Images de page
PDF
ePub

soit par

Luxem

lement être tourné, soit par la vallée de la Sarre, bourg, d'où plusieurs bonnes routes conduisent à Paris par les vallées de la Marne et de l'Aisne; Marsal, Toul et Verdun ne peuvent que faiblement s'y opposer.

Les places fortes des Vosges sont tournées par Sarrelouis.

Sur la frontière orientale on trouve d'abord le Rhin avec ses forteresses jusqu'à Bâle, qui constitue une très-bonne ligne de défense.

Parallèlement à cette première ligne s'étendent celles des Vosges, de la Moselle, de l'Argonne et de la Meuse.

Mais la faiblesse des extrémités ôte à ces lignes presque tous leurs avantages; au nord, on les tournerait aisément par Germersheim et Landau; au sud, la route de Bâle à Belfort et à la Saône ouvre un chemin des plus commodes pour descendre vers la capitale par la Marne, l'Aube ou la Seine.

L'espace depuis Bâle jusqu'au coude du Rhône à Saint-Dizier est convenablement couvert par le Jura; mais ce dernier peut être tourné par Bâle, en passant par le point peu élevé qui forme sa jonction avec les Vosges.

Depuis la démolition des murs d'Huningue, ce point est le plus faible de la frontière orientale de la France; une fois ce passage forcé, le Rhin, le Jura, les places de l'Alsace et de la FrancheComté, les Vosges et la Saône, perdent toute valeur comme ligne défensive.

De Genève, qui forme la base d'opérations pour une invasion dans l'est de la France méridionale, on arrive jusqu'à Lyon, le long du Rhône, sans rencontrer d'autre obstacle que le fort de l'Écluse, dont les ouvrages ont bien été augmentés depuis peu, mais qui cependant n'arrêteraient point un ennemi entreprenant.

La Savoie tient la clef des vallées alpines qui descendent vers Lyon et le Jura; de plus, en construisant la forteresse de Lesseillon et en augmentant les ouvrages des forts d'Exiles et de Fenestrelles on y a créé une excellente base pour pénétrer dans la riche vallée du Rhône, et pour menacer Lyon, la seconde ville du royaume, distante de la frontière de quelques journées de marche seulement.

Cette ville opulente, qui renferme d'immenses richesses et des ressources de tout genre, est vis-à-vis de la Suisse et de l'Italie ce que Paris est vis-à-vis d'un ennemi venu du Nord.

Sa possession décide de l'issue probable d'une lutte dans le sud

est de la France; sa perte entraîne celle de toutes les places fortes de l'Isère et de la Durance.

Voici ce qu'il a écrit relativement à l'Allemagne:

Les grands boulevards naturels de l'Allemagne sont la Suisse, le Tyrol, la Bohème et le bassin de la Moselle, entouré par les Ardennes, les Vosges, le Hundsruck et le Rhin...

Tous ces vastes terrains entourent et protégent son entrée, la montueuse Franconie, la véritable citadelle de l'Allemagne, dont la nature a formé les principaux ouvrages.

Elle n'est ouverte d'aucun côté, si ce n'est depuis Mittenberg, sur le Mein, jusqu'à Donauwrith, sur le Danube; et même là on peut considérer l'Odenwald, le Nehar et la Rauhe-Alp comme des Ouvrages avancés naturels.

La frontière occidentale de l'Allemagne est défendue en grande partie par le Rhin, qui forme à la fois la principale ligne défensive et la base d'opérations contre la France.

Le Bas-Rhin, depuis Mayence jusqu'à son entrée dans les PaysBas (Hollande), n'est guère avantageux pour un passage de la rive gauche à la rive droite, ne fût-ce que par la nature du terrain; en outre, le fleuve y est défendu par Coblentz, Ehrenbreitstein, Cologne, Deutz et Wesel.

Sur le Rhin central, les frontières d'Allemagne ont notamment gagné en force par la possession de Luxembourg, de Sarrelouis, de Landau et de Germersheim.

La place de Germersheim, presque toute achevée (1846), sur la rive gauche, avec une formidable tête de pont sur la rive droite, forme, avec la forteresse voisine de Landau, une position presque inexpugnable, dans laquelle une armée de plus de cent mille hommes peut se rassembler, et où des corps moins nombreux peuvent résister à un ennemi très-supérieur jusqu'à ce qu'ils aient reçu assez de renforts pour lui faire tête en rase campagne.

La rive du Rhin une frontière imaginaire!

XXVIII.

QUE DEMANDONS-NOUS?

18 août 1868.

Nous demandons que, l'unité militaire de l'Allemagne étant faite sous le commandement de la Prusse, le gouvernement prussien ne conserve pas dans ses mains les clefs des forteresses enclavées dont les canons sont tournés contre

nous.

Ce que nous demandons est-il exorbitant? Ce que nous demandons est-il insignifiant?

