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Mais les circonstances sont aujourd'hui abso«< lument différentes : l'armée a trompé (désappointé) la justice du monde, et embrassé la première occasion de se révolter contre son « souverain, et de servir l'ennemi de l'humanité, << dans le dessein de ramener ces temps affreux et «< ces scènes de pillage contre lesquels le monde « a fait de si prodigieux efforts.

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« Cette armée ayant été défaite par les armées << de l'Europe et dissoute par le conseil uni des «< souverains, il ne peut y avoir aucune raison qui puisse engager les puissances de l'Europe à faire << tort à leurs propres sujets, pour satisfaire en«< core cette armée. En vérité il n'a jamais paru « nécessaire que les souverains alliés négligeas<< sent cette occasion de faire justice et de favo<< riser leurs sujets, pour plaire à la nation française. Le sentiment du peuple français sur ce sujet ne peut être qu'un sentiment d'orgueil <<< national.

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<< Ils désiraient retenir les chefs d'oeuvre de l'art, non parce que Paris est le lieu le plus «< convenable pour leur réunion (car tous les ar«<tistes et tous les connaisseurs qui ont écrit sur « ce sujet s'accordent à demander qu'ils soient répartis aux lieux où ils étaient originairement placés), mais parce qu'ils ont été acquis par << des conquêtes dont ils sont les trophées.

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« Les mêmes sentimens qui font désirer au peuple français de garder les tableaux et statues

« des autres nations, doivent faire désirer aux << autres nations, maintenant que la victoire est « de leur côté, de voir restituer ces objets à leurs légitimes propriétaires, et les souverains alliés << doivent favoriser ce désir.

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« Il est de plus à désirer, pour le bonheur de << la France et pour celui du monde, que si le peuple français n'est pas déjà convaincu que l'Europe est trop forte pour lui, on lui fasse <«< sentir que, quelque grands qu'aient pu être ses avantages partiels et temporaires sur une ou plusieurs puissances de l'Europe, le jour de la « restitution doit arriver à la fin.

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<< Mon opinion est donc qu'il serait injuste aux souverains de condescendre aux désirs de la France. Le sacrifice qu'ils feraient serait impo-. litique, puisqu'il leur ferait perdre l'occasion de. << donner aux Français une grande leçon morale. « Je suis, mon cher lord, etc. »

Signé WELLINGTON.

Ces aveux confidenticls, où s'exhale au plus haut point l'orgueil de la force, révèlent encore plus que je n'ai pu le faire quelques-uns de ces projets de spoliation que la coalition, qui ne se disait armée que contre un homme seul, réservait à la France. L'exercice de cette supériorité passagère n'a besoin d'aucun commentaire; ils étaient tous réunis contre la France, ils étaient vingt

contre un !........ La France devait succomber: elle succomda donc, mais avec gloire. Le triomphe ne fut jamais pour le nombre, il appartient toujours au génie et au talent: c'est ce dévouement généreux qui rend à jamais célèbres dans les souvenirs du monde les Spartiates aux Thermopyles; comme eux, au milieu de la plus épouvantable catastrophe, notre valeureuse armée conserva les priviléges de sa renommée, et ses droits à l'estime. En France, tout peut se perdre fors l'honneur. Et toi, chef illustre de tant de guerriers, si gauchement insulté par un vainqueur de hasard; toi, qui ne considérais dans tes savantes et loyales défenses quc la prospérité de l'empire, qui ne fus ambitieux que pour lui, économe de tes trésors que pour l'affermir et l'embellir; toi, qui mettais à un si haut prix le plus chétif hameau de France que tu préféras l'exil, les fers, et le poison peutêtre au malheur d'en sacrifier un seul; toi enfin, qui, dédaignant les chances favorables des guerres civiles, fis paraître une vertu stoïque en refusant une paix honteuse à tes yeux, mais qu'il t'eût été si facile de violer plus tard si la foi jurée et signée n'eût pas été sacrée pour toi; infortuné! pour ta tombe tu ne demandais à ton lit de mort que quelques pouces de terre sur les rives de la Seine, et tes restes avilis gisent encore captifs dans les antres déserts de l'homicide rocher!!! Ombre outragée dans tes nobles compagnons d'armes, console-toi! plus on t'approchait de près

sur la terre, plus tu paraissais grand; et maintenant plus tu t'éloignes de la vie et plus tu grandis dans l'espace.....; console-toi!

Lord Castlereagh, comme on a pu le voir, (III vol.) dans sa lettre au prince de Hardenberg, avait voulu donner une grande leçon morale au roi de Saxe et aux princes allemands, etc., etc. Le duc de Wellington se chargea d'en appliquer les principes à la France. Avant et après l'événement de l'île d'Elbe, ce fut le même langage, les mêmes termes toutefois, il est juste de dire que Sa Grâce n'ajouta point l'exemple au précepte; les inspirations de l'orgueil d'un grand succès lui firent acheter quatre-vingt mille francs la statue colossale de Napoléon par Canova. Cette statue appartenait à Napoléon, qui l'avait payée de ses deniers, Elle fut portée à Londres dans les palais de lord Wellington; les quatre-vingt mille francs furent versés dans les caisses du trésor royal, et employés à la réparation de toutes les dégradations causées au Musée, et par nos alliés. A la rigueur cette somme pourrait être revendiquée par la succession de Napoléon.

A Berlin, les objets d'art enlevés du Musée fran ́çais donnèrent lieu à une exposition publique; le produit des billets d'entrée fut consacré au soulagement des familles des militaires morts ou blessés: c'était du moins ennoblir la spoliation; car, il ne faut pas se le dissimuler, il y eut spoliation dès le moment qu'il n'y eut aucune con

vention signée. Le titre de la conquête ne devient légitime que par le consentement mutuel.

Le Moniteur du 28 septembre 1815 publia, sous la rubrique de Vienne, à la date du 16 du même mois, la nouvelle suivante :

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« La journée d'avant-hier ( 14 septembre) trou« vera sa place dans l'histoire. Un grand acte diplomatique a été consommé au château impérial « de Schoenbrunn : S. A. I. l'archiduchesse Marie<«< Louise s'y était rendue; et là, pour éteindre <«< tout esprit de parti, prévenir toute espèce de discussion que pourraient susciter des ennemis malfaisans, S. A. I. a signé l'acte formel par lequel «< elle renonce, pour sa personne et pour celle « de son fils, au titre de Majesté, et à toute pré<< tention quelconque à la couronne de France. << S. A. I. prendra désormais les titres d'archidu«< chesse d'Autriche et de duchesse de Parme.

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« L'acte a été lu avec solennité par M. le con«seiller d'état d'Hudelist. Il a été ensuite pré<< senté à la signature par M. le prince de Metternich, faisant les fonctions de chancelier de « cour et d'état, comme le plus ancien des con«seillers d'état et de conférences.

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« S. A. I. la duchesse de Parme s'étant retirée << avec madame la marquise de Scarampi, qui a remplacé comme grande maîtresse feue ma

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