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Ce qui est impossible aux hommes est possible à Dieu (Luc, XVIII, 27). Vous ne pouvez rien sans lui, mais vous pouvez tout par lui. Ne vous obstinez pas plus longtemps à poursuivre ce qui s'est enfui sans retour, tandis que Dieu est aisé à trouver (Ps. XLVI, 2). Ecoutez sa voix qui vous dit si positivement: Il te manque encore une chose, et consentez à lui donner votre cœur. Ainsi, en vous dépouillant, il vous aura enrichi; en vous affligeant, il vous aura consolé; en vous arrachant votre idole, il vous aura uni au Sauveur, qui vous conduira par son conseil pour vous recevoir ensuite dans sa gloire (Ps. LXXIII, 24).

III.

LE RESPECT HUMAIN.

Nous venons de voir combien les hommes aiment le monde et les choses qui sont dans le monde (1 Jean, II, 15), puisqu'ils se font des idoles de tous les objets qu'il offre à leurs yeux; mais si le monde peut nous perdre en se faisant aimer, il peut nous perdre aussi en se faisant craindre, et cette seconde domination n'est ni moins étendue, ni moins funeste que la première.

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Merveilleuse puissance du monde ! étrange tyrannie que la sienne! Perfide avec les uns, il les séduit par ses promesses, et leur fait adorer jusqu'aux plus méprisables de ses dons. Impérieux avec les autres, il leur défend d'être disciples de Jésus; il les menace, il les effraie aussi

aisément qu'on effraierait un petit enfant. Il soumet ainsi par la crainte ceux qu'il ne peut soumettre par l'amour, et, là où il lui est impossible d'avoir des adorateurs, il a des esclaves.

Tous ceux en qui de pieuses dispositions sont étouffées par le respect humain ne doivent pas être placés sur la même ligne. Plusieurs sont tellement maîtrisés par le monde, qu'en vérité ils l'aiment bien plus qu'ils ne le redoutent. Ils adhèrent, il est vrai, à la doctrine de l'Evangile; mais le monde les a soumis si pleinement à son empire, il lui est si facile de s'en faire obéir quand il veut et comme il veut, ils évitent avec tant de soin de lutter contre lui, et il leur en coûte si peu de renier Jésus-Christ, qu'il y aurait dérision à les considérer comme des disciples à qui il ne manque plus que de surmonter la peur du monde. Evidemment, ils ont choisi le monde pour leur maître, et il n'y a rien de commun entre eux et les véritables disciples du Sauveur.

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Ce n'est donc pas, on le comprend, des personnes de ce caractère que nous pourrions dire: Il vous manque encore une chose. Mais il en est d'autres qui n'aiment, ce semble, ni le monde, ni les choses qui sont dans le monde (1 Jean, II, 15), et qui cependant, par respect humain, n'osent pas suivre Celui qu'ils appellent leur bon Maître. Ils connaissent le Sauveur, ils comprennent qu'il n'y a pour eux de vrai bonheur qu'en lui seul; mais leurs meilleures intentions et leurs efforts les plus généreux sont paralysés par la crainte du monde. Ils sentent le vice de leur position, et ils en gémissent; ils prennent souvent la résolution de lutter, ils luttent quelquefois sur certains points; mais, vienne une occasion de lutte réelle, la force les abandonne, et ils se retirent tout tristes, parce qu'ils craignent le monde.

Cette situation paraît plus étrange encore que celle dont nous avons déjà parlé ; et, à première vue, il semble difficile de comprendre que celui qui connaît Dieu et

le monde puisse avoir peur du monde quand il faudrait servir Dieu. Mais lorsque nous aurons mieux étudié cette situation, nous verrons combien elle est commune, et combien sur ce point il importe que chacun interroge sérieusement sa conscience. La logique de notre cœur n'est pas toujours la même que celle de notre esprit; nos actions donnent souvent de cruels démentis à nos intentions; notre conduite n'est pas la conséquence inévitable de nos plus clairs raisonnements; et, dans ce que nous approuvons, nous goûtons rarement le bonheur de ne pas nous condamner nous-mêmes (Romains, XIV, 22).

Quoi qu'il en soit, ceux qui ont peur du monde ne sont pas disciples de JésusChrist, malgré la sincérité de leurs convictions; et, de même qu'au jeune riche, Jésus dit à chacun d'eux : Il te manque encore une chose. Sans doute, il les aime, comme il aima ce jeune homme; mais. c'est précisément à cause de cela qu'il les

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