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somme de 600,000 francs que Napoléon décida de consacrer aux travaux du Panthéon. M. Rondelet fut chargé d'en diriger l'emploi. Personne en effet, au dire de M. Fontaine, n'était plus capable et plus habile que M. Rondelet, qui dès l'origine avait suivi la construction de Sainte-Géneviève en qualité d'inspecteur, et qui, même après la mort du célèbre Souflot, avait été continué dans ses fonctions.

La suite de cette conversation se porta naturellement sur les embellissemens du Louvre et des Tuileries. Napoléon parut incliner plus que jamais sur la nécessité de réunir ces deux palais en un seul monument, entièrement consacré à la résidence et à la représentation du souverain. Il commença à approuver l'idée de déblayer l'espace qui sépare ces deux palais; mais il parut adopter en même temps l'idée de former un grand espace dans l'axe principal des deux entrées, avec des constructions de portiques destinés à offrir des promenades et un jardin d'hiver. On pourra placer, disait-il, à chaque extrémité de l'espace du milieu deux arcs de triomphe, l'un à la Paix et l'autre à la Guerre. La ville de Paris manque de monumens, il faut lui en donner. Des gens aussi habiles que l'étaient les architectes du gouvernement avaient long-temps médité et étudié le terrain; mais quelque sincères que fussent leurs désirs de remplir les ordres qui leur étaient imposés, ils n'a

vaient encore pu rien imaginer qui pût les satisfaire eux-mêmes. L'espace trop resserré entre ces deux principaux édifices obligeait à des subdivisions infinies. La différence du parallélisme dans la position du Louvre avec les Tuileries conduisait à des formes désagréables, et ils insistaient plus que jamais sur la nécessité de déblayer en entier l'espace, sans autres constructions que des monumens isolés et peu élevés. Après avoir longuement discuté sur ce sujet, l'empereur dicta la note suivante au grand maréchal qui était pré

sent.

«< 1° Toutes les maisons qui peuvent nuire à l'agrandissement de la place seront démolies.

<< 2° La grande rue qui conduira des Tuileries au Louvre sera percée dans l'année.

« 3° Il sera fait un arc de triomphe entre les deux palais.

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4° La rue en face de la colonnade sera percée jusqu'à celle de la Monnaie, avec une place circulaire sur l'espace de l'église Saint-Germainl'Auxerrois.

«< 5° Cette église sera démolie et transportée dans celle de l'Oratoire.

« 6° L'hôtel et le jardin d'Angivilliers seront détruits jusqu'à l'alignement des bâtimens de l'O

ratoire. >>

Cette séance, qui fut très-longue, se termina

par l'ordre de présenter dans le plus bref délai des projets sur ce qui venait d'être arrêté : il est bon de remarquer que ces notes, dictées et improvisées par Napoléon, n'emportaient pas avec elles l'ordre d'exécution. Sa conception était rapide, mais l'application des formes était toujours réfléchie.... Les projets et les plans qui étaient demandés étaient examinés et sérieusement discutés par les ministres, par le conseil des bâtimens, et par lui-même. La décision formelle suivie des fonds affectés à ces projets, n'avait jamais lieu qu'après ces discussions préliminaires.

Peu de jours après, les projets et les plans furent soumis à l'empereur, qui les approuva et les arrêta en principe. Dans cette circonstance toutefois il décida et décréta définitivement, et sans avoir consulté personne, la prompte construction de l'arc de triomphe. Ce monument appartenait à la gloire de l'armée, il se crut assez de droits pour prononcer de lui-même, et sans le concours des hommes de l'art.

Dans les vues qu'il avait pour les embellissemens de la capitale et de son palais, il ordonna la démolition de l'hôtel de Brionne et de tous les bâtimens informes qui existaient encore dans cette partie de la cour des Tuileries, afin d'en étendre la vue jusqu'à la rue de Rivoli, dont elle

devait être séparée désormais par une grande grille en fer posée sur un mur d'appui, pareille à celle qu'on avait établie dans le Carrousel.

L'évaluation et les devis de l'arc de triomphe qui venait d'être décrété, portèrent la somme d'un million, laquelle devait être prise sur les contributions de guerre levées dans les pays conquis... Il fut consacré à la gloire de la grande armée. M. Denon fut chargé de faire exécuter les sculptures, dont M. Fontaine avait fourni les dessins. Peut-être aurait-il été plus convenable de ne pas confier à deux personnes l'exécution de l'ouvrage qu'un seul avait conçu, et d'en laisser à l'auteur tout l'honneur ou tout le blâme.

Parmi les plans qui furent présentés à Napoléon, relativement à la construction d'une fontaine qu'il voulait faire ériger sur la place Louis XV, il y en avait un qui était entièrement consacré à sa gloire. Sa statue devait s'élever au milieu de trophées d'armes; les images des quatre grands fleuves, témoins de ses victoires immortelles, étaient à ses pieds, entre des nappes d'eau qui devaient être alimentées par le canal de l'Ourcq, auquel on travaillait avec la plus grande TOME IV.

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activité. Le dessin et l'ensemble de cette composition avaient d'abord attiré son attention; mais lorsqu'il reconnut ses propres traits dans la statue projetée, il l'écarta en disant qu'il préférait un moyen plus simple.

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