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LE

MARIAGE FORCÉ,

COMÉDIE EN UN ACTE.

1664.

SGANARELLE'.

GERONIMO..

DORIMÈNE, jeune coquette, promise à Sganarelle 3.

ALCANTOR, père de Dorimène 4.

ALCIDAS, frère de Dorimène 5.
LYCASTE, amant de Dorimène.
PANCRACE, docteur aristotélicien ".
MARPHURIUS, docteur pyrrhonien".
DEUX ÉGYPTIENNES 8.

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LE

MARIAGE FORCÉ'.

SCÈNE I.

SGANARELLE, parlant à ceux qui sont dans sa maison.

Je suis de retour dans un moment. Que l'on ait bien soin du logis, et que tout aille comme il faut. Si l'on m'apporte de l'argent, que l'on me vienne querir vite chez le seigneur Géronimo; et si l'on vient m'en demander, qu'on dise que je suis sorti, et que je ne dois revenir de toute la journée.

SCÈNE II.

SGANARELLE, GERONIMO.

GERONIMO, ayant entendu les dernières paroles de Sganarelle.

Voilà un ordre fort prudent.

SGANARELLE.

Ah! seigneur Géronimo, je vous trouve à propos; et j'allais chez vous vous chercher.

GERONIMO.

Et pour quel sujet, s'il vous plaît ?

Le Mariage forcé fut joué au Louvre, en trois actes, avec des intermèdes, sous le titre de Ballet du roi, le 29 janvier 1664; et en un acte, avec quelques changements, sur le théâtre du Palais-Royal, le 15 février suivant. Louis XIV n'avait accordé que très-peu de temps à Molière pour composer cet ouvrage, dans lequel ce prince dansa la troisième entrée du ballet. Une anecdote sur le mariage du comte de Grammont a été citée souvent comme ayant fourni le dénoûment du Mariage forcé; mais c'est voir une ressemblance de trop loin, et le sujet de la pièce conduisait naturellement l'auteur à la manière plaisante dont il la termine. Le Mariage de Panurge (liv. III, ch. xxxv) a fourni à Molière l'idée principale sur laquelle il a établi, non l'intrigue, car il n'y en a pas, mais le fond de sa comédie. (B.)

SGANARELLE.

Pour vous communiquer une affaire que j'ai en tête, et vous prier de m'en dire votre avis.

GERONIMO.

Très-volontiers. Je suis bien aise de cette rencontre, et nous pouvons parler ici en toute liberté.

SGANARELLE.

Mettez donc dessus ', s'il vous plaît. Il s'agit d'une chose de conséquence que l'on m'a proposée; et il est bon de ne ien faire sans le conseil de ses amis.

GERONIMO.

Je vous suis obligé de m'avoir choisi pour cela. Vous n'avez qu'à me dire ce que c'est.

SGANARELLE.

Mais, auparavant, je vous conjure de ne me point flatter du tout, et de me dire nettement votre pensée.

GERONIMO.

Je le ferai, puisque vous le voulez.

SGANARELLE.

Je ne vois rien de plus condamnable qu'un ami qui ne nous parle pas franchement.

Vous avez raison.

GERONIMO.

SGANARELLE.

Et dans ce siècle on trouve peu d'amis sincères.

Cela est vrai.

GERONIMO.

SGANARELLE.

Promettez-moi donc, seigneur Géronimo, de me parler avec toute sorte de franchise.

Je vous le promets.

GERONIMO.

SGANARELLE.

Jurez-en votre foi.

'Mettez donc dessus, pour mettez donc votre chapeau; locution elliptique qui n'est plus d'usage. (A.-M.)

GERONIMO.

Oui, foi d'ami. Dites-moi seulement votre affaire.

SGANARELLE.

C'est que je veux savoir de vous si je ferai bien de me marier.

Qui, vous?

GERONIMO.

SGANARELLE.

Oui, moi-même, en propre personne. Quel est votre avis là-dessus?

GERONIMO.

Je vous prie auparavant de me dire une chose.

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Ma foi, je ne sais; mais je me porte bien.

GERONIMO.

Quoi! vous ne savez pas à peu près votre âge?

SGANARELLE.

Non est-ce qu'on songe à cela?

GERONIMO.

Hé! dites-moi un peu, s'il vous plaît: combien aviez-vous d'années lorsque nous fimes connaissance?

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