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expédition de l'ordonnance, dans laquelle il est fait mention de l'enregistrement, demeure annexée à l'acte de célébration de mariage.

TRAITS HISTORIQUES.

PENSÉES DE SAINT JEAN CHRYSOSTOME SUR LE MARIAGE.

Le mariage ne doit pas être contracté légèrement et par intérêt. Le mariage n'est pas un marché; c'est l'union de toute la vie. Rien de plus commun que d'entendre dire : « Tel a fait un mariage qui l'a enrichi tout à coup. Il n'avait pris femme que pour avoir de l'argent. » Quel langage! une femme pour de l'argent!..... Malheur à celui qui n'épouse que pour de l'argent! Combien d'hommes riches, mariés à des femmes opulentes, ont perdu leur repos en augmentant leur fortune! Combien de pauvres, mariés à des filles pauvres, coulent des jours tranquilles et heureux! Ce n'est donc pas la richesse qu'il faut considérer dans le mariage; c'est la vertu, c'est l'honnêteté, c'est l'économie. Avec ces qualités, une femme, même pauvre, vous rendra heureux. La pauvreté la gâtera moins que la richesse. Si elle ne les a point, vous eût-elle apporté la plus riche dot, plus de paix, plus de bonheur; c'est une tempête qui ravage et dissipe tout en un moment (1).

CÉRÉMONIES DU SACREMENT DE MARIAGE.

Le jour du mariage, la jeune fiancée, parée de ses plus beaux habits, et portant sur la tête une couronne de fleurs, symbole de sa pureté, se rend à l'église avec celui qui va bientôt lui être uni par un lien indissoluble. Ils sont accompagnés de leurs parents et de leurs amis. Le prêtre s'avance vers eux et les avertit de se donner la main droite l'un à l'autre, en signe de l'union qu'ils vont contracter; puis s'adressant à l'époux, il lui dit, en l'appelant par son nom: N., vous promettez à N., ici présente, la foi de mariage, · et vous jurez devant Dieu que vous la prenez pour votre femme et légitime épouse? L'époux répond: Oui, monsieur. Le prêtre dit ensuite à l'épouse: N., vous promettez à N., ici présent, la foi de mariage, et vous jurez devant Dieu que vous le prenez pour votre mari et légitime époux? A quoi elle répond: Oui, monsieur. Voilà le mot décisif: le serment est prononcé, la mort seule peut le rompre. Alors le prêtre les bénit en prononçant ces paroles: Et moi, (1) Bibliothèque des PP., t. XIX, p. 259.

par l'autorité du Dieu tout-puissant et de la sainte Eglise, je dous unis en mariage, au nom du Père, et du Fils, et du Saint-Esprit. Il fait sur eux le signe de la croix, pour leur rappeler que c'est au nom de l'auguste Trinité, et par les mérites de sa passion et de sa mort, que notre Seigneur a élevé le mariage à la dignité de sacrement. Après cela, le prêtre avertit l'époux et l'épouse de séparer leurs mains. Ils sont unis devant Dieu, désormais ils n'auront plus qu'un seul cœur et une seule âme; il ne reste plus qu'à donner à l'épouse le signe de son alliance et le gage de son dévouement. Alors on présente au prêtre l'anneau nuptial; il le bénit, le donne à l'époux qui le met aussitôt à la main gauche de son épouse, au quatrième doigt, appelé doigt annulaire, d'où part, dit-on, un petit nerf qui va jusqu'au cœur (I). L'épouse devra le porter toujours: elle n'est plus à elle, elle s'est donnée à son époux. L'anneau est le signe de la chaîne qu'elle vient de s'imposer et des engagements qu'elle vient de contracter. A la messe, après le Pater, on étend sur la tête des époux une espèce de voile, symbole de la pudeur conjugale. Pendant ce temps, le prêtre leur donne une nouvelle bénédiction. Il conjure le Seigneur de rendre la nouvelle épouse aimable à son mari comme Rachel, sage comme Rebecca, fidèle comme Sara; et il demande à Dieu que les deux époux voient les enfants de leurs enfants jusqu'à la troisième et quatrième génération, et qu'ils arrivent à une heureuse vieillesse. Cette bénédiction ne se donne point quand l'épouse est veuve, ou quand, avant son mariage, son inconduite a été notoire. La veuve l'a déjà reçue, et une personne qui n'a pas su conserver son innocence et son honneur en est absolument indigne. Après l'Ite, missa est, le prêtre se tourne vers les époux, et leur exprime en ces termes les vœux sincères que l'Eglise forme pour leur bonheur : « Que le Dieu d'Abraham, que le Dieu d'Isaac, et que le Dieu de Jacob soit avec vous; qu'il vous comble de ses bénédictions, vous donne de voir vos enfants jusqu'à la troisième et quatrième génération, et yous accorde la vie éternelle, par la grâce de notre Seigneur JésusChrist. Ainsi soit-il. Le jour où l'on a reçu la bénédiction nuptiale, il est permis de se livrer à une joie toute sainte; mais ce serait vouloir attirer sur soi les malédictions du ciel, que de se

