Images de page
PDF
ePub
[ocr errors]
[merged small][ocr errors][merged small][merged small][merged small]
[blocks in formation]

PIERROT, paysan, amant de Charlotte".

LA STATUE DU COMMANDEUR.

LA VIOLETTE, valets de don Juan.
RAGOTIN,

M. DIMANCHE, marchand.

LA RAMÉE, spadassin 9.

SUITE DE DON JUAN.

SUITE DE DON CARLOS ET DE DON ALONSE, frères.

UN SPECTRE.

ACTEURS.

I LA GRANGE. 2 MOLIÈRE. 3 Mademoiselle DU PARC.

[blocks in formation]
[blocks in formation]

Mademoiselle DE

La scène est en Sicile.

OU

LE FESTIN DE PIERRE'.

ACTE PREMIER.

Le théâtre représente un palais.

SCÈNE I.

SGANARELLE, GUSMAN.

SGANARELLE, tenant une tabatière.

Quoi que puisse dire Aristote et toute la philosophie, il n'est rien d'égal au tabac : c'est la passion des honnêtes gens, et qui vit sans tabac n'est pas digne de vivre. Non-seulement il réjouit et purge les cerveaux humains, mais encore il ins

1 Cette comédie fut représentée le 15 février 1665. Molière, en traitant ce sujet, ne céda point à l'impulsion de son génie. Une comédie espagnole intitulée el Burlador de Sevilla, venait d'être traduite en italien, et jouée à Paris avec beaucoup de succès. Cette vogue passagère excita l'émulation des camarades de Molière : ils pensèrent qu'un ouvrage sur le même sujet leur procurerait un gain considérable; et Molière donna le Festin de Pierre, dont plusieurs scènes le firent accuser d'impiété. (B.) Le roi sut juger la pièce, malgré les cris de ceux qui cherchaient à la lui faire condamner; car un jour que, pour l'irriter contre Molière, on lui faisait le dénombrement de tous les vices et de tous les crimes de don Juan, il répondit simplement : « Cela « est vrai, mais il n'est pas récompensé. Enfin, pour donner plus d'éclat à sa protection, Louis XIV saisit ce moment d'honorer Molière par de nouveaux bienfaits. Non-seulement il lui fit une seconde pension, mais il lui ordonna de prendre le titre de comédien du roi *.- La plupart des commentateurs ont blamé le titre adopté par Molière, sans faire attention que ce titre indique en même temps le but moral et le sujet de la pièce. Ce sujet, c'est

[ocr errors]

*Lettre sur les Observations d'une comédie du sieur Molière, page 33.

MOLIÈRE.

- T. II.

13

truit les âmes à la vertu, et l'on apprend avec lui à devenir honnête homme. Ne voyez-vous pas bien, dès qu'on en prend, de quelle manière obligeante on en use avec tout le monde, et comme on est ravi d'en donner à droit et à gauche, partout où l'on se trouve? On n'attend pas même qu'on en demande, et l'on court au-devant du souhait des gens; tant il est vrai que le tabac inspire des sentiments d'honneur et de vertu à tous ceux qui en prennent1. Mais c'est assez de cette matière, reprenons un peu notre discours. Si bien donc, cher Gusman, que done Elvire, ta maîtresse, surprise de notre départ, s'est mise en campagne après nous; et son cœur, que mon maître a su toucher trop fortement, n'a pu vivre, dis-tu, sans le venir chercher ici. Veux-tu qu'entre nous je te dise ma pensée? J'ai peur qu'elle ne soit mal payée de son amour, que son voyage en cette ville produise peu de fruit, et que vous eussiez autant gagné à ne bouger de là.

GUSMAN.

Et la raison encore? Dis-moi, je te prie, Sganarelle, qui peut t'inspirer une peur d'un si mauvais augure? Ton maître

le festin auquel la statue de don Pierre invite don Juan, et non le festin donné par don Juan lui-même. Ce qui le prouve, c'est que toute la pièce est faite pour la dernière scène du cinquième acte, qui renferme la catastrophe ou le dénoûment: or, dans cette scène, la statue de don Pierre vient chercher don Juan pour le conduire au lieu du festin. Boileau ne l'a pas entendu autrement lorsqu'il a dit :

A tous ces beaux discours j'étais comme une pierre,
Ou comme la statue est au festin de Pierre.

C'est-à-dire au festin donné par Pierre. Ceux qui ont accusé Boileau de faire rimer un mot avec lui-même n'avaient pas compris le titre de la pièce de Molière. Le Festin de Pierre n'eut que quinze représentations, et ne fut pas repris du vivant de l'auteur. Depuis, Thomas Corneille, à la sollicitation de la veuve de Molière, mit cette pièce en vers; elle fut jouée treize fois, et c'est dans cet état qu'elle est restée au théâtre. (A.-M.) Voyez la note qui est à la fin de l'acte V.

A cette époque, le tabac, récemment cultivé, était devenu l'objet de iscussions plus ou moins savantes. On disputait sur ses bonnes et mauaises qualités, et ces disputes servirent elles-mêmes à le mettre à la mode. Les disputes duraient encore du temps de Molière, et il donne à Sganarelle le langage de son siècle, et celui de son caractère un peu doctoral. ( A.-M. )

« PrécédentContinuer »