32); et, ne devons-nous pas en conclure qu'il est par cela même plus éloigné que les autres du royaume de Dieu? Toutefois, notre conseil ne s'adresse pas à ceux qui rejettent de propos délibéré la lumière ; il ne s'adresse qu'aux âmes sincères, et dès-lors, pourquoi ne serait-il pas écouté ? Mais il n'en est pas moins vrai que, si Vous êtes présomptueux, vous n'écoutez pas volontiers la répréhension, et par là vous pouvez comprendre ce que signifie votre prétention de ne regarder qu'au Seigneur, puisqu'on ne peut vous faire porter les yeux sur vous-même, sans exciter en vous un secret mécontentement.

Toute la difficulté pour vous est donc d'étudier votre cœur, et de vous voir tel que vous êtes. Voilà, en effet, la difficulté, ou pour mieux dire, l'impossibilité; car ne pensez pas qu'il vous soit possible d'accomplir cette œuvre par vous-même ; au contraire, vous ne l'accomplirez qu'après avoir éprouvé qu'il vous est impossible de l'accomplir; et, à cet égard, nous

devons vous dire, comme nous l'avons déjà dit à tous les autres, et comme Jésus lui-même l'a dit à tous ses disciples, à l'occasion du jeune riche: Quant aux hommes, cela est impossible; mais non pas quant à Dieu, car toutes choses sont possibles à Dieu (Marc, X, 27).

Au lieu donc d'être affligé de ce que vous apprenez qu'il vous manque encore une chose, au lieu de vous en aller tout triste, quand votre Sauveur vous prouve, en vous éclairant, combien il vous aime, demeurez auprès de lui. Vous, qui ne regardez qu'au Seigneur, regardez véritablement au Seigneur, et vous éprouverez que ce qui est impossible aux hommes est possible à Dieu (Luc, XVIII, 27).

Certes, nous n'entendons en aucune sorte pousser le présomptueux au découragement, comme nous n'avons nullement entendu pousser à la présomption l'âme découragée; mais nous avons eu l'inten tion de faire connaître à l'un et à l'autre ce qui leur manque, afin de les amener

ensemble aux pieds de Celui de qui procèdent toute grâce excellente et tout don parfait (Jacq., I, 17). Que le présomptueux regarde à lui-même, par là il saura mieux regarder aussi au Seigneur ; et que l'âme découragée regarde au Seigneur, par là elle saura mieux regarder aussi à ellemême. Que l'un et l'autre acceptent la vérité toute entière. Jusque-là, il leur manquera encore une chose; ils demeureront sur le seuil de la vérité, et ne pourront pas y entrer.

IX.

OBSERVATIONS GÉNÉRALES.

Ainsi, qui que vous soyez à qui s'adresse notre conseil, soit que vous conserviez une idole, soit que vous ayez peur du monde, soit qu'il y ait en vous un levain de pharisaïsme, soit que vos croyances ne résident que dans les convictions de votre esprit, soit que vous ne connaissiez pas encore la doctrine du salut, soit que vous tombiez dans le découragement en ne regardant pas assez au Seigneur, ou dans la présomption en ne regardant pas assez à vous-mêmes, JésusChrist vous dit, comme au jeune riche : Il vous manque encore une chose, et, ce qui vous manque, c'est la conversion, c'est le salut, c'est la vie éternelle. Vous êtes à demi convertis, c'est-à-dire incon

vertis; vous marchez à côté de la voie étroite qui mène à la vie, c'est-à-dire, dans la voie large qui mène à la perdition. S'il ne vous reste qu'un dernier sacrifice à accomplir, vous en êtes plus inexcusables de refuser ce sacrifice au Seigneur. Vous croyez observer les commandements de la loi, vous accourez à Jésus-Christ, vous vous prosternez devant lui, vous l'appelez votre bon Maître, vous lui demandez la vie éternelle; mais, parce qu'il a jeté les yeux sur vous, et qu'il vous aime, il vous répond, comme au jeune homme riche: Il te manque encore une chose.

Dans un sens, il est vrai, vous pourriez être disciples du Sauveur, quoiqu'il vous manquât, non-seulement une chose, mais plusieurs choses; car celui qui n'a pas encore obtenu toutes les grâces néces— saires, mais qui est fidèle aux grâces reçues; celui dont le cœur est droit devant Dieu, et qui en disant: Que me manquet-il encore (Matth., XIX, 20)? est prêt à marcher dans la lumière, aussitôt qu'elle