(1) Annulus in digitum annularem imponitur,quia,ut ait A. Gellius, lib. x, cap. 10, repertum est nervum quemdam tenuissimum ab eo digito ad cor hominis pergere, ac pervenire. (Corsetti, p. 376.)

livrer aux excès de l'intempérance et à des divertissements que la religion condamne.

Les cérémonies qui accompagnent la célébration du mariage ne sont pas les mêmes dans tous les diocèses; non-seulement le saint concile de Trente autorise à les conserver, mais il exprime formellement le vœu qu'il n'y soit pas dérogé (1).

USAGE DES ROMAINS ET DES HÉBREUX.

Nous venons de dire un mot de l'anneau que l'époux met au doigt de son épouse. Chez les Romains, non-seulement dans le contrat de mariage, mais dans tous les autres contrats, on donnait pour arrhes un anneau, ainsi que nous l'apprend Pline l'ancien (Hist. natural., lib. XXXIII, cap. 1.) La mème chose se pratiquait chez les Hébreux. Voici en effet ce que nous lisons au livre de la Genèse (chap. 38, v. 16-18.) : « Thamar dit à Juda : Que me > donnerez-vous pour ce que vous me demandez? - Je vous enverrai, › dit-il, un chevreau de mon troupeau. — Elle répartit: Je consentirai > à ce que vous voulez, pourvu que vous me donniez un gage en > attendant que vous m'envoyiez ce que vous me promettez. — Que > voulez-vous que je vous donne pour gage, lui dit Juda? » lui répondit: Donnez-moi votre anneau (2). »

LEÇON XXXII.

DE LA PRIÈRE EN GÉNÉRAL.

Elle

D. Quel est, après les sacrements, le moyen par lequel nous pouvons encore obtenir la grâce de Dieu ? R. Le moyen par lequel nous pouvons encore obtenir la grâce de Dieu, est la prière. EXPLICATION. Les sacrements ne sont pas les seuls moyens d'obtenir la grâce, c'est-à-dire les secours dont nous avons besoin pour éviter le mal, pratiquer les vertus chrétiennes et garder les commandements. Nous pouvons l'obtenir encore par la prière, qui, lorsqu'elle est bien

utuntur

(1) Cæterùm si quæ provinciæ aliis ultrà prædictas, laudabilibus consuetudinibus, et cœremoniis in celebrando matrimonii sacramento eas sancta Tridentina synodus optat retineri. (Rit. rom., tit. XLII.)~(2) Franciscus Molinus, Tractatus de fœdere nuptiarum, 1 vol. in-fo, Barcinone, 1618, p. 24.

faite, peut tout sur le cœur de Dieu et le porte à verser sur nous ses faveurs et ses dons.

D. Qu'est-ce que la prière?

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· R. La prière est une élévation de notre âme vers Dieu pour l'adorer, le remercier, lui exposer nos besoins et demander sa grâce.

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EXPLICATION. La prière est une élévation de notre âme vers Dieu; c'est un entretien avec Dieu, et toutes les fois que nous prions, nous lions familièrement conversation avec lui (1); c'est un élan de l'âme qui s'élève, de la bassesse des choses terrestres, à la hauteur du ciel. Prier, c'est quitter le commerce des hommes pour parler à celui dont la main toute puissante a tiré du néant les anges et les hommes. « Qui ne sera point frappé d'étonnement et d'admiration, s'écrie saint Jean Chrysostome, à la vue d'une si grande bonté de notre Dieu envers nous, qui le porte à faire à des mortels l'honneur d'entrer en conversation avec lui, et de nous permettre de déposer nos vœux au pied de son trône? Ne serait-ce pas une véritable démence de ne point comprendre la grandeur de cet honneur, et de ne point s'adonner à la prière avec toute l'affection de son âme? (2) » — « La prière est l'acte le plus excellent de la créature. Cette vérité est connue même des musulmans, qui la proclament en ces termes du haut de leurs minarets, aux différentes heures canoniques de la nuit et du jour. Elle est l'ascension de l'âme vers le Créateur, l'adoration de son infinité, la demande de son secours paternel, la reconnaissance des bienfaits mérités par le Fils, et des grâces découlant de l'Esprit, qui unit le Fils au Père; elle est l'aveu de notre néant, le gémissement du repentir, le cri jeté dans la détresse, la plainte de l'amour, l'impatience de posséder ·

(1) Oratio est ascensio mentis ad Deum. (S. Joan. Damasc.) Oratio est conversatio sermocinatioque cum Deo. (S. Greg. Nyssen.) (2) Hoc est ipsum evidentissimum argumentum amentiæ, non intelligere magnitudinem honoris, nec amare deprecandi studium. (S. Chrysost., lib. 1, de orando Deo.)

le bien-aimé, le transport de la possession, et le repos dans le goût et la contemplation de ses merveilles. La prière, sous toutes ces formes, selon l'état de celui qui prie, est une dans son effet, qui est d'honorer Dieu et de s'élever, comme le parfum de l'encens, en sa présence (1). »

Nous prions Dieu, nous élevons notre âme vers lui, 1° pour l'adorer et reconnaître son domaine absolu sur tout ce qui existe; 2o pour le remercier : comblés de ses bienfaits, n'est-il pas juste que nous lui témoignions notre sincère et vive reconnaissance? 3° pour lui exposer nos besoins qui sont si grands et si nombreux; 4o pour demander sa grâce, sans laquelle nous ne pouvons absolument rien dans l'ordre du salut.

D. La prière, qui est un moyen d'obtenir la grâce, n'est-elle point elle-même une grâce? R. Oui, la prière est une grâce que nous devons à la bonté et à la libéralité du Seigneur.

EXPLICATION.- La foi nous enseigne que, dans l'ordre surnaturel, nous ne pouvons rien faire sans la grâce, pas même former en nous une bonne pensée : « Non que > nous soyons capables de former de nous-mêmes >> aucune bonne pensée comme de nous-mêmes; mais > c'est Dieu qui nous en rend capables (2). » — « Nul ne > peut proférer dignement le nom de Jésus, sinon par le >Saint-Esprit (3). » — Aussi l'esprit de prière étant un don signalé du ciel, le Seigneur le promet à son nouveau peuple, vraie famille de David : « Je répandrai sur la » maison de David et sur les habitants de Jérusalem > l'esprit de grâce et de prière (4). » C'est ce divin esprit que Jésus, par sa mort, nous communique abondamment,

(1) E. Boré, Annales de philosophie chrétienne, no dejanv. 1843. - (2) Non quod sufficientes simus cogitare aliquid à nobis, quasi ex nobis, sed sufficientia nostra ex Deo est. (II. Cor. 11. 5.)—(3) Nemo potest dicere: Dominus Jesus, nisi in Spiritu Sancto. (I. Cor. xii. 3.)

·(4) Effundam super domum David et super habitatores Jerusalem, spiritum gratiæ et precum. (Zachar. XII. 10.)

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