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VI.

LES AMES TRAVAILLÉES.

Nous nous sommes adressé jusqu'ici à des âmes qui sont en dehors du salut, bien qu'elles connaissent la doctrine du salut; adressons-nous maintenant à d'autres âmes à qui il ne manque, ce semble, que cette connaissance pour être sauvées.

Ceux dont nous avons déjà parlé, et ceux dont nous parlerons plus tard, sont d'ordinaire mêlés aux enfants de Dieu, et, si l'on en juge à l'extérieur, il est souvent difficile de les distinguer de ces derniers; mais, au contraire, ceux à qui nous allons maintenant nous adresser sont pour la plupart mêlés à la multitude des hommes, et, si l'on en juge aussi à l'extérieur, il n'est pas moins difficile de les distinguer

des chrétiens de nom, qu'il ne l'est de distinguer les autres des chrétiens réels.

Les commencements de l'œuvre de Dieu dans une âme, bien souvent, nous sont inconnus. Le Seigneur se sert de la prédication de sa Parole, des leçons et des exemples de ses enfants, pour gagner les âmes à Christ; mais, en dehors du ministère humain, il fait lui-même son œuvre, sans laquelle, pour qui que ce soit au monde, celle de ses enfants n'est rien. Son Esprit souffle où il veut, et lorsqu'on en entend le bruit, on ne sait d'où il vient, ni où il va (Jean, III, 8). Au milieu des gens du monde, et même parmi ceux qui semblent le plus étrangers à la piété, ou le plus abandonnés au péché, plusieurs ont commencé à être enseignés de Dieu (Jean, VI, 45), et sont déjà préparés à recevoir la semence de sa Parole (Matth., XIII, 18). Mais, s'ils n'ont pu échapper aux atteintes de la grâce, l'œuvre commencée en eux demeure inachevée, parce qu'il leur manque de con

naître la doctrine du salut, et comment en entendront-ils parler, s'il n'y a quelqu'un qui la leur annonce (Rom., X, 14)?

N'en doutons pas dans cette immense multitude d'indifférents et de chrétiens de nom, qui courent dans un même débordement à la dissolution ( 1 Pierre, IV, 4), au milieu de ce monde plongé dans le mal (1 Jean, V, 19), au milieu de cette atmosphère de péché et de ses funestes influences, bien des âmes ont reçu du Seigneur des impressions salutaires. Elles gémissent de leur état de péché, elles sentent le besoin d'un Sauveur, elles désirent leur délivrance; mais elles ne connaissent pas encore la vérité qui pourrait seule les rendre libres (Jean, VIII, 32). Les unes cherchent le salut en elles-mêmes, d'autres le cherchent dans les œuvres de la loi, d'autres le demandent à des conducteurs qui ne savent pas fortifier les brebis infirmes, ni donner de remède aux malades, ni bander les blessées, ni ramener celles qui sont chassées, ni chercher

celles qui sont perdues (Ezéch., XXXIV, 4). Aussi, n'obtiennent-elles pas ce qu'elles désirent. Elles vont de recherche en recherche, et ne trouvent pas; elles frappent à bien des portes, et on ne leur ouvre pas; elles veulent connaître, et on ne les instruit pas; elles sont affligées, et il ne se trouve personne qui les console; d'autant plus en péril qu'elles subissent toute l'influence d'un monde ennemi de la piété : influence prochaine, active, se multipliant sous mille formes, tandis qu'au contraire, l'influence de la piété, souvent s'exerce loin d'elles, souvent leur est inconnue, et quelquefois ne semble pas même pouvoir arriver jusqu'à elles.

Jugez-en par l'expérience: ne connaissez-vous aucun enfant de Dieu qui ait été converti par une seule parole dite à propos (Prov., XV, 23), jusqu'alors étranger à la vie chrétienne, et se hâtant d'y entrer aussitôt qu'on la lui a fait connaître ? Nous savons bien que, dans l'ordre admirable de la grâce, un instant suffit au Seigneur,

et qu'il accomplit toute son œuvre comme il veut et quand il veut. Nous savons bien que, pour lui, dans un sens, il n'est jamais trop tôt ni jamais trop tard, et qu'il produit le vouloir et le faire selon son bon plaisir (Phil., II, 13); mais dans tout cela il n'y a rien qui ôte la responsabilité de l'homme, et, si celui qui connaît la vérité ne l'enseigne pas, Dieu, en accomplissant son œuvre par d'autres mains, lui demandera compte de sa négligence. Hé bien, lorsque vous avez vu des pécheurs si promptement convertis, ne vous êtes-vous pas dit à vous-même que certainement il y a dans le monde un grand nombre d'autres pécheurs ainsi préparés à recevoir la vérité aussitôt qu'elle leur sera annoncée ?

La Parole de Dieu nous montre les hommes courant en aveugles et en insensés dans la voie large qui conduit à la perdition (Matth., VII, 13), et livrés au prince de la puissance de l'air, à l'esprit qui agit sur les enfants de rebellion (Ephés., II, 2). Mais, ce qu'ils sont, les

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