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XXIV, 35). Marchez par la foi, et non par la vue (2 Cor., V, 7). Croyez au Seigneur Jésus-Christ, et vous serez sauvé (Actes, XVI, 31). Celui qui croit en lui ne sera point condamné; mais celui qui ne croit point est déjà condamné, parce qu'il n'a pas cru au nom du Fils unique de Dieu (Jean, III, 18).

VIII.

LA PRÉSOMPTION.

Nous venons de montrer qu'en négligeant de regarder au Seigneur, on tombe dans le découragement; ajoutons maintenant que, si l'on négligeait de regarder à soi-même, on tomberait dans la présomption.

Ceux dont nous venons de parler, après avoir reçu la connaissance d'eux-mêmes et celle de Dieu, ne conservent en réalité que celle-là; et, au contraire, ceux dont nous allons parler, après avoir également reçu la connaissance d'eux-mêmes et celle de Dieu, ne conservent en réalité que celle-ci. Le conseil que nous donnerons aux seconds sera donc le complément de celui que nous avons donné aux premiers. Ceux qui ne regardent qu'à eux

mêmes oublient la divine miséricorde, et ceux qui ne regardent qu'au Seigneur oublient leur propre misère; les uns et les autres ne sont qu'à demi convertis, et Jésus-Christ dit à l'âme présomptueuse, comme à l'âme découragée : Il te manque encore une chose.

La présomption dont nous parlons ne naît pas de l'orgueil proprement dit. Dans ce cas, ce serait le pharisaïsme dont nous avons parlé, et, pour le moment, nous n'avons plus rien à en dire. Le présomptueux à qui nous nous adressons diffère essentiellement du formaliste, en ce que le second devient orgueilleux, parce qu'il regarde à lui-même, tandis que le premier, au contraire, devient présomptueux, parce qu'il oublie de regarder à lui-même.

Celui-ci accepte les dogmes fondamentaux du christianisme. Il croit à la déchéance de l'homme, au salut par Christ, à la régénération par le Saint-Esprit. Sa profession de foi est orthodoxe; et, s'il fallait en juger par ses paroles, que nous

supposons sincères, ses croyances sembleraient plus complètes que celles des âmes découragées; car il dit et il croit avoir reçu la paix de Dieu. Mais les uns et les autres n'ont une foi réelle que sur un seul point. Les uns ne croient que d'une foi morte à la misère de l'homme, et les autres ne croient que d'une foi morte à la miséricorde de Dieu. En un mot, les uns et les autres ne se nourrissent que d'une moitié de la vérité.

Comme nous l'avons dit de l'âme découragée, nous pouvons le dire aussi du présomptueux; cette moitié de la vérité. suffira pour absorber toute sa vie; il pourra y faire des progrès continuels, et y apprendre toujours, sans arriver jamais à la connaissance de la vérité (2 Tim. III, 7), puisque la vérité consiste dans la double connaissance de Dieu et de nousmêmes. Le danger n'est pas moindre pour les uns que pour les autres; mais n'en concluons pas qu'en s'attachant davantage à la portion de vérité que l'on a reçue,

on s'éloigne davantage de la vérité ellemême. C'est tout le contraire. De même que l'âme découragée se connaîtrait bien mieux, si elle regardait au Seigneur, de même l'âme présomptueuse connaîtrait bien mieux le Seigneur, si elle regardait à elle-même. La contemplation du DieuSauveur nous révèle la profondeur de notre misère, et l'étude de notre misère nous amène à la connaissance du Dieu-Sau

veur.

Ne croyons pas non plus que l'âme présomptueuse aura plus de force, en ne regardant qu'au Seigneur. Pour obtenir la force qui vient de lui, il faut désirer de l'obtenir, et, en négligeant de regarder à vous-même, vous ne sentez pas, comme il le faudrait, le besoin d'être fortifié. Dieu produit en nous la volonté et l'exécution selon son bon plaisir (Phil., II, 13); mais c'est à cause de cela que nous devons travailler à notre salut avec crainte et tremblement (Phil., II, 12). Si nous n'éprouvons dans l'accomplissement de cette

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