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causer un véritable scandale? Un auteur non suspect, | un philosophe, Saint-Foix (1), a fait la réflexion suivante qu'on ne saurait trop méditer : « Chez les Romains, en se mettant à table, le maître de la maison prenait une coupe de vin et en versait quelques gouttes à terre : ces libations étaient un hommage qu'ils rendaient à la providence. De tout temps, les chrétiens, avant et après le dîner et le souper, ont fait une prière à Dieu pour le remercier du repas qu'ils allaient prendre, ou qu'ils avaient pris. N'est-il pas bien condamnable et en même. temps bien ridicule, qu'en France, depuis cinquante ans, cet acte si naturel de reconnaissance et de religion ait été regardé, par les personnes du grand monde, comme une petite cérémonie puérile, une vieille mode, que le nouveau bel usage doit proscrire? Nos inférieurs, en devenant à notre exemple ingrats envers Dieu, s'habituent à l'être envers nous. »

D. Si on éprouve quelque tentation, que faut-il faire? - R. I faut recourir à Dieu et lui demander la grâce de ne pas y succomber. EXPLICATION. Abandonnés à nos propres forces, il nous est impossible de résister à la moindre tentation. Nous avons besoin, pour en triompher, du secours de la grâce. Pour l'obtenir, il faut recourir à Dieu, et lui demander avec une humble et vive confiance tout ce qui nous est nécessaire pour mettre en fuite les ennemis de notre salut.

D. Si on venait pourtant à tomber dans le péché, que faudrait-il faire? R. Il faudrait aussitôt s'en repentir, en demander pardon à Dieu et prendre la résolution de s'en confesser.

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EXPLICATION. A chaque instant nous pouvons mourir, et si nous mourrions dans l'état du péché mortel, nous tomberions aussitôt dans l'enfer; si donc nous! avions le malheur de commettre quelque faute grave, (1) Essai sur Paris.

nous devrions aussitôt en faire un acte de contrition, et prendre la résolution de nous en confesser au plutôt.

D. S'il arrive quelque peine de corps et d'esprit dans la journée, que faut-il faire ? R. L'accepter avec soumission et l'offrir à Dieu en esprit de pénitence.

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EXPLICATION. Accepter avec soumission et supporter sans murmure les peines de corps et d'esprit qui nous arrivent, c'est-à-dire les maladies, les chagrins, etc., c'est le moyen de les rendre méritoires et de satisfaire à la justice du Seigneur pour les péchés dont nous nous sommes rendus coupables.

D. Par où faut-il finir la journée ? R. Il faut finir la journée en faisant la prière du soir et l'examen de conscience.

EXPLICATION.-S'il est important de bien commencer la journée, il ne l'est pas moins de la bien finir. Les grâces nouvelles que Dieu nous a accordées pendant le jour, et la protection dont nous avons besoin pour passer la nuit sans danger, sont de nouveaux motifs de prier Dieu avec les dispositions dont nous avons parlé.. L'examen de conscience doit faire partie de ce dernier exercice de la journée: c'est une des plus importantes pratiques de la vie chrétienne, une des plus propres à prévenir ou à déraciner les habitudes vicieuses, à faciliter les confessions ordinaires, et à attirer la miséricorde divine.

D. Que faut-il faire en se couchant? R. Il faut se déshabiller avec modestie, prendre de l'eau bénite, faire le signe de la croix et dire: << Mon Sauveur Jésus-Christ, je vous recommande mon âme ; >> sainte Marie, mère de Dieu, mon bon ange gardien, mon saint > patron, saints et saintes qui êtes dans le ciel, priez pour moi. » << Que les âmes des fidèles trépassés reposent en paix. Ainsi » soit-il.»— Ensuite il faut tâcher de s'endormir dans quelque bonne pensée.

EXPLICATION.Saint Louis de Gonzague ne manquait jamais, avant de se coucher, de faire le signe de la

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Sainte

croix sur son lit, en jetant de l'eau bénite. Thérèse disait qu'elle savait par expérience combien l'eau bénite est redoutable au démon : « Je le chassais, disait-elle, par le signe de la croix, et il s'enfuyait i l'instant; mais ce n'était, ce semble, que pour revenit bientôt; au lieu que, lorsque je joignais l'eau bénite au signe de la croix, il n'osait plus reparaître. » Marchons sur les traces de ces grands saints, et, comme eux, nous attirerons sur nous les bénédictions du ciel.

TRAITS HISTORIQUES.

LE MARQUIS DE BROC ET LE CAPORAL.

Jui

En 1763, M. le marquis de Broc, maréchal des camps et armées du roi, chargé des ordres de la cour pour aller inspecter le régiment d'infanterie du comte de Provence, en garnison à Brest, avant d'interroger sur ses fonctions un caporal de ce régiment, demanda Camarade, par où commencez-vous le matin? — Mon général, répond le caporal, par prier Dieu. » M. le marquis de Broc renvoya sur-le-champ ce brave soldat, et dit : « Qu'on m'en fasse venir un autre, » pensant et bien convaincu qu'un tel soldat ne pouvait négliger aucune de ses fonctions, et qu'un tel commencement de journée assurait l'accomplissement de toute espèce de devoir (1).

DE LA PRIÈRE AVANT ET APRÈS LE REPAS.

L'usage de prier Dieu, avant et après le repas, était établi chez ·les Juifs dès les premiers temps, et ils l'observent encore trèsreligieusement. Le même usage se conserve parmi les Turcs, d'après le témoignage des voyageurs. Il est rappelé en divers endroits (2) du Nouveau Testament, et il s'est transmis de siècle en siècle parmi tous les chrétiens, jusqu'à nos jours; il se conserve dans toutes les nations chrétiennes, et il n'est peut-être nulle part aussi affaibli qu'en France (3).

