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Jésus-Christ continue d'instruire les Juifs. S'ils étoient capables de quelque réflexion, la modération avec laquelle il répond à leurs invectives ne manqueroit pas de les frapper. Ils sentiroient que des discours appuyés par une multitude de miracles, méritent qu'on ne les interprète pas avec tant de légèreté, qu'on ne les juge pas avec tant de précipitation. Ils examineroient si eux-mêmes ne se trompent pas sur le sens qu'ils leur prêtent. Ils demanderoient l'explication de ce qui leur semble obscur. Mais la passion offusque l'intelligence, en même temps qu'elle emporte la volonté; et nous en voyons ici un exemple frappant. Tout l'effet que produisent la douceur de Jésus-Christ à supporter les injures des Juifs, et sa patience à les instruire, est de les irriter encore davantage.

Là dessus ils prirent des pierres pour les lui jeter; mais Jésus se cacha et sortit du temple. La rage des Juifs contre Jésus-Christ, montée à son comble, exaspérée encore par la sagesse et la douceur de ses réponses, et par l'impuissance où ils sont de le faire sortir de son caractère de modération, veut se porter aux dernières extrémités. Quittant les outrages qui leur avoient si mal réussi, ils projettent de se défaire de lui en le lapidant: sorte de supplice usité parmi eux. C'étoit en effet sous leurs coups que Jésus-Christ devoit expirer. Mais ce n'étoit là ni le moment, ni le genre de mort qu'il

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avoit fixés. Il ne leur avoit pas encore donné de pouvoir sur lui. Par un seul acte de sa puissance, il se soustrait à leur fureur; nous laissant dans cette circonstance deux grandes instructions l'une du danger de s'abandonner à la prévention; l'autre de la manière d'y répondre : et nous montrant dans les Juifs un exemple de l'excès où peut monter l'animosité; dans luimême un modèle du degré auquel doit se porter la douceur.

OF THE

OF GET

DU

EVANGILE

EMDIMANCHE DES RAMEAUX.

** Entrée de Jésus-Christ dans Jérusalem.

JESUS approchant de Jérusalem, et étant déjà arrivé à Betphagé, près de la montagne des Oliviers, envoya deux de ses disciples, en leur disant Allez à ce village qui est devant vous, et vous y trouverez en arrivant une ânesse qui est attachée, et son ânon avec elle. Déliez-la, et amenez-les-moi; et si quelqu'un vous dit quelque chose, dites que c'est le Seigneur qui en a besoin, et aussitôt on les laissera emmener. Or, tout cela se passa ainsi, afin que cette parole du prophète fut accomplie : Dites à la fille de Sion: Voici votre Roi qui vient à vous, plein

de douceur, monté sur une ânesse qui porte le joug, et sur son ânon. Les disciples étant allés firent ce que leur avoit ordonné Jésus. Ils lui amenèrent l'ânesse et l'ânon; et les ayant couverts de leurs habits, ils le firent monter dessus. Alors une grande multitude de peuple étendit aussi ses habits sur le chemin, d'autres coupoient des branches d'arbres et les jetoient sur son passage; et tous ensemble, soit ceux qui marchoient devant lui, soit ceux qui le suivoient, crioient Hosanna au Fils de David! Béni soit celui qui vient au nom du Seigneur : Hosanna au plus haut des cieux! (Matth. xxI. 1 — 9.)

EXPLICATION.

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Jésus approchant de Jérusalem, et étant déjá arrivé à Bethphagé, près de la montagne des Oliviers, envoya deux de ses disciples, en leur disant: Allez à ce village qui est devant vous, et vous trouverez en arrivant une ânesse qui est attachée, et son ânon avec elle. Déliez-la, et amenezles-moi ; et si quelqu'un vous dit quelque chose, dites que c'est le Seigneur qui en a besoin, et aussitôt on les laissera aller. Or, tout cela se passa ainsi, afin que cette parole du prophète fût accomplie: Dites à la fille de Sion: Voici votre Roi qui vient à vous plein de douceur, monté sur une ânesse qui porte le joug, et sur son ânon. Les disciples étant allés firent ce que leur avoit

ordonné Jésus. Ils lui amenèrent l'ânesse et l'ânon; et les ayant couverts de leurs habits, ils le mirent dessus. Dans l'ordre que Jésus-Christ donne à ses deux disciples, il manifeste deux de ses divins attributs: sa science universelle et son autorité absolue. Comment pouvoit-il savoir, à moins d'avoir une supériorité de connoissances qui n'appartient pas à l'humanité, qu'au moment où il parloit, dans l'intérieur du village qui étoit en face de lui, il y avoit une ânesse attachée, ayant à côté d'elle son ânon? Cette toute-science de Dieu doit être un des principaux sujets de nos méditations. Elle seral un des plus puissans encouragemens au bien, un des préservatifs du mal le plus efficace. Si, sous l'œil de son général ou de son prince, le soldat sent ranimer son courage, milice de Jésus-Christ, de quelle ardeur ne devons-nous pas nous sentir transportés, en pensant que notre divin chef nous regarde, témoin, juge et rémunérateur de nos efforts! Si la vue d'une personne respectée où redoutée a la force de nous contenir dans le devoir, combien aura plus de puissance pour nous empêcher de nous en écarter, la contemplation de celui qui nous l'imposa, dont l'œil est sans cesse ouvert pour en voir l'infraction, et le bras continuellement étendu pour la punir! Joseph, violemment sollicité à un crime secret, en est détourné par la pen

sée que Dieu le verra (1). Placé entre une mort ignominieuse et un péché grave, mais qui sera ignoré, Susanne ne balance pas. Il vaut mieux pour moi, dit-elle à ses vils séducteurs, tomber entre vos mains sans crime, que de pécher en la présence du Seigneur (2). Quel homme, s'il étoit vivement frappé de la pensée de Dieu, auroit l'affreux courage de pécher? Cette action que je vais faire, son œil la verra. Cette parole. que je vais proférer, son oreille l'entendra. Cette pensée qui s'offre à mon esprit, il connoîtra le consentement que j'y aurai donné. Tout ce qu'il y a dans moi de plus secret, il le saura bien mieux que moi-même. Ces intentions dont j'ai peine à me rendre compte, ces désirs que je me dissimule, ces démarches que je me justifie, ces inclinations sur lesquelles je me fais illusion, tout est à découvert devant lui (3). Il seroit aussi absurde à moi de vouloir dérober quoi que ce soit à sa connoissance, que téméraire de prétendre le soustraire à sa justice,

Pourquoi donc cette grande vérité, qui ne peut être révoquée en doute que par ceux qui ont perdu toute religion, produit-elle si peu d'effet? C'est qu'au lieu de la méditer, on la re

(1) Quomodò ergò possum hoc malum facere, et peceare in Deum meum. Genes. xxxix. 9.

(2) Melius est mihi absque opere incidere in manus vestras, quàm peccare in conspectu Domini. Daniel. xii. 23. (3) Omnia autem nuda et aperta sunt oculis ejus. Hebṛ. Įv. 13.

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