avant d'avoir huit jours, se trouvaient en danger de mort (1).

Sous la loi de grâce, c'est le baptême qui efface le péché originel, c'est-à-dire le péché que nous apportons tous en naissant, qui nous vient d'Adam, notre premier père, lequel ayant désobéi à Dieu nous a rendus tous pécheurs par sa désobéissance.

Lorsqu'on vous présenta à l'Eglise, le jour ou le lendemain de votre naissance, vous étiez donc, mes enfants, (1) Dens, t. V, p. 92.

coupables de ce péché, et voici comment vous en avez été purifiés; le prêtre parla avec empire au démon qui possédait vos âmes Eloigne-toi, esprit immonde, de cette image de Dieu, cria-t-il d'un ton d'autorité, et cède la place au Dieu vivant et véritable. Puis il fit couler par trois fois, sur votre tête, l'eau salutaire en forme de croix; à l'instant même la tache originelle fut effacée, et le Saint-Esprit descendit dans vos âmes pour y habiter et demeurer constamment avec vous, tant que vous n'auriez pas le malheur de le chasser par le péché mortel.

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D. Le baptême n'efface-t-il que le péché originel? R. Le baptême efface aussi les péchés actuels qu'on pourrait avoir commis avant de le recevoir.

EXPLICATION. C'est particulièrement pour effacer le péché originel que Jésus-Christ a institué le baptême; mais ce sacrement efface aussi les péchés actuels, si on en a commis avant de le recevoir. Ainsi, mes enfants, supposons qu'un homme, parvenu à l'âge de soixante ans, ait commis, chaque jour, depuis qu'il a atteint l'âge de raison, des milliers de péchés et de crimes; si cet homme recevait aujourd'hui le baptême, avec les dispositions nécessaires, il obtiendrait la rémission non-seulement du péché originel, mais aussi de tous les péchés actuels qu'il a commis pendant tout le cours de sa vie. Je dis : s'il recevait le baptême avec les dispositions nécessaires; car pour qu'un adulte, c'est-à-dire celui qui a atteint l'âge de raison, reçoive dans le baptême le pardon de ses péchés, il faut qu'il ait la foi, l'espérance, le repentir, et au moins un commencement d'amour de Dieu. Si ces dispositions lui manquent, il reçoit, il est vrai, le caractère de chrétien; mais les autres effets du sacrement, savoir l'infusion de la grâce sanctifiante, la rémission du péché originel et des péchés actuels, sont suspendus et ne seront produits que lorsqu'il aura levé l'obstacle par un véritable et sincère repentir.

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