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Et

que, sous ces voûtes sacrées,

De fleurs leurs images parées

Prennent place sur nos autels.

Jeunes cœurs, troupe aimable et tendre,

Formez un nuage d'encens;

Deux jeunes saints ont droit d'attendre
Vos hommages reconnoissants:

A leur héroïque courage
L'univers a vu que votre âge,
Capable d'illustres travaux,

Peut aux enfers livrer la

guerre,

Être l'exemple de la terre,

Et donner au ciel des héros.

VI.

A UNE DAME,

Sur la mort de sa fille, religieuse à A***.

UNE douleur obstinée

Change en nuits vos plus beaux jours;
Près d'un tombeau prosternée,
Voulez-vous pleurer toujours?

Le chagrin qui vous dévore
Chaque jour avant l'aurore
Réveille vos soins amers;
La nuit vient et trouve encore
Vos

yeux aux larmes ouverts.

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Plaindre une fille chérie
Moissonnée en son printemps;
Dans ces premieres alarmes
La plainte même a des charmes
Dont un beau cœur est jaloux;

Loin de condamner vos larmes, J'en répandois avec vous.

Mais c'est être trop constante
Dans de mortels déplaisirs;
La nature se contente

D'un mois entier de soupirs:
Hélas! un chagrin si tendre
Sera-t-il su de ta cendre,

Ombre encor chere à nos cœurs?

Non, tu ne peux nous entendre,

Ni répondre à nos clameurs.

La plainte la plus amere
N'attendrit pas le destin;
Malgré les cris d'une mere,
La mort retient son butin;
Avide de funérailles,

Ce monstre, né sans entrailles,
Sans cesse armé de flambeaux,
Erre autour de nos murailles,
Et nous creuse des tombeaux.

La mort, dans sa vaste course,
Voit des parents éplorés
Gémir (trop foible ressource!)
Sur des enfants expirés;
Sourde à leur plainte importune,

Elle unit leur infortune
A l'objet de leurs regrets,
Dans une tombe commune,
Et sous les mêmes cyprès.

Des enfers pâle ministre,
L'affreux ennui, fier vautour,
Les poursuit d'un vol sinistre,
Et les dévore à leur tour.
De leur tragique tristesse
N'imitez point la foiblesse :
Victime de vos langueurs,

Bientôt à notre tendresse
Vous coûteriez d'autres pleurs.

Soupirez-vous par coutume,
Comme ces sombres esprits
Qui traînent, dans l'amertume,
La chaîne de leurs ennuis?
C'est à tort que le Portique
Avec le Parnasse antique

Tient qu'il est doux de gémir;
Un deuil lent et léthargique

Ne fut jamais un plaisir.

Dans l'horreur d'un bois sauvage

La tourterelle gémit;

Mais se faisant au veuvage,

Son cœur enfin s'affermit.
Semblable à la tourterelle,
En vain la douleur fidelle
Veut conserver son dégoût;
Le temps triomphe enfin d'elle,
Comme il triomphe de tout.

D'Iphigénie immolée

Je vois le bûcher fumant:
Clytemnestre désolée

Veut la suivre au monument;
Mais cette noire manie

Par d'autres soins fut bannie,

Le temps essuya ses pleurs:
Tels de notre Iphigénie

Nous oublîrons les malheurs.

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