LE PIEUX AUBERGISTE.

En Autriche, les auberges, que l'on considère chez nous comme des lieux profanes et de scandale, ont, à l'entrée de la salle où l'on

(1) Biographie des croyants célèbres, t. I, p. 543.- (2) Voir la note de la page 555. (3) Correspondance sur la politesse, p. 210,

boit et où l'on mange, un bénitier; et, au fond de l'appartement, sont suspendues les images du Christ et de la Vierge. Nous avons vu, dit M. Eugène Boré, avec une consolante édification, dans un maître de l'hôtel dire pieusement son

village de la Styrie, le

benedicite et ses grâces avec les hôtes descendus chez lui (1).

APPENDICE.

Nous réunissons sous ce titre plusieurs questions qui ne manquent ni d'intérêt ni d'importance, et que nous n'avons pas eu occasion de traiter dans le cours de ce volume.

I.

RECUEIL D'OBSERVATIONS SUR LES SYMPTÔMES D'UNE MORT

PROCHAINE,

Nous croyons devoir mettre ici ce recueil d'observations qui sera, nous le pensons, d'une grande utilité à ceux qui se trouvent auprès des malades, et leur empêchera peut-être de différer trop à les faire administrer. On peut reconnaître que la mort d'un malade n'est pas éloignée : 1° Si les yeux sont enfoncés, s'ils sont fixes ou s'élèvent et se meuvent irrégulièrement, annoncent l'effroi et l'inspirent aux autres; s'ils se remplissent de larmes, s'ils sont hagards, si le malade croit voir des objets qui n'existent pas. 2o Si la peau du front est dure, sèche, ridée, terreuse ou couverte d'une sueur froide. 3o Si le nez s'allonge, s'il est froid, si les narrines s'ouvrent, se retirent, éprouvent de légers mouvements convulsifs; si l'eau qui en découle est limpide, sans consistance. 4° Si les tempes et les joues se creusent, si les pommettes (1) deviennent noirâtres, plus éminentes et plus fortement dessinées. 5o Si les lèvres sont pendantes, décolorées ou noirâtres, agitées de mouve→ ments convulsifs, ne se prêtant pas à l'articulation des mots, ou le faisant plus difficilement. 6° Si la langue est épaisse, raboteuse, tremblante, noire, sèche, froide; si le malade la présente difficilement et la retire de même avec peine. 7° Si le visage est livide, plombé, terreux, tremblant, couvert d'une sueur froide et visqueuse;

(1) Eug. Boré, Correspondance d'un voyageur en Orient, t. I,p.49. (2) Pommette, la partie la plus saillante de la joue, au-dessous de l'œil.

si les traits en général sont fort altérés. 8° Si le malade tâtonne les couvertures, les draps, les rideaux et autres objets qu'il prend, laisse, reprend avec anxiété, inquiétude; s'il se découvre à tout moment; s'il tient les genoux élevés, la tête et les mains jetées au hasard; s'il veut sortir du lit sans raison. 9o S'il parle difficilement, faiblement; s'il prononce des paroles entrecoupées ou peu liées les unes aux autres ; s'il délire longtemps, s'il parle avec excès. 10° Si les crachats sont abondants, visqueux, noirâtres; s'ils cessent tout à coup ou ne sortent que péniblement, quoique la toux soit toujours fréquente et annonce que les poumons sont pleins d'humeurs. 11° Si la respiration devient plus rare, plus pénible; si elle ne met en mouvement que le haut de la poitrine; s'il y a suffocation, qui augmente graduellement. 12° S'il y a vomissement de tout ce que l'on prend, ou de matières noirâtres, fétides; s'il y a hoquet fatigant. 13° S'il y a vomissement de sang, accompagné de douleurs à la poitrine et vers le dos. 14° S'il y a dejectiones alvinæ trèsabondantes, involontaires, inaperçues. 15o S'il y a hémorragies (1) fréquentes et abondantes, accompagnées d'une fièvre ardente. 16° Si la fièvre est forte, violente, soutenue; si un accès est à peine fini que l'autre recommence; s'il recommence surtout avant que l'autre soit fini. 17° Si le pouls est faible, presque insensible; s'il frappe durement et sèchement; s'il glisse sous le doigt comme un fil tendu ; s'il est inégal, sautillant, intermittent; s'il s'affaiblit chaque jour et remonte vers le coude... 18° S'il y a assoupissement prolongé, accompagné de délire, de réveil subit et en sursaut, qui laisse apercevoir du mal-être, de l'effroi. 19° S'il y a insomnie prolongée, quoique sans douleur. 20° Si une plaie ancienne ou un cautère se ferme tout à coup et se dessèche; si les vésicatoires n'ont aucune action sur la peau, ou ne font éprouver aucune douleur; si les sangsues refusent de prendre, si la gangrène se manifeste. 21° Si le malade ne prend plus intérêt à rien; s'il refuse toute nourriture, tout breuvage, s'il éprouve une grande difficulté d'avaler. 22° Si le malade, après avoir éprouvé de violentes douleurs, est tout à coup soulagé, éprouve du contentement, fait des projets, sans qu'il y ait de cause connue du bien-être qu'il éprouve. 23° Si le malade perd la vue, l'ouïe, la parole; s'il devient comme insensible; s'il répand une odeur cadavéreuse; si les mains et les extrémités sont froides; si les membres se roidissent, restent sans mouvement; si

(1) Ecoulement du sang hors des vaisseaux qui doivent le contenir.

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