ÉPITRE XIV. AU P. BOUGEANT. L'auteur commence cette épître par féliciter en prose le P. Bougeant de son retour de La Fleche, où il avoit été exilé à l'occasion de son Amusement Philosophique sur le langage des bêtes; puis il continue ainsi : OR, au sortir du monument De cette Fleche tant maudite, sagesse Et des feux d'une aimable ivresse, * Endroit où s'assembloient les journalistes de Trévoux pour concerter leurs extraits. Au lieu des lauriers ordinaires, Vous n'avez trouvé qu'un cyprès. Ce Stentor des paternités De rejoindre sitôt ses peres Un autre vuide, une autre perte, Avoit encor changé le sort. Vous n'avez plus trouvé ce sage ** * Auteur d'une Histoire romaine. ** Le P. Brumoi, qui avoit été transféré du college de Louis-le-Grand à la maison professe, pour continuer l’Histoire de l'Église gallicane. Qui, par le plus rare assemblage, D'un génie heureux et vanté Les mœurs simples du premier âge, Qui guidoit l'ame et le langage Exilé d'un libre hermitage Aux vieux parchemins condamné, Et les pinceaux faits pour la gloire Mais à ce sombre ministere, Si peu fait pour son caractere, Quand vous le croirez consacré, Vous le trouverez enterré. O vous donc qui vivez encore, Vous, le dernier de ces Romains, De vos jours rendus plus sereins N'obscurcissez aucune aurore Dans l'antre noir où le Chagrin, Parmi Lactée et Métrodore, Et Fonseque et Cassiodore, Tient les Ennuis en marroquin: A vos amis toujours aimable, Toujours vertueux et charmant, Dédaignant la voix misérable De cette envie inaltérable Du délateur et du pédant, Vivez; et si, chemin faisant, Vous passez jusqu'au manoir sombre Où gît Brumoi, loin des vivants, En mon nom offrez à son ombre Des fleurs, ces vers, et mon encens. ÉPITRE XV. A MESSIEURS LES DUCS DE CHEVREUSE ET DE CHAULNES, A L'ARMÉE DE FLANDRE. 1747. Ce dieu que la nature entiere Vient donc de rouvrir la barriere A l'extravagance guerriere! |