Sur ce dernier point, voici quelle est l'opinion de M. Thiers, reprochant au gouvernement du roi Louis XVIII d'avoir commis en 1815 la faute de n'avoir pas pris parti pour le cabinet de Berlin contre l'Autriche et les États allemands du second ordre:

Entre la Russie et la Prusse, d'une part, voulant à tout prix la Pologne et la Saxe, et de l'autre l'Angleterre et l'Autriche résolues à les leur refuser, celui des deux partis qui aurait eu la France avec lui était assuré d'acquérir une supériorité tellement décisive qu'on devait tout faire pour l'avoir avec soi, et qu'évidemment on n'aurait pas ménagé les concessions pour y réussir. Les deux puissances les plus portées aux concessions envers la France étaient naturellement la Russie et la Prusse, car leurs intérêts étaient sur la Vistule et l'Elbe, non sur le Rhin ou l'Escaut. Il est donc à peu près certain qu'en nous rangeant de leur côté, nous aurions obtenu de tout autres frontières que celles du traité de Paris. N'eussions-nous gagné que la ligne de places fortes demandée par nos négociateurs, que l'avantage eût déjà été grand... C'était un vrai malheur d'arriver à Vienne en portant au cou la chaîne du traité de Paris. Pourtant le mal n'était pas sans remède, et il restait des moyens de profiter de la nouvelle situation. Tout annonçait en effet le conflit serait des plus vifs, car la Russie et la Prusse semblaient prêtes à se porter aux dernières extrémités pour avoir la Pologne et la Saxe. Or si les choses étaient poussées jusqu'à nouer

que

des alliances, jusqu'à préparer la guerre, il n'était pas à supposer qu'on se laissât arrêter par un vain texte et qu'on tînt au traité de Paris plus qu'au traité de Chaumont. Sans doute, nous ne pouvions afficher nous-mêmes l'intention de nous soustraire au traité de Paris; mais en ne nous prononçant pas trop vite, en laissant entrevoir notre appui et en mettant un peu de temps à l'accorder, la Russie et la Prusse étaient si ardentes que probablement elles auraient dit elles-mêmes les mots que nous n'osions pas dire, et nous auraient offert ce que nous n'osions pas demander. Dans quelle mesure notre condition se serait-elle améliorée, on ne saurait l'affirmer, mais elle l'aurait été dans une mesure quelconque, et, assurément, proportionnée à la gravité du conflit. Ajoutons qu'unis à la Prusse et à la Russie, le conflit, quel qu'il fût, n'était guère à craindre pour nous. Il est même probable que l'Angleterre et l'Autriche n'auraient pas osé braver la guerre, qu'elles auraient cédé, que nous aurions été par conséquent les arbitres de cette situation, et les arbitres assez bien récompensés. Par conséquent le traité de Paris n'était pas une impossibilité, mais une difficulté qu'on pouvait surmonter avec un peu d'adresse, et on conviendra qu'en présence d'adversaires qui avaient usé et abusé de la force à notre égard, l'adresse était bien permise.

Cette manière de se conduire suppose qu'on aurait été décidé à condescendre aux voeux de la Russie et de la Prusse; mais cette condescendance était-elle donc si fâcheuse pour nous ? La Russie, obtenant toute la Pologne, dont elle avait déjà la plus grande part, se serait avancée de la Vistule, où elle était depuis longtemps établie, jusqu'à la Wartha. La Prusse, obtenant la Saxe, eût confine de plus près avec l'Autriche. Était-ce véritablement à nous Français à nous en inquiéter? Était-ce à nous à prendre soin de cette union intime des trois puissances continentales, qui avait servi à nous vaincre, qui, aprés nous avoir vaincus, avait servi à nous imposer le traité du 30 mai, et qui depuis a tenu pendant quarante ans notre politique sous le joug d'une coalition permanente? (THIERS, Histoire du Consulat et de l'Empire.)

Notre politique est ce qu'il y a de plus simple; elle se réduit à cette alternative:

Ou la politique économique de Turgot et de Richard Cobden impliquant le désarmement, dont la France doit être assez crâne pour donner l'exemple à toute l'Europe;

Ou la politique territoriale de Richelieu et du comte de

Bismark exigeant que la France ne se laisse pas effacer par le gouvernement prussien du rang des grandes puissances européennes, en tête desquelles était la France et au nombre desquelles, avant 1866, n'était pas la Prusse, laquelle n'avait alors que 18 millions d'habitants.

Si nous avons laissé insoucieusement échapper l'occasion propice de fonder la première de ces deux politiques, qui était la grande; s'il ne nous reste plus qu'à revenir à la seconde, nous demandons que l'on ne perde pas un temps précieux; nous demandons que l'on ne prolonge pas indéfiniment << la dépression universelle, la stagnation générale, le cauchemar de l'incertitude», dont le gouverneur de la Banque de France, M. Rouland, a porté le triste aveu à la tribune du Sénat dans la séance du 29 juillet 1868; nous demandons que l'œuvre de 1829 soit reprise; qu'une négociation soit ouverte avec la Prusse sur cette base: la Prusse pourra s'incorporer territorialement la Saxe, comme elle s'est incorporé territorialement le Hanovre, sous la réserve expresse qu'elle contribuera et concourra efficacement à la formation d'un État franco-germanique comprenant la Belgique, la Hollande rhénane, la Prusse rhénane, la Hesse rhénane et la Bavière rhénane, lequel État pourra être placé sous la souveraineté du roi de Saxe, qui pourrait changer ce titre contre celui de roi des Pays-Rhénans ou tout autre titre. La France n'aurait d'ailleurs aucune objection à ce qu'au lieu d'un seul État d'environ 10 millions d'habitants (1), il y eût deux États à peu près de populations

[merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][ocr errors][merged small][merged small]
« PrécédentContinuer »