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Me DANCOURT l'ainée.

(N...... Carton.)

Cette actrice, plus connue au théâtre sous le nom de Manon Dancourt, y parut dès l'année 1695 par un petit rôle d'Espagnolette dans la Foire de Bezons, comédie de son père qui cut trente-trois représentations. Elle avait des cheveux superbes, un visage d'une douceur charmante, et dansait seule d'une manière extrêmement agréable. Tant d'attraits dans un âge aussi tendre (elle n'avait que dix à onze ans) firent croire qu'elle serait une des plus aimables actrices que l'on eût encore vues; cette espérance ne se réalisa pas entièrement. M" Dancourt l'ainée, qui débuta en forme le 10 décembre 1699, ayant environ quatorze ans, devint effectivement une fort jolie personne ; mais ce fut toujours une trèsmédiocre actrice. Elle épousa M. Fontaine, commissaire des guerres, quitta le théâtre après y avoir passé quelques années sans obtenir de succès remarquable, et sans avoir éprouvé de défaveur, et mourut âgée de soixante ans en 1744 ou 1745.

126 M DANCOURT la cadette on Mimi.

Mile DANCOURT la cadeite ou Mimi.

(Marie-Anne Carton, femme de Samuel Boulinon, sieur Deshayes.)

Agée de neuf ou dix ans elle parut, ainsi que sa sœur Manon, en 1695, dans la Foire de Bezons, et y joua le rôle de Chonchette. On lui trouva dès lors beaucoup de ressemblance avec sa mère qui remplissait celui de Mariane, et l'on prévit qu'elle aurait également des talents distingués.

Cette attente ne fut point trompée : Me Dancourt la cadette (ou Mimi Dancourt) débuta le 10 décembre 1699, et fut reçue à treize ans et demi pour les rôles d'Amoureuses comiques, et ceux de Soubrettes. Ce fut dans ce dernier emploi qu'elle s'acquit une réputation brillante, même après Mad. Beauval, et à côté de Me Desmares. Outre les rôles du répertoire courant, elle joua ceux d'Ismène dans Démocrite, de Marotte dans les Trois Cousines (sa soeur ainée y jouait Louison), de Zacharie dans Athalie ( son père y représentait Mathan), de l'Hotesse dans le Mariage fait et rompu, de Dorine dans l'Impatient de Boissi, de Lisette dans la Belle-mère de Dancourt, d'Euphémis

dans l'indiscret, et de Thalie dans le prologue du Pastor fido en 1726. Ce rôle fut le dernier que cette actrice eut occasion d'établir, s'étant retirée à la clôture de 1728, qui eut lieu le samedi 13 mars, avec une pension de mille livres qu'elle conserva jusqu'à sa mort arrivée en 1779 ou 1780. Elle était alors plus que nonagénaire.

Mad. Deshayes ayant accepté en 1725 le rôle de la mère dans l'Indiscret de Voltaire, on peut conjecturer qu'elle avait envie de jouer les caractères; mais il paraît que ce projet n'eut pas de suite, puisqu'elle le remit bientôt à Me Lamotte.

Mad. DANGEVILLE.

MARIE-HORTENSE RACOT DE GRANDVAL, femme de Claude-Charles Botot-Dangeville, débuta au mois d'octobre 1700 (ou 1701), fut reçue pour les seconds rôles dans les deux genres, doubla pendant long-temps Mesd. Duclos et Desmares dans la tragédie, et se retira le samedi 14 mars 1739, avec une pension de mille livres.

Cette actrice célèbre par ses charmes, qui lui firent donner le nom de la belle Hortense, ne brilla pas long-temps dans l'emploi pour lequel elle avait été reçue; mais ayant adopté celui des caractères lorsqu'elle se vit sur le retour, elle

y

mérita du succès. Elle joua d'original les rôles de Ténésis dans la Sémiramis de Crébillon, en 1717; de Lucile dans l'École des Amants de Joly, en 1718; de Lucile dans l'Impatient de Boissi; de Salome dans la Mariamne de l'abbé Nadal; de Clarice dans le Babillard; de Madame Fiorelli dans le Talisman, de Vénus dans le Prologue du Pastor fido, en 1726, ce qui prouve qu'elle conserva long-temps tout l'éclat de sa beauté.

Lorsque Mad. Dangeville se retira du théâtre, son mari était doyen de la comédie, où il ne resta qu'un an de plus qu'elle. Mad. Dangeville mourut à Paris le 4 juillet 1769.

Mad. DANGEVILLE.

(Christine Desmares, femme d'Antoine-François Botot-Dangeville.)

SOEUR cadette de Mlle Desmares, qui ne lui avait pas communiqué le secret de son talent, l'actrice dont il s'agit ici avait épousé A. F. Botot qui fut au nombre des danseurs de l'opéra depuis 1701 jusqu'en 1748. Elle débuta le vendredi 23 décembre 1707 par le rôle de Pauline dans Polyeucte, fut reçue sur un ordre de la cour

du 7 janvier 1708, et se retira le 21 décembre 1712, avec une pension de mille livres qu'elle conserva jusqu'à sa mort arrivée en 1772 ou 1773. Son unique mérite fut d'avoir été mère de la célèbre Mile Dangeville dont nous allons parler.

Me DANGEVILLE.

(Marie-Anne Botot.

Le théâtre servit, pour ainsi dire, de berceau à cette actrice célèbre. Née le 26 décembre 1714, elle y parut dès le 17 avril 1722, n'étant alors âgée que de huit ans, par le rôle de la Jeunesse dans l'Inconnu; il était de plus de cinquante vers qu'elle débita de manière à recevoir les plus vifs applaudissements. Depuis cette époque jusqu'à celle où elle fit un début en règle, la petite Dangeville continua de jouer les rôles proportionnés à son âge, de chanter et de danser dans les divertissements, et fut constamment l'idole du public enchanté de trouver tant de dispositions et de grâces naturelles dans un âge aussi tendre. Les leçons de Mlle Desmares, sa tante, lui avaient procuré ces premiers succès: elles la mirent bientôt en état d'aspirer à l'emploi que tenait en chef Mlle Quinault la cadette; et le 28 janTome 11.

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