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Trente, une raison assez plausible, tirée des rapports. entre la vie naturelle et la vie spirituelle. Sept choses sont nécessaires à l'homme pour vivre, pour conserver: la vie et pour l'employer utilement, tant pour lui-même que pour la société. Il faut qu'il naisse, qu'il croisse, qu'il se nourrisse, qu'il emploie des remèdes pour se guérir s'il tombe dans quelque maladie, qu'il répare ses forces, quant elles ont été affaiblies; qu'il y ait des magistrats investis de l'autorité nécessaire pour procurer le bien public, en gouvernant tout le monde ; et enfin qu'il se perpétue lui-même et le genre humain, par la génération légitime des enfants. Toutes ces choses peuvent s'appliquer bien facilement à la vie spirituelle, qui consiste dans l'union de nos âmes avec Dieu, et font concevoir en même temps la raison du nombre des saerements. Le baptême, qui est le premier et comme la porte des autres, nous fait naître en Jésus-Christ. La confirmation augmente en nous la vie de la grâce et nous fortifie par sa vertu. L'eucharistie est une nourriture toute céleste qui soutient notre âme. La pénitence rend Ja santé à nos âmes, quand elles ont été blessées par le péché. L'extrême-onction efface les restes de nos péchés et renouvelle les forces de l'âme. L'ordre perpétue dans J'Église le ministère des sacrements, en donnant à ceux qui le reçoivent le pouvoir de les administrer, et d'exercer toutes les autres fonctions du culte. Enfin, le mariage a été institué pour sanctifier l'union de l'homme avec la femme, nécessaire à la conservation du genre humain(i). »

L'Église grecque est d'accord avec l'Église romaine sur le nombre des sacrements. Les protestants avaient avancé que les Grecs et les autres sectes de chrétiens orientaux, n'admettent comme eux que deux sacrements; mais le contraire est prouvé jusqu'à la démonstration, dans l'ouvrage ayant pour titre : Perpétuité de la foi. On (1) Catéch. du concile de Trente, trad. de Mgr Doney, t. I, P. 184.

fait voir que toutes ces sectes, sans exception, admettent sept sacrements aussi bien que l'Église romaine. Au lieu du terme de sacrement, elles se servent du mot mystère, qui est équivalent; elles nomment le baptême le bain sacré ou la régénération; la confirmation, le chrème; l'eucharistie, l'oblation; la pénitence, le canon; l'extrêmeonction, l'onction des malades; l'ordre, la consécration des évêques ou des prêtres; le mariage, le couronnement: des époux; et elles attribuent à toutes ces cérémonies les. mêmes effets que nous.

D. Pourquoi dites-vous que les sacrements sont des signes? R: Parce qu'ils signifient la grâce invisible qu'ils produisent dans nos âmes..

EXPLICATION.

Les sacrements de la nouvelle loi sont des signes sensibles et efficaces de la grâce invisible, institués par Jésus-Christ pour la sanctification de nos âmes. Ils diffèrent essentiellement des sacrements de la loi ancienne, que saint Paul appelle de pauvres et faibles commencements (1). Ils ne servent pas seulement, comme ceux-ci, à exciter la foi et les autres dispositions nécessaires pour acquérir la sainteté intérieure et surnaturelle, mais ils ont la vertu de produire la grâce par eux-mêmes (2), c'est-à-dire précisément par l'application du sacrement ou du signe extérieur auquel Jésus-Christ a bien voulu l'attacher. Ce n'est pas que, pour recevoir cette grâce, il ne faille certaines dispositions dans les adultes; mais elles ne sont pas les causes qui produisent la grâce: elles ne sont nécessaires que pour lever les obstacles qui s'opposeraient à sa réception dans nos âmes, et ces obstacles étant ôtés, la grâce est infailliblement produite par la vertu du sacrement. Nous disons dans les adultes, car pour les enfants, ils sont sanctifiés par la seule application du sacrement de baptême, sans aucune disposition de leur part,

(1) Infirma et egena elementa. Gal. iv, 8. (2) Ex opere operato.

D. Pourquoi dites-vous que ces signes sont sensibles? - R. Parce qu'ils tombent sous nos sens.

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R. Parce qu'ils sont

composés de choses que nous voyons et de paroles que nous entendons.

EXPLICATION.

On entend par signe une chose qui conduit à la connaissance d'une autre. Ainsi la fumée est le signe du feu; ainsi le serpent d'airain était le signe du rédempteur promis. Les sacrements sont des signes, parce qu'ils sont des choses qui en font connaître d'autres; ils sont des signes sensibles, parce qu'ils sont composés d'actions que nous voyons et de paroles que nous entendons, lesquelles nous font connaître la grâce invisible qu'ils produisent dans les âmes. Dans le baptême, par exemple, on voit l'eau versée sur la tête de l'enfant ; on entend les paroles prononcées par le prêtre ; voilà le sacrement., voilà le signe sensible: cela signifie et nous conduit à comprendre que comme l'eau lave le corps, de même le baptême lave l'âme de toutes ses souillures. Dans la confirmation, on voit l'évêque, qui, avec le saint chrème, fait une onction sur le front de la personne qu'il confirme; on entend les paroles dont il accompagne cette onction; voilà le sacrement, voilà le signe sensible : cela signifie la grâce et l'onction du Saint-Esprit, conférée par ce sacrement pour adoucir ce que la loi de Dieu peut avoir de pénible, et donner le courage de l'ob

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D. Comment appelle-t-on les choses que nous voyons? R. Elles s'appellent la matière des sacrements.

D. Comment s'appellent les paroles que nous entendons? R. Elles s'appellent la forme des sacrements.

EXPLICATION. Ce qui constitue le signe sensible que nous appelons sacrement, c'est la matière et la forme. La chose sensible qui est appliquée s'appelle, dans le

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et

langage des théologiens, matière éloignée; l'application qui s'en fait est appelée matière prochaine. Les paroles que prononce le ministre, en appliquant la matière. sont la forme. Dans l'extrême-onction, par exemple, l'huile d'olive, consacrée par l'évêque le jeudi saint, qui porte le nom d'huile des infirmes, est la matière éloignée; la matière prochaine est l'onction ou l'application de cette huile aux principales parties du corps; la forme est la prière que fait le prêtre en faisant les saintes onctions.

C'est de l'application de la forme à la matière, et de l'union morale de l'une et de l'autre, que résulte le signe sensible qu'on appelle sacrement. Cette union morale consiste en ce que la matière et la forme du sacrement, si elles n'ont pas lieu en même temps, ce qui est le mieux, existent au moins dans un intervalle tel, qu'on peut dire qu'elles se rapportent l'une à l'autre,' qu'elles ne font ensemble qu'une seule chose, et qu'elles tendent à la même fin. Ainsi, tousser, cracher....., entre l'application de la forme à la matière, dans le sacrement de baptême, n'empêcherait pas cette union morale d'exister. Mais il n'en serait pas de même, si, ayant versé de l'eau sur la tête d'une personne, on ne prononçait ces paroles Je te baptise...., qu'après avoir été chercher quelque chose chez soi, à la sacristie ou dans une maison voisine.

Comme la matière et la forme constituent ce qui est l'essence du sacrement, on ne peut les changer essentiellement sans le rendre nul. Dans la matière, le changement est essentiel, quand elle devient d'une espèce différente, suivant l'usage ordinaire et le jugement des hommes, de celle que Jésus-Christ a déterminée ; comme si, pour baptiser, on prenait du vin ou une autre liqueur qui ne fût pas de l'eau naturelle; et, dans la forme, ie changement est essentiel, quand les paroles ont un autre sens que celui qu'elles doivent avoir par l'institution de Jésus-Christ.

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L'Eglise a institué plusieurs cérémonies qu'elle veut que l'on observe dans l'administration des sacrements. La fin qu'elle se propose, dans la pratique de ces céré monies, est d'inspirer de la dévotion à ceux qui les reçoivent et qui les administrent, de représenter plus sensiblement les effets de chaque sacrement, et les obligations que l'on contracte en les recevant.

R. Les sa

D. Comment les sacrements nous sanctifient-ils ? crements nous sanctifient, les uns, en nous donnant la grâce sanctifiante que nous n'avions pas, et ce sont le baptème et la pénitence; les autres, en augmentant la grâce sanctifiante que nous avions déjà reçue, comme la confirmation et l'eucharistie.

EXPLICATION. Tous les sacrements ont la vertu de nous sanctifier, de produire en nous la justice et la sainteté, et de nous rendre dignes du bonheur éternel ; mais ils ne nous sanctifient pas tous de la même manière. Il y en a deux qui nous sanctifient en répandant en nous la grâce sanctifiante ou habituelle, la charité substantielle de Dieu, que nous n'avions pas encore reçue, ou dont nous étions déchus; ces deux sacrements sont le baptême et la pénitence. Les cinq autres, la confirmation, l'eur charistie, l'extrême-onction, l'ordre et le mariage, aug mentent en nous la grâce sanctifiante dont il faut que déjà notre âme soit ornée, au moment que nous les recevons, et nous font parvenir à un plus haut degré de justice et de sainteté.

Chaque sacrement, outre la grâce sanctifiante qu'il produit, donne encore droit à certaines grâces actuelles que Dieu s'engage à accorder en temps et lieu à celui qui le reçoit avec les dispositions requises. C'est ce qu'on appelle grâces sacramentelles, parce qu'elles correspondent à la nature de chaque sacrement et en sont les effets propres et spécifiques. Ainsi, le baptême donne le droit aux grâces nécessaires pour vivre en enfant de Dieu, conformément à l'Evangile ; la confirmation, pour profes ser et défendre la foi dans l'occasion; l'eucharistie, pour

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