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de lui-même, cherche sa propre gloire; mais que quiconque cherche la gloire de celui qui l'a envoyé, est véridique, et ne connoît point l'injustice (1). C'est dans le même sens que doit s'entendre ce que dit ici le divin Sauveur, de l'Esprit saint. Cet Esprit divin procède du Père et du Fils; il est envoyé aux hommes par le Fils, comme le Fils l'avoit été par le Père. Ainsi, la doctrine qu'il leur enseigne n'est pas proprement la sienne; c'est la doctrine du Fils qui étoit celle du Père. Il reçoit de ce qui est au Fils, comme le Fils a reçu de ce qui est au Père. Ce que Jésus-Christ avoit annoncé à son siècle, l'Esprit saint continue de le prêcher à tous les siècles suivans. La Trinité tout entière concourt à notre instruction; c'est le même enseignement descendu du Père céleste, apporté par le Fils, perpétué par le Saint-Esprit. Il fait, cet Esprit divin, retentir dans l'Eglise sa voix puissante, par la bouche des premiers pasteurs qui sont ses organes; mais il ne fait que répéter, comme le dit notre évangile, ce qu'il a entendu. Ses décisions sacrées ont pour objet unique d'expliquer, de développer, de répandre, de fixer les oracles du divin Sauveur; Jésus-Christ et l'Esprit saint

(1) Mca doctrina non est mea, sed ejus qui misit me....., An ego à me ipso loquar. Qui à semetipso loquitur, gloriam propriam quærit. Qui autem quærit gloriam ejus qui misit cam, bic verax est, et injustitia in illo non est. Joan. vii, 16, 17 et 18.

ne sont qu'un même maître, l'évangile et les conciles qu'une seule loi. Hérétiques, vous vous vantez de vous attacher uniquement à la pure doctrine évangélique. Vous ne la possédez pas, puisque vous n'avez point parmi vous l'Esprit saint chargé de l'enseigner et de la déterminer. Et vous, fidèles enfans de l'Eglise catholique, comprenez combien sont admirables les enseignemens qu'elle vous donne. Les pasteurs dont vous les tenez ne parlent pas d'eux-mêmes; ce qu'ils vous annoncent est ce que l'Esprit saint leur a inspiré, ce qu'il avoit entendu de JésusChrist, ce que Jésus-Christ tient de son Père.

L'objet de la mission du Fils de Dieu avoit été de glorifier son Père; c'est-à-dire, de faire connoître aux hommes la nature de Dieu mécon-. nue, son unité oubliée, sa miséricorde dédaignée, sa justice bravée, sa sainteté profanée par un culte criminel et infâme. L'objet de la mission du Saint-Esprit est de glorifier le Fils; c'està-dire, de nous apprendre à adorer sa divinité, à chérir son humanité, à admirer ses merveilles, à reconnoître ses bienfaits sans nombre, à suivre son incomparable loi. Ce n'est pas JésusChrist qui a besoin d'être glorifié; c'est nous, pour qui c'est tout à la fois un devoir et un bonheur de le glorifier. Un devoir, parce qu'il le prescrit; un bonheur parce qu'il le récompense: un devoir sur la terre, un bonheur dans le ciel. L'Eglise militante glorifie Jésus-Christ par ses

œuvres; l'Eglise triomphante, par ses continuelles acclamations; c'est notre route et notre terme; c'est notre destination du temps et de l'éternité.

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ÉVANGILE

DU CINQUIÈME DIMANCHE APRÈS PAQUES.

Jésus-Christ prescrit la prière, il est près de retourner à son Père.

Jésus dit à ses disciples: En vérité, en vérité, je vous le dis; si vous demandez à mon Père quelchose en mon nom, il Vous que l'accordera. Jusqu'à présent vous n'avez rien demandé en mon nom. Demandez, et vous recevrez, et votre joie sera parfaite. Je vous ai dit toutes ces choses en paraboles. L'heure vient où je ne vous parlerai plus avec obscurité, mais où je vous annoncerai avec clarté ce qui concerne mon Père. En ce temps-là vous demanderez en mon nom, et je ne vous dis pas que je prierai mon Père pour vous; car mon Père vous aime, parce que vous m'avez aimé, et que vous avez cru que je suis sorti de Dieu. Je suis sorti de mon Père, et je suis venu dans le monde de nouveau je vais quitter le monde, et aller à mon Père. Ses diseiples lui dirent : Vous nous parlez maintenant

:

avec clarté, et vous n'employez point de paraboles. Nous savons à présent que tout vous est connu, et qu'il n'est pas besoin que personne vous interroge, et, par cette raison, nous croyons que vous êtes sorti de Dieu. (Jean, XVI. 23 30.)

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EXPLICATION.

Jésus dit à ses disciples : En vérité, en vérité, je vous le dis, si vous demandez à mon Père quelque chose en mon nom, il vous l'accordera. Jusqu'à présent vous n'avez rien demandé en mon nom. Demandez, et vous recevrez, et votre joie sera parfaite. Ce n'est pas seulement à ses apôtres que Jésus-Christ adresse cette exhortation; elle doit retentir dans tous les pays et dans tous les siècles où son nom sera invoqué: elle s'étend à tout ce qui doit jamais exister de chrétien. Nous en sommes l'objet autant que les apôtres. Magnifique promesse, qu'il n'appartient qu'à un Dieu de faire, parce que lui seul peut l'accomplir. Tout, sans exception, sans restriction, tout ce que nous demanderons au nom de Jésus-Christ nous sera accordé. Il donne à sa munificence toute l'étendue de nos vœux. Tel est l'effet infaillible de la prière. Les Pères n'ont pas craint de comparer sa force irrésistible à celle de la parole toutepuissante de Dieu. Ils lui trouvent même une sorte de supériorité. Dieu n'exerce son pouvoir

que sur des créatures. La prière agit sur Dieu même, et ce que nous n'oserions dire, si l'Esprit saint n'avoit consacré cette expression: Dieu obéit à la voix de l'homme (1).

Si la prière est un moyen certain de salut, elle en est aussi le moyen nécessaire. Nous avons dans notre religion deux vérités essentielles et fondamentales: nous ne pouvons nous sauver que par la grâce; nous ne pouvons obtenir la grâce. que par la prière. Prétendre atteindre le ciel par nos propres forces, ou compter sur le secours divin sans l'implorer, sont deux présomptions également criminelles et extravagantes. La même voix qui a dit : Sans moi vous ne pouvez rien faire (2), a dit aussi : Il faut toujours prier, et n'y jamais manquer (3). Et puisque la grâce est un besoin, la prière est nécessairement un devoir; devoir essentiel qui n'admet ni excuse ni supplément. Toutes les autres pratiques peuvent devenir impossibles, Il n'existe pas de circonstances où le cœur de l'homme ne puisse s'élever vers Dieu. Tous les autres devoirs peuvent être remplacés: le jeûne, par l'aumône; les bonnes œuvres, par des œuvres d'un prix égal; la pénitence, par la contrition parfaite; le baptême, par le désir ardent ou par le martyre. Rien ne peut être substitué à la prière, parce qu'elle

(1) Obediente Domino voci hominis. Jos. x. 14.
(2) Sine me nihil potestis facere. Joan. xv. 5.
(3) Oportet semper orare, non deficere. Luc. xvIII.

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