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guliere vertu, d'un jugement tres - net en tout, ce qui le fait confulter par les plus excellens Ecrivains François, qui fe trouvent bien de fes Remarques. Personne n'écrit plus purement en Prose que lui; & quoique fes Lettres ne s'élevent pas jufques à l'éloquence, car il ne fçait de langue que la fienne, & l'Italienne parfaitement, fans aucune connoiffance des anciennes ; neanmoins l'élegance, la pureté & l'ordre y reJuife de telle forte qu'elles font égales en beauté & en agrémens aux meilleures que nous ayons; mais la goutte de vingt années l'a tellement

eftropié

eftropié, qu'il ne fçauroit plus tenir la plume, & depuis dix-huit mois fon mal s'eft accru, de façon qu'il a plus de befoin de penser à mourir qu'à écrire, & qu'on ne peut prendre aucun fondement fur lui pour cela.

LVIII

CHAPELAIN.

C'est un homme qui fait une profeffion éxacte d'aimer la vertu, fans interêt: il a été nourri jeune dans les langues & la lecture: ce qui joint à l'ufage du monde, lui a donné affez de lumieres des chofes, pour l'avoir fait regarder des Cardinaux de Richelieu & Mazarin, comme

propre à fervir dans les négociations étrangeres : mais fon genie moderé s'eft contenté de ce favorable jugement, & s'eft renfermé dans le deffein du Poëme Heroïque qui occupe fa vie ; & qui eft tantôt à la fin. On le croit affez fort dans les matieres de Langue; & on passe volontiers par fon avis pour la maniere dont il fe faut prendre à former le plan d'un ouvrage d'efprit, de quelque nature qu'il foit, ayant fait étude fur tous les genres, & fon caractere étant plûtôt de judicieux, que de fpirituel: fur tout il eft candide,& comme il appuye toujours de fon

fuffrage ce qui eft veritablement bon; fon courage & fa fincerité ne lui permettent jamais d'avoir de la complaifance pour ce qui ne l'eft S'il n'étoit point attaché à fon Poëme, il ne feroit peutêtre pas mal l'hiftoire, de laquelle il fçait affez bien les conditions.

LIX.

PATRU.

pas

Il eft renfermé dans les matieres de Jurifprudence; mais contre la coûtume des Avocats, il les traite très élégamment, très éloquemment, & très- judicieusement. Il travaille peu, parce qu'il veut trop bien faire. S'il avoit plus

d'usage des affaires du monde, il ne feroit pas incapable de l'hiftoire. On l'a autrefois regardé pour écrire la vie de Monfieur le Cardinal de Ri chelieu. Le peu qu'on a vû de lui, fait voir dequoi il eft ca

pable.

LX.

GTRY. (a)

Perfonne n'écrit en Fram çois plus purement que lui, ni ne tourne mieux une période. Il eft de la même profeffion du Palais, dans laquelle il eft eftimé. Il a peu

(a) M. Durand n'eftime point la traduction de l'Apologetique de Tertullien par Giry ; l'Original eft concis & fort, la verfion eft étendue & lache. V..la Préface du Traité de M. Reland, de Religione Mahumedica, traduit en François.

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