« Poursuis, Muse; au chagrin qui va finir ma vie << Prête les airs dont Pan pleura Syrinx ravie. »> Livrée à tes fureurs, impitoyable Amour, " Une mere à ses fils a pu ravir le jour; Méconnois-tu ton sang dans ces cheres victimes, Quels airs chantoit Atis? Euterpe, apprenez-nous Les fiers enchantements d'une amante en courroux : Atis d'un bois voisin avoit vu le mystere; Il répéta ces vers qu'avoit dits la bergere. ATIS. Commençons, chere Isis; présente aux immortels Cette coupe sacrée, et dresse trois autels: « Charmes impérieux, puissance enchanteresse, Vainqueur de la nature, il la remplit d'effroi; De Daphnis fugitif place ici le portrait: Je le dois couronner de ces trois bandelettes; « « Ramenez mon berger, ou chassez ma tendresse. » Forme trois nœuds, Isis, et chante en les formant, Que Vénus soit propice à ce lien charmant. « Charmes impérieux, puissance enchanteresse, « Ramenez mon berger, ou chassez ma tendresse. » L'argile s'endurcit à ce feu de lauriers, La cire s'attendrit près des mêmes brasiers; Ainsi, que pour moi seule attendri, doux, sincere, K Charmes impérieux, puissance enchanteresse, Ramenez mon berger, ou chassez ma tendresse. » Non, non; perdons l'ingrat; qu'il éprouve à son tour Le tourment de m'aimer sans me donner d'amour: Qu'il souffre, sans me voir sensible à son supplice, Ce que souffre un taureau que fuit une génisse, Quand, las de la poursuivre, il tombe au bord des eaux, Et ne peut vers la nuit rejoindre les troupeaux. J'en jure ces autels, s'il résiste à mes charmes, Ses jours sont dévoués à d'éternelles larmes. Pourquoi garder ses dons autrefois si chéris? Il n'a plus de tendresse, elle en faisoit le prix. De la foi des amants trompeurs et foibles gages, Que sert votre secours contre des cœurs volages? Brûlez, disparoissez, chers et tristes présents, Puisque je perds un cœur dont vous m'étiez garants. « Charmes impérieux, puissance enchanteresse, << Ramenez mon berger, ou chassez ma tendresse.»> Un savant enchanteur aux rives de Colchos M'a cueilli ces poisons nés du sein des tombeaux. Le pouvoir redouté de ces fatales herbes Fléchit des noirs torrents les déités superbes : Par leur secours vainqueur l'amante de Jason " Conquit à son héros la brillante toison: << Charmes impérieux, puissance enchanteresse, « Charmes impérieux, puissance enchanteresse, La cendre de ces fleurs se ranime elle-même; Dois-je m'en croire? Hélas! on croit tout, quand on aime! NOTES. Soutiens mes foibles chants, ô toi que la victoire... Octavien César; il venoit de la bataille de Philippes, dans laquelle il avoit défait l'armée de Brutus et de Cassius, meurtriers de Jules-César. Mais avant que sa voix sur de plus nobles airs... Il annonce l'Énéide. J'ai cru pouvoir mettre ici Homere, au lieu de Sophocle que porte le texte. Il répéta ces vers qu'avoit dits la bergere. Cette piece a beaucoup de l'air de la seconde idylle de Théocrite, où Siméthée, abandonnée aussi de son amant, pratique dans un sacrifice nocturne les mêmes cérémonies à-peu-près que la magicienne de Virgile. |