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Après avoir remarqué les diverses actions qui peuvent causer quelques changements en l'ordre des petites parties de la terre, si nous considérons derechef cette terre comme étant tout nouvellement descendue vers le soleil, et ayant sa plus haute région composée des parties du troisième élément, qui sont entassées l'une sur l'autre, sans être fort étroitement liées ou jointes ensemble, en sorte qu'il y a parmi elles beaucoup de petits espaces qui sont remplis de parties du second élément, un peu plus petites que celles qui composent, non seulement les endroits du ciel par où elle passe en descendant, mais aussi celui où elle s'arrête autour du soleil, il nous sera aisé de juger que ces petites parties du second élément doivent quitter leurs places à ces plus grosses, et que celles-ci, entrant avec impétuosité en ces places qui sont un peu trop étroites pour les recevoir, poussent les parties terrestres qu'elles rencontrent en leur chemin, les faisant par ce moyen descendre au-dessous des autres; et que ce sont principale. ment les plus grosses qu'elles font ainsi descendre, parceque la pesanteur de ces plus grosses leur aide à cet effet, et que ce sont celles qui empêchent le plus leurs mouvements; et d'autant que ces parties terrestres ainsi poussées au-dessous des autres ont des figures fort irrégulières et diverses, elles se pressent, s'accrochent et se

32.

Comment la

troisième région de la

terre a commencé à se diviser en deux divers

corps,

33. Qu'il y a trois

divers genres de parties ter

restres.

joignent bien plus étroitement que celles qui demeurent plus haut, ce qui est cause qu'elles interrompent aussi le cours de la matière du ciel qui les pousse. Et ainsi la plus haute région de la terre ayant été auparavant comme elle est représentée vers A, est par après divisée en deux corps fort différents, tels que sont B et C, dont le plus haut B est rare, liquide et transparent, et l'autre, à savoir C, est à comparaison de lui fort solide, dur et opaque.

On pourra facilement aussi juger qu'il s'est dû encore former un troisième corps entre B et C, pourvu qu'on considère que, bien que les parties du troisième élément qui composent cette plus haute région de la terre aient une infinité de figures fort irrégulières et diverses, ainsi qu'il a été dit ci-dessus, elles se réduisent toutefois à trois genres principaux, dont le premier comprend toutes celles qui ont des figures fort empêchantes, et dont les extrémités s'étendent diversement çà et là, ainsi que des branches d'arbres, ou choses semblables, et ce sont principalement les plus grosses de ceux qui appartiennent à ce genre, qui, ayant été poussées en bas par l'action de la matière du ciel, se sont accrochées les unes aux autres et ont composé le corps C. Le second genre contient toutes celles qui ont quelque figure qui les rend plus massives et solides que les précédentes; et il n'est

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pas besoin pour cela qu'elles soient parfaitement rondes ou carrées, mais elles peuvent avoir toutes les diverses figures qu'ont des pierres qui n'ont jamais été taillées, et les plus grosses de ce genre ont dû se joindre au corps C, à cause de la pesanteur, mais les plus petites sont demeurées vers B entre les intervalles de celles du premier genre. Le troisième est de celles qui étant longues et menues, ainsi que des joncs ou des bâtons, ne sont point embarrassantes comme les premières, ni massives comme les secondes, et elles se mêlent aussi bien que ces secondes dans les corps B et C; mais, parcequ'elles ne s'y attachent point, elles en peuvent aisément être tirées.

34.

Comment il

Ensuite de quoi il est raisonnable de croire que, lorsque les parties du premier genre dont le corps s'est formé un

troisième corps entre les

C est composé ont commencé à se joindre, plusieurs de celles du troisième ont été mêlées parmi deux précéelles; mais que, lorsque l'action de la matière du

ciel les a par après davantage pressées, ces parties du troisième genre sont sorties du corps C, et se sont assemblées au-dessus vers D, où elles ont composé un corps fort différent des deux précédents B et C, en même façon que, lorsqu'on marche sur la terre d'un marais, la seule force dont on la presse avec les pieds suffit pour faire qu'il sorte de l'eau de ses pores, et que toutes les parties de cette eau s'assemblent en un corps qui couvre sa superficie.

dents.

153. Pourquoi la

lune va plus

moins de sa

pleine ou nou

velle, que pendant son

son décours.

parceque celui des côtés de la lune qui nous regarde ne reçoit pas seulement la lumière qui vient du soleil ainsi que l'autre, mais aussi celle qui lui est envoyée par la réflexion de la terre, au temps des nouvelles lunes.

On ne se doit pas non plus étonner de ce que la lune se meut un peu plus vite, et se détourne vite et s'écarte moins de sa route en tous sens lorsqu'elle est pleine route, étant ou nouvelle, c'est-à-dire lorsqu'elle est vers B ou vers D, que pendant son croissant ou son décours, croissant ou c'est-à-dire pendant qu'elle est vers A ou vers C: car la matière du ciel qui est contenue en l'espace ABCD est composée des parties du second élément, semblables à celles qui sont vers N et vers Z, et par conséquent un peu plus grosses et un peu moins agitées que celles qui sont plus bas que D vers K, mais au contraire plus petites et plus agitées que celles qui sont plus haut que B vers L; ce qui fait qu'elles se mêlent plus aisément avec celles qui sont vers N et vers Z qu'avec celles qui sont vers K ou vers L; et, ainsi que le cercle ABCD n'est pas exactement rond, mais plus long que large en forme d'ellipse, et que la matière du ciel qu'il contient, allant plus lentement entre A et C qu'entre B et D, la lune qu'elle emporte avec soi y doit aussi aller plus lentement, et y faire ses excursions plus grandes, tant en s'éloignant qu'en s'approchant de la terre ou de l'écliptique.

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154.

Pourquoi les

sont autour

de Jupiter y

tournent fort n'en est pas de

vite, et qu'il

même de cel

les qu'on dit

être autour de

De plus, on n'admirera point que les deux planètes qu'on dit être auprès de Saturne ne se meu- planetes qui vent que fort lentement ou peut-être point du tout autour de lui; et, au contraire, que les quatre qui sont autour de Jupiter s'y meuvent fort vite; et même que celles qui sont les plus proches de lui se meuvent plus vite que les autres. Car on peut penser que cette diversité est causée de ce que Jupiter, ainsi que le soleil et la terre, tourne sur son essieu; et que Saturne, qui est la plus haute planète, tient toujours un même côté tourné vers le centre du tourbillon qui la contient ainsi que la lune et les comètes.

Saturne.

155.

Pourquoi les

poles de l'é

quateur sont

fort éloignés de ceux de

l'écliptique.

On n'admirera point aussi que l'essieu sur lequel la terre fait son tour en un jour ne soit pas parallèle à celui de l'écliptique sur lequel elle fait son tour en un an, et que leur inclination, qui fait la différence de l'été et de l'hiver, soit de plus de vingt-trois degrés. Car le mouvement annuel de la terre dans l'écliptique est principalement déterminé par le cours de toute la matière céleste qui tourne autour du soleil, comme il paroît de ce que toutes les planètes s'accordent en cela qu'elles prennent leurs cours à peu près suivant : l'écliptique; mais ce sont les endroits du firmament d'où viennent les parties cannelées du premier élément qui sont les plus propres à passer par les pores de la terre, lesquelles déterminent

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