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victorieux lorsque Dieu nous assiste; nous sommes vaincus quand il ne nous assiste pas. Nous demandons donc que Dieu secoure notre faiblesse par la puissance de sa grâce, et qu'il ne nous laisse point succomber à la tentation, en nous abandonnant à nous-mêmes et à la fureur de nos ennemis; mais que, s'il permet que nous soyons tentés, ce ne soit que pour nous faire sortir victorieux du combat.

D. Quelle est la septième demande ? - R. Délivrez-nous du mal.

D. Que demandons-nous à Dieu, quand nous disons : Délivreznous du mal? — R. Nous prions Dieu de nous délivrer de tout ce qui est mauvais, c'est-à-dire du démon, du péché, des penchants vicieux, et des autres choses qui peuvent mettre obstacle à notre salut.

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EXPLICATION. Par ces paroles : Délivrez-nous du mal, nous demandons à Dieu qu'il nous préserve de tous les maux de l'âme et du corps. Les maux de l'âme sont le péché, la mort dans le péché, et la damnation éternelle. Les maux du corps sont les maladies, les infirmités, les douleurs, etc. Nous conjurons le Seigneur de nous préserver absolument des premiers, et d'éloigner de nous les seconds, à moins qu'ils ne nous soient nécessaires pour nous purifier, pour nous éprouver et pour nous faire opérer notre salut; alors nous le prions de nous accorder la grâce de les supporter avec courage, avec résignation et avec patience, et de les rendre ainsi méritoires à ses yeux.

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D. Que veut dire Amen ou Ainsi soit-il? R. Le mot Amen ou Ainsi soit-il signifie : qu'il en soit ainsi ; c'est-à-dire je le désire de

tout mon cœur.

EXPLICATION.

L'oraison dominicale se termine par le mot hébreux Amen, qui en est comme le sceau et la conclusion. Ce mot veut dire : ainsi soit-il, c'est-à-dire qu'il en soit ainsi, que tout ce que je viens de demander

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me soit accordé; je le crois, je l'espère et je le désire de tout mon cœur. Amen est aussi un vœu nouveau, désir plus vif et plus ardent d'obtenir ce qu'on a demandé. Il convient de prononcer cette conclusion de l'oraison dominicale avec une piété et une sincérité toute particulière, soit pour suppléer aux défauts d'attention et de ferveur qui ont pu se glisser dans le reste de la prière, soit pour faire comme un dernier effort et frapper comme un dernier coup pour toucher le cœur de notre père qui est dans les cieux (1).

TRAITS HISTORIQUES.

LE PATER DE LA JARDINIÈRE.

M. de Flammenville, évêque de Perpignan, rencontra un jour une bonne jardinière qu'il interrogea sur la manière dont elle servait et priait le Seigneur. Quel fut son étonnement et son admiration lorsqu'il l'entendit réciter cette belle paraphrase, cette paraphrase également pieuse et naturelle de l'oraison dominicale! Il avoua qu'il n'avait jamais entendu personne prier si bien Dieu.

Notre père qui êtes aux cieux. Que je suis heureuse, ô mon Dieu, de vous avoir pour père, et que j'ai de joie de songer que le ciel doit être un jour ma demeure; faites-moi la grâce, ô mon Dieu, de ne point dégénérer de la qualité de votre enfant; ne permettez pas que je fasse rien qui me prive d'un si grand bonheur.

Que votre nom soit sanctifié. Mon Dieu, je ne suis qu'une pauvre femme, et par conséquent hors d'état par moi-même de pouvoir sanctifier votre saint nom; mais je désire de tout mon cœur qu'il soit sanctifié par toute la terre.

Que votre règne nous arrive. Je désire, ô mon Dieu, que vous régniez dès à présent dans mon cœur par votre grâce, afin que je puisse régner éternellement avec vous dans la gloire.

Que votre volonté soit faite en la terre comme au ciel. Mon Dieu, vous m'avez condamnée à gagner ma vie par le travail de mes mains; j'accepte, Seigneur, cette heureuse condition, et je ne voudrais pas la changer en une autre contre votre adorable volonté.

Donnez-nous aujourd'hui notre pain quotidien. Mon Dieu, je demande trois sortes de pain: celui de votre divine parole, pour (1) Catéchisme de persévérance.

m'apprendre ce que je dois faire; celui de la sainte eucharistie, qui fortifie mon âme ; et celui qui m'est nécessaire pour nourrir et substanter mon corps; et je vous promets, mon Dieu, après avoir pris ce qui me sera nécessaire, d'assister du reste ceux qui pourront

en avoir besoin.

Pardonnez-nous nos offenses comme nous pardonnons à ceux qui nous ont offensés. Seigneur, je sais que j'ai offensé plusieurs personnes; je leur en demande pardon de tout mon cœur; mais pour ceux qui m'ont offensée, je leur pardonne. Je vous prie, mon Dieu, de leur faire tout le bien que je souhaite à moi-même.

Ne nous induisez point en tentation. Seigneur, vous voyez de combien d'ennemis je suis entourée, et qu'il m'est difficile, sans votre grâce, de ne pas succomber à leurs suggestions; je vous la demande de tout mon cœur.

Mais délivrez-nous du mal. Je vous demande, ô mon Dieu, la grâce de me délivrer du plus grand de tous les maux, qui est le péché, qui seul peut me faire perdre votre grâce.

Ainsi soit-il. Je vous demande, ô mon Dieu, par ce mot, l'accomplissement de toutes les demandes que je viens de vous faire (1).

PROBA FALCONIA.

Proba Falconia, veuve de Probus, qui avait été consul en 372, s'était retirée en Afrique avec Julienne, sa belle-mère, et Démétriade, sa fille, après la prise et le pillage de Rome par Alaric, roi des Goths. Persuadée que la prière était son principal devoir, elle conjura saint Augustin de lui envoyer par écrit quelques instructions sur la manière de prier: « Sachez, dit le saint, que vous devez

apprendre à mépriser le monde avec ses plaisirs, et soupirer » après la possession de la grâce et de la charité, qui sont l'objet » principal de toutes nos prières; que la vraie prière est le cri du » cœur, et qu'elle doit être continuelle par de brûlants désirs de » l'âme, qui cherche Dieu sans cesse; qu'il faut avoir tous les >> jours des heures réglées pour les exercices de piété. » Il lui donne une explication de l'oraison dominicale; et il ajoute que nous devons recommander à Dieu, non-seulement les besoins de notre âme, mais encore ceux de notre corps et surtout de notre santé, afin que nous puissions, la consacrer au service du Seigneur ; et la raison qu'il en apporte, c'est que, sans la santé, tous les autres (1) Le Bon Catéchiste, par Mgr de La Palme.

biens temporels nous sont de peu d'utilité. Mais il veut en même temps que nous ne demandions les biens de cette vie qu'avec résignation à la volonté divine, et seulement dans la vue de notre avantage spirituel, de peur qu'en punition de notre impatience, Dieu ne nous les accorde, lorsqu'ils sont pernicieux à nos âmes, comme il accorda aux Juifs, murmurant dans le désert, les viandes qu'ils lui demandaient, et dans l'usage desquelles ils trouvèrent le châtiment de leur gourmandise et de leur révolte (1); au lieu qu'il refusa d'exaucer saint Paul, et de le délivrer d'une épreuve qui lui était utile.

LEÇON XXXVI.

DE LA SALUTATION ANGÉLIQUE.

D. Quelle est la prière qu'on dit ordinairement après le Pater? R. C'est l'Ave, Maria, qui est adressée à la sainte Vierge, et qu'on appelle la Salutation angélique.

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EXPLICATION. De toutes les prières que nous pouvons adresser à Marie, pour attirer sur nous sa protection et ses faveurs, il n'en est point de plus excellente que celle connue sous le nom de Salutation angélique. Cette prière remonte à la plus haute antiquité, et renferme, dans sa simplicité, un tableau des grandeurs et des excellences de la sainte Vierge, et des leçons touchantes sur la force de son intercession et sur le besoin que nous avons de son secours.

D. Pourquoi appelle-t-on cette prière la Salutation angélique? Parce qu'elle commence par les paroles dont se servit l'ange Gabriel, quand il vint saluer Marie et lui annoncer qu'elle serait mère de Dieu.

EXPLICATION.

Le mot salutation signifie action de saluer; saluer une personne, c'est lui donner une marque extérieure de civilité, de déférence ou de respect, en l'abordant, en la rencontrant..... Or, l'ange Gabriel, en saluant Marie, lui adressa certaines paroles, et c'est par ces paroles que commence l'Ave, Maria; c'est pour (1) Num. XI, 33.

cela qu'on appelle cette prière la Salutation angélique, le salut que l'ange fit à Marie.

Touché du triste sort des malheureux enfants d'Adam, le Père éternel a pris la résolution de mettre fin à leurs misères et de leur donner un sauveur. Au temps marqué dans les secrets de sa sagesse et de sa miséricorde, un message céleste a lieu. L'ange Gabriel reçoit l'ordre de quitter le ciel et de se transporter sur la terre. Ce n'est pas à Rome, cette reine du monde, qu'il est envoyé ; ce n'est pas à Alexandrie ni à Antioche, ces deux reines de l'Orient; ce n'est pas non plus à Jérusalem, réputée la ville sainte : mais il pénètre dans l'humble bourgade de Nazareth, et là, s'adressant à la plus humble des vierges, il fait entendre des paroles qui annoncent le profond respect dont il est pénétré pour elle. Ces paroles, il est très-important pour nous de les bien comprendre ; les ayant souvent à la bouche, nous les réciterons avec plus de recueillement et de ferveur, et par conséquent avec plus de fruit, si nous saisissons bien le sens qu'elles renferment.

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D. Quelles sont ces paroles? R. Ce sont les suivantes : Ave (Maria), gratid plena; Dominus tecum; benedicta tu in mulieribus. Ou bien en français: Je vous salue (Marie), pleine de grâce; le Seigneur est avec vous, vous êtes bénie entre toutes les femmes.

EXPLICATION. Je vous salue: c'est-à-dire je vous honore, je vous révère, je m'abaisse en votre présence, je rends hommage à votre dignité. Quel honneur pour une mortelle ! C'est une intelligence d'un ordre supérieur qui parle de la sorte. Et à qui ? à une vierge issue, il est vrai, de la tige royale de David, mais menant à Nazareth une vie obscure.

L'ange ne prononce pas le mot Marie, afin, disent les saints Pères, de montrer un respect plus profond pour celle qui allait devenir mère de Dieu: Je vous salue pleine de grâce; telles sont ses premières paroles